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PRÉVERT Jacques 1900-1977

PRÉVERT Jacques 1900-1977

Poète, conteur et scénariste, né à Neuilly. Principal auteur, et même auteur unique la plupart du temps, de films appelés dans le langage courant - et très justement - « classiques du cinéma » (L’Affaire est dans le sac, 1932 ; Le Crime de M. Lange, 1936 ; Jenny, 1936 ; Drôle de drame, 1937 ; Lumière d’été, 1943) et inventeur d’une formule très neuve du « livre pour enfants » (Le Petit Lion, 1947 ; L’Opéra de la lune, 1953, etc.), il devint célèbre du jour au lendemain et dans tous les publics à la fois, lorsque les Éditions de la NRF s’avisèrent de faire paraître, en 1946, une anthologie de ses poèmes anciens : Paroles, un immortel chef-d’œuvre (Inventaire, Cortège, La Chasse à la baleine...). Les recueils ultérieurs - de Spectacle (1951) à Fatras (1966) - glanent une bonne centaine de réussites (le poème Définir l’humour, le morceau de bravoure d’intempéries, et tant d’autres). La poésie de Prévert est incroyablement gaie, claire et fraîche ; adorable fleur aquatique poussée par miracle dans le bouillon de culture surréaliste. En réalité il n’y a rien de plus varié dans le ton, de plus raffiné dans l’écriture que ces vers qui ont la coquetterie de paraître improvisés, et même (pour les lecteurs pressés) simplistes. Le triomphe aussi tardif que subit de Prévert avait laissé ébahi tout le monde et jusqu’à lui-même, qui, dans l’entre-deux-guerres, s’était contenté de produire des pochades éphémères, pensait-il, pour le groupe « Octobre » de 1932 à 1936, La Bataille de Fontenoy, par exemple, et ne s’était pas soucié de sortir la moindre plaquette (à part les cinq pièces du Temps des noyaux en 1935) ; mais il n’y avait pas eu de surprise pour ses confrères. Car ils savent, eux, que faire se retourner les gens sans cesser un instant de paraître simple, et par la grâce même de cette simplicité, c’est là pour l’œuvre d’un poète l’œuf de Colomb. Pourtant dans un dictionnaire - excellent par ailleurs - un de mes honorables confrères lexicographes trouve Prévert «facile» (?), et s’étonne de son exceptionnel retentissement. Bien plus, certains critiques, malintentionnés ceux-ci, ont feint, naguère, de voir en lui « un autre Paul Géraldy ». Quel tort expie donc à leurs yeux le poète Prévert? D’avoir obtenu, avec des livres de poèmes, un succès populaire. Or, ce n’est certes pas l’audience (énorme sans doute, mais incolore et molle) de Géraldy, petit poète de la petite bourgeoisie, que Prévert évoque, avec le recul des années, mais celle - chaleureuse, généreuse, solide - d’un Hugo et d’un La Fontaine, poètes bien éloignés de lui sans aucun doute, chacun dans son genre, mais qui eurent eux aussi le tort (inexpiable en effet) d’être adoptés par tous les publics.

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