Pot-Bouille Émile ZOLA, 1882

• Dans Pot-Bouille, nouvelle étape des Rougon-Macquart, Zola a voulu, écrit-il, montrer la bourgeoisie à nu, après avoir montré le peuple [cf. L'Assommoir*], et la montrer plus abominable, elle qui se dit l'ordre et l'honnêteté (Premier plan). Le titre, qui évoque péjorativement la vie quotidienne, donne le ton. Accusé, après Nana, d'avoir inventé la littérature obscène, Zola règle son compte à la morale des convenances et à l'idéalisme littéraire. De la peinture naturaliste des moeurs, il passe même au roman à thèse : Si, dans le peuple, le milieu et l'éducation jettent les filles à la prostitution, le milieu et l'éducation, dans la bourgeoisie, les jettent à l'adultère (annonce du roman dans Le Gaulois). • L'action a pour cadre principal un immeuble bourgeois récent de la rue de Choiseul. Arrivant de Plassans pour être commis au Bonheur des Dames, Octave Mouret vient y loger chez l'architecte Campardon et découvre ce que dissimulent les hautes portes d'acajou : les querelles de ménage, l'adultère, la chasse au mari pour les filles, les conflits pour une dot ou une succession. Partout, la mesquinerie, l'envie, les préjugés, les dégradations secrètes et le souci des apparences alimentent une comédie bouffonne et grinçante dans laquelle les domestiques ne sont pas en reste sur les maîtres. Mme Josserand enseigne à ses filles l'art de conquérir un mari. Le juge Duveyrier, tenu à distance par sa femme qui se réfugie dans la musique, s'enlise dans une liaison sordide. Campardon installe sa maîtresse chez lui comme dame de compagnie de sa femme. Théophile Vabre est outrageusement trompé par sa femme Valérie, une névrosée. Et quand Auguste Vabre épouse Berthe Josserand, il connaît la même infortune. Elle devient, parmi d'autres, la maîtresse d'Octave Mouret, jusqu'au jour où celui-ci épouse Mme Hédouin, la propriétaire du Bonheur des Dames. Tout rentre alors dans l'ordre apparent de la respectabilité bourgeoise que l'abbé Mauduit s'épuise à préserver. • La vigueur du réalisme satirique de Zola soutient l'intérêt du lecteur en dépit des aspects un peu mécaniques de la démonstration.