Platon et l'esclavage
« ... A mon avis, il faut se faire une idée de la situation du tyran... d’après la situation de ces riches particuliers qui, dans certaines cités, possèdent beaucoup d’esclaves... Tu sais donc que ces particuliers vivent en sécurité et qu’ils ne craignent point leurs serviteurs. — Qu’en auraient-ils à craindre ? — Rien. Mais en vois-tu la raison ? — Oui, c’est que la cité tout entière prête assistance à chacun de ces particuliers. — Bien dit. Mais quoi ! si quelque dieu, enlevant de la cité un de ces hommes qui ont cinquante esclaves et davantage, le transportait, avec sa femme, ses enfants, ses biens, ses serviteurs, dans un désert, où il n’aurait de secours à attendre d’aucun homme libre, ne crois-tu pas qu’il vivrait dans une externe et continuelle appréhension de périr de la main de ses esclaves, lui, ses enfants et sa femme ? — Oui, son appréhension serait extrême. — Ne serait-il pas réduit à faire sa cour à certains d’entre eux, à les gagner par des promesses, à les affranchir sans nécessité, enfin à devenir le flatteur de ces esclaves ? — Il serait bien forcé d’en passer par là, dit-il, ou de périr. ... Ainsi en vérité, et quoi qu’en pensent certaines gens, le véritable tyran est un véritable esclave, condamné à une bassesse et à une servitude extrêmes, et le flatteur des hommes les plus pervers ; ne pouvant, d’aucune façon, satisfaire ses désirs, il apparaît dépourvu d’une foule de choses, et pauvre, en vérité, à celui qui sait voir le fond de son âme. » PLATON DIRECTIONS DE RECHERCHE • Ce texte est-il une condamnation de l’esclavage ? • Est-il une condamnation de ceux qui ont beaucoup d’esclaves ? • En quoi la situation du tyran peut-elle être comparée à la situation « de ces riches particuliers... qui possèdent beaucoup d’esclaves » ? • En quoi sa situation diffère-t-elle de « ces riches particuliers » ? — Sur quoi repose la sécurité des riches particuliers « dans une cité » ? — Pourquoi, eux, ne sont-ils pas obligés de flatter leurs esclaves, d’être « esclaves », d’ « affranchir leurs esclaves sans nécessité » ? • Que signifie « affranchir » ? • En quoi le tyran est-il « condamné à une bassesse et à une servitude extrêmes », à être « le flatteur des hommes les plus pervers » ? Pourquoi et en quoi « les plus pervers » ? • Qu’est-ce que Platon cherche à établir, à valoriser ? Quel type de gouvernement et de société préconise-t-il ? • En quoi ce texte peut-il présenter un intérêt philosophique ? Que pensez-vous de la position et de l’argumentation de Platon ?