POSITION DEPRESSIVE
Elle s’étend du troisième au quatrième mois jusqu’à la fin de la première année. Elle est caractérisée par la reconnaissance de la mère comme objet total et par la prédominance de l’intégration, de l’ambivalence, de l’angoisse dépressive et de la culpabilité. La reconnaissance de l’objet comme objet total ne signifie pas seulement que le sein, les mains, les joues de la mère ne seront plus perçus comme des objets séparés dans l’espace et se référant à des expériences discontinues dans le temps, mais également que l’objet cessera d’être clivé, que le « bon » et le « mauvais > ne paraissent plus venir de deux sources distinctes, mais d’une même source, la mère, reconnue comme personne unique à la fois du point de vue perceptif et du point de vue affectif. Avec le recul du clivage apparaît l’ambivalence, soit la rencontre de la haine et de l’amour sur un même objet. Pour que le passage de la position schizo-paranoïde à la position dépressive s’effectue normalement — c’est-à-dire : sans troubles excessifs — il faut que les bonnes expériences l’aient emporté sur les mauvaises. Si le Moi a acquis une confiance suffisante en sa « bonté », il pourra en intégrant ses objets s’intégrer lui-même. Intégration de l’objet et intégration du Moi vont toujours de pair. Lors de la position dépressive prédomine l’angoisse pour l’objet ; le sujet redoute que ses pulsions destructrices ne détruisent l’objet qu’il aime et dont il dépend si totalement. En incorporant l’objet, il le protège contre ses propres pulsions destructrices. Redoutant d’avoir détruit le « bon » objet, le sujet se sent triste, coupable, nostalgique (nostalgie du bon objet perdu) ; contre ses sentiments dépressifs, il peut mobiliser deux sortes de défenses : la réparation et la manie. La défense maniaque, dont il faut souligner le caractère pathologique, nie la dépendance ; le clivage est renforcé ; il s’agit pour le sujet de fuir un monde intérieur dangereux par l’objet interne hautement valorisé qu’il renferme.
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