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PONGE Francis

PONGE Francis 1899-1989
Né à Montpellier, il grandit en Avignon puis à Caen où il fréquente le lycée Malherbe. Il publie, après s’être fait coller, exprès, à l’oral de Normale Supérieure et à celui de la licence de philosophie, ses premiers textes en 1922, puis Douze Petits Ecrits (1926). Il connaît les «douze métiers (dans l’édition, le journalisme, l’enseignement etc) et les treize misères de l’homme», goûte du surréalisme (1930), du communisme (dix ans, de 1937 à 1947), combat dans la Résistance (à partir de l’automne 1942, et fait paraître (été 1942) Le Parti pris des Choses. Dans ce recueil, il a l’ambition, comme le dit Sartre, de «laver les mots des couches superposées de crasse dont l’usage, surtout mauvais, les a chargés. Crasse chrétienne, crasse romantique». En 1948 paraissent Proëmes et Le Peintre à l'Etude, en 1950, La Seine, puis divers poèmes qui seront rassemblés en 1961 dans Le Grand Recueil. Entre-temps il enseigne à l'Alliance française, donne des conférences, écrit un Pour Malherbe, ainsi que divers ouvrages sur les arts plastiques. Son ouvrage le plus connu, Le Parti pris des Choses annonce clairement par son titre ce qu’est la poésie de Ponge: il prend le parti des choses dans un lent et méticuleux travail de description qui décrypte. En ce sens il est proche du Nouveau Roman, qui verra le jour quinze ans après, et qui s’attachera tant aux repérages minutieux des objets. Austère et aussi loin que possible du lyrisme, la prose de Ponge, cette prose a-poétique, mais qui invente un langage, fonde une poésie matérialiste.
PONGE Francis. Poète français. Né le 27 mars 1899 à Montpellier. Issu d’une famille de la bourgeoisie protestante du Midi — son père est directeur de banque — il montre très jeune un goût vif pour l’indépendance, la liberté et l’individualisme en voyageant, à peine adolescent, dans plusieurs pays, en Belgique, en Hollande, en Angleterre et en Allemagne. Il fait ses études aux Lycées d’Avignon, de Caen, et Louis Le Grand, à Paris, à la Faculté des Lettres et de Droit de Paris, et il est admissible à l’Ecole Normale Supérieure. En 1921, il rencontre Jean Paulhan et commence à publier des textes et des poèmes : « Le Mouton blanc » (1921). Il collabore à différentes revues, telles La Nouvelle Revue Française, Commerce, Mesures, tout en travaillant à la Librairie Hachette jusqu’en 1937. Chaque soir, il consacre une vingtaine de minutes à écrire et il peut ainsi publier Douze Petits Ecrits (1926). Sa vie est traversée de moments difficiles, de périodes de semi-chômage, notamment à Roanne, peu de temps avant la guerre et après la guerre, en 1947 et 1951, lorsqu’il a quitté la direction littéraire de la revue Action à laquelle ont collaboré Jean-Paul Sartre, René Char, Raymond Queneau, Gaëtan Picon. Ennemi des contraintes et des écoles littéraires, vite transformées en chapelles sectaires, il a été peu séduit par le surréalisme; de même il n'est resté que quelques années au Parti Communiste. Mais il n’a jamais voulu sacrifier, au milieu des difficultés matérielles, la poésie, et il a publié Le Parti pris des choses (1942), Poèmes (1949). En 1952, il devient professeur-lecteur à l’Alliance Française. En 1955, la Nouvelle Revue Française lui rend hommage avec des témoignages, des analyses et des jugements d’Albert Camus, Georges Braque, Jean Grenier, André Pieyre de Mandiargues. De nombreuses thèses, notamment à l’étranger, choisissent pour sujet l’œuvre de Francis Ponge. Il est vrai que ses poèmes des vingt dernières années, tels La Seine, La Rage de l’expression, Le Grand Recueil (1961), Pour un Malherbe, Tome Premier (1965), Le Savon, Nouveau Recueil (1967), Comment une figue de paroles et pourquoi (1977) témoignent d’une grande originalité et d’une volonté d’approfondir une thématique tout à fait neuve dans l’histoire de la poésie en France, celle du « poème-chose ». Lorsque Francis Ponge écrit sur la pluie, un galet, le soleil, l’abricot, il ajuste son sujet, il l’accommode, il l’investit et tente de s’y insérer : c’est l’objet qui finit par s’exprimer, par poétiser à sa place. Cette forme de poésie, à la fois minutieuse et puissante, traduite, comme le remarque Philippe Solers, en un style précieux et simple, grave et ironique, totale, obéit aussi à une éthique que Francis Ponge lui-même a défini ainsi : « Ces retours de la joie, ces rafraîchissements à la mémoire, des objets de sensation, voilà exactement ce que j’appelle raisons de vivre. » On comprend donc que la poésie de Francis Ponge se tienne à l’écart de toutes les écoles, puisqu’elle refuse toutes les modes, et tous les clichés, et quelle cherche le paysage intérieur des choses, sans s’appuyer ni sur le mystère, ni sur la mystique. Le poète, selon Francis Ponge, traduit un message de vie, par la médiation de l’objet dont il n’est que l’interprète, et non pas le poète, qualification que Francis Ponge refuse, au moins sous son aspect dogmatique. Du moins l’œuvre de Francis Ponge est désormais reconnue par la France officielle :l’Académie Française lui a décerné son Grand Prix de poésie en 1972. ♦ « Ponge a... écrit quelques admirables poèmes d’un ton entièrement neuf et créé une nature matérielle qui lui est propre. On ne saurait lui demander plus. Il faut ajouter que sa tentative, par ses arrière-plans, est une des plus curieuses et peut-être des plus importantes de ce temps. » Jean-Paul Sartre. ♦ « A propos du Parti pris des choses : « C’est la première fois, je crois, qu’un livre me fait sentir que l’inanimé est une source incomparable d’émotions pour la sensibilité et l’intelligence. » Albert Camus. ♦ « ... C ’est par le style que M. Francis Ponge découvre la vérité de ces objets. Le sien est d’un écrivain excellent. Il est vif, rapide, sûr de ses mouvements et de ses images. Quelquefois capable de transmutations, mais aussi narquois, précis, méprisant. » Maurice Blanchot.

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