PLATON : L'ARTISTE EST UN ILLUSIONNISTE
PLATON : L'ARTISTE EST UN ILLUSIONNISTE
Quelle est la vérité de l’œuvre d’art ? Pour Platon, les arts figuratifs, ou arts d’imitation, s’éloignent considérablement de la vérité dans la mesure où l’artiste ne vise qu’à produire un simulacre (l’œuvre d’art) de l’apparence d’un simulacre (le modèle de l’œuvre d’art), les réalités du monde que nous percevons n 'étant en effet que des simulacres des Idées qui, elles, constituent la vraie réalité.
« — Lequel de ces deux buts se propose la peinture relativement à chaque objet : est-ce de représenter ce qui est tel qu’il est, ou ce qui paraît, tel qu’il parait ? Est-elle l’imitation de l'apparence ou de la réalité ? — De l'apparence. — L’imitation est donc loin du vrai, et si elle façonne tous les objets, c'est, semble-t-il, parce qu'elle ne touche qu'à une petite partie de chacun, laquelle n'est d'ailleurs qu'une ombre. Le peintre, dirons-nous par exemple, nous représentera un cordonnier, un charpentier ou tout autre artisan sans avoir aucune connaissance de leur métier ; et cependant, s'il est bon peintre, ayant représenté un charpentier et le montrant de loin, il trompera les enfants et les hommes privés de raison, parce qu'il aura donné à sa peinture l’apparence d'un charpentier véritable. — Certainement. — Eh bien ! ami, voici, à mon avis, ce qu'il faut penser de tout cela. Lorsque quelqu’un vient nous annoncer qu'il a trouvé un homme instruit de tous les métiers, qui connaît tout ce que chacun connaît dans sa partie, et avec plus de précision que quiconque, il faut lui répondre qu'il est un naïf, et qu'apparemment il a rencontré un charlatan et un imitateur, qui lui en a imposé au point de lui paraître omniscient, parce que lui-même n'était pas capable de distinguer la science, l’ignorance et l'imitation. »
Platon, République, X, 597 b-d.
ordre des idées
1) Un constat : Le but de la peinture (en tant qu'ait d'imitation) est de représenter ï apparence, non la réalité.
2) Une triple conséquence :
a) Les arts d'imitations tout en donnant l'illusion de la réalité s'éloignent de la vérité, puisqu’ils ne s'attachent qu'à la fausseté que constitue l'apparence, celle-ci n'étant au mieux qu'un aspect (« une petite partie ») de la réalité vraie. b) L'artiste est ainsi un illusioniste, un « charlatan imitateur ». c) Le spectateur se laissant prendre à cette illusion est un naïf, qui confond les faux-savoirs (« l'ignorance »), portant sur les apparences, avec la science, c'est-à-dire la connaissance vraie de la réalité.
PLATON
(Athènes, v. 427 - id., 348 av. J.-C.). Grand philosophe athénien. D'origine aristocratique, il reçut une brillante éducation et fut l'élève de Socrate. Après de nombreux voyages, il séjourna à Athènes, créant l'Académie où il enseigna tout en publiant ses Dialogues que l'on classe généralement en trois grands groupes. Les dialogues socratiques, oeuvres de jeunesse, sont consacrés à la défense de la pensée de Socrate (Apologie de Socrate, Criton, Ion, Euthyphron, Protagoras, Gorgias). Les dialogues systématiques dans lesquels Platon développe sa théorie des Idées (La République, Le Banquet, Phèdre, Phédon) ; enfin les dialogues critiques et métaphysiques dont les plus connus sont Parménide, Timée, Critias et Les Lois. Voir Denys le Jeune.