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Prélude à Verdun et Verdun (15e et 16e vol. des Hommes de bonne volonté) Jules ROMAINS, 1938

• La guerre de 1914-1918 est au centre des Hommes de bonne volonté, et c'est la bataille de Verdun que Jules Romains a retenue comme le moment majeur de la guerre ainsi que l'indiquent les titres des deux volumes qu'il lui consacre. Jules Romains n'a pas fait la guerre comme combattant mais se fonde sur une documentation soigneuse et tout un travail de critique des témoignages. Il récuse la littérature héroïque inspirée par l'exaltation patriotique, chargeant son héros favori, Jerphanion, qui est lieutenant d'infanterie, de la dénoncer. Tout son effort vise à peindre la guerre dans sa réalité par respect pour ceux qui l'ont faite. • Prélude à Verdun commence par un essai historique, politique et moral sur les péripéties de la guerre depuis le 2 août 1914 jusqu'à l'automne de 1915 (ch. I à III), puis dépeint l'état des esprits à l'entrée d'un nouvel hiver de guerre (ch. IV à VI) et donne des images du front de Champagne et de la butte de Vauquois (ch. VI à IX). Jerphanion écrit à Jallez pour tenter de lui expliquer comment on s'arrange pour vivre ça (ch. XV). Jules Romains peint aussi les états-majors et montre comment se dessine, aux yeux de certains généraux, pas aux yeux de tous, une menace du côté de Verdun dont les défenses souffrent d'impréparation. • Le volume suivant, Verdun, s'ouvre par la peinture du bombardement qui écrase les lignes françaises le 21 février 1916 à partir de 7 heures 15, et se termine sur le célèbre communiqué du 10 avril : Courage... on les aura! Jules Romains décrit la situation des soldats sous les obus (ch. I, II, IV), les incertitudes de l'état-major devant ce qui se passe (ch. III, V, VI), l'attaque de l'infanterie allemande en fin d'après-midi (ch. VII à IX). Après le récit de la journée du 21, il s'éloigne du champ de bataille pour relater les répercussions de l'affaire, les réactions du commandement et la progression des troupes allemandes jusqu'à la prise du fort de Douaumont, le 25, où l'on apprend aussi la nomination du général Pétain, dont la popularité est grande. De Pétain, Jules Romains donne au total une idée plus favorable que d'aucun autre grand chef historique. Viennent ensuite, avec l'arrivée de la compagnie de Jerphanion à Verdun, des tableaux de l'organisation de la défense et de la vie des soldats en ligne. Ménageant des contrastes brutaux, le romancier les entremêle d'images de la vie à Paris. L'ancien agent immobilier Haverkamp, reconverti dans les fournitures militaires, lui inspire des pages d'une haute verve satirique (ch. XVI à XVIII). Et c'est dans un café des Boulevards que Jerphanion, en permission, parle de son expérience du front à Jallez (ch. XXIII à XXIV). • Jules Romains a réussi une belle mise en scène de la grande épreuve que fut la bataille de Verdun. Sa justesse sur le plan historique est reconnue, et le respect de l'homme qui l'inspire en fait un acte de justice.

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