Popper: La communauté scientifique doit être organisée démocratiquement
La complexité croissante de La science moderne nécessite toujours plus de concurrence entre les hypothèses et de rigueur dans (es tests. Ces hypothèses devant être incarnées par leurs promoteurs pour pouvoir être connues, il est nécessaire que tout Etat démocratique organise la communauté scientifique afin que la confrontation des idées soit la plus fructueuse possible.
Problématique
La science n'est pas une activité solitaire mais comporte des aspects sociaux, voire politiques. L'organisation démocratique de la communauté scientifique est plus propre à assurer l'objectivité scientifique que la discipline individuelle.
Enjeux
La recherche scientifique n'a rien à voir avec la mythologie du savant solitaire retranché dans son laboratoire. La recherche est aujourd'hui largement déterminée par les objectifs que lui assignent les pouvoirs politiques et les pouvoirs financiers de l'industrie. De ce fait, la différence traditionnelle entre science pure et science appliquée apparaît de plus en plus problématique.
La communauté scientifique doit être organisée démocratiquement
La méthode scientifique elle-même a des aspects sociaux. La science, et plus spécialement le progrès scientifique, est le résultat non pas d'efforts isolés mais de la libre concurrence de la pensée. Car la science réclame toujours plus de concurrence entre les hypothèses et toujours plus de rigueur dans les tests, et les hypothèses en compétition réclament une représentation personnelle, pour ainsi dire : elles ont besoin d'avocats, d'un jury et même d'un public. Cette incarnation personnelle doit être organisée institutionnellement si nous voulons être sûrs qu'elle ait de l'effet. Et il faut dépenser pour ces institutions et les protéger par la loi. Finalement, le progrès dépend dans une large mesure de facteurs politiques, d'institutions politiques qui sauvegardent la liberté de pensée : de la démocratie. Il est de quelque intérêt que ce qu'on appelle couramment l'objectivité scientifique soit fondée dans une certaine mesure sur des institutions sociales. La conception naïve selon laquelle l'objectivité scientifique repose sur une attitude morale ou psychologique du savant individuel, sur sa discipline, son attention, et son indépendance scientifique, engendre en réaction la conception sceptique selon laquelle les savants ne peuvent jamais être objectifs. Dans cette conception, leur manque d'objectivité peut être négligeable dans les sciences naturelles où leurs passions ne sont pas excitées, mais il peut être fatal dans les sciences sociales, où les préjugés sociaux, les penchants de classe et les intérêts personnels sont impliqués. Cette doctrine [...] néglige entièrement le caractère social ou institutionnel de la connaissance scientifique, se fondant encore sur l'idée naïve que l'objectivité dépend de la psychologie du savant individuel. [...] C'est le caractère public de la science et de ses institutions qui impose une discipline mentale à l'homme de science individuel, et qui préserve l'objectivité de la science et sa tradition de la discussion critique des idées nouvelles.
- sociologie de la connaissance : étude des conditions sociales du fonctionnement de la recherche scientifique.
Liens utiles
- Karl Popper - La logique de la decouverte scientifique
- CONJECTURES ET RÉFUTATIONS, la Croissance du savoir scientifique, Conjectures and Refutations, 1963. Karl Raimund Popper
- Karl Popper, sociologue et théoricien de la connaissance, s'inscrivit en faux contre les théories du Cercle de Vienne enproposant une nouvelle définition du caractère scientifique d'une théorie; laquelle était-ce:A.
- La recherche scientifique peut-elle être désintéressée ?
- Exposé enseignement scientifique Groupe 2 : Les dents de sagesse : une régression en cours ?