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PLAN MARSHALL

PLAN MARSHALL : Plan d’aide proposé en 1947 par les États-Unis à l’Europe en vue du redressement économique de celle-ci. Les états d’Europe occidentale bénéficièrent de ce plan, qui consacra la prééminence économique et politique des États-Unis. Lorsque s’ouvre l’année 1945, le monde économique a profondément changé. Son centre de gravité était européen : il est devenu américain. L’appareil de production des États-Unis domine le monde. L’or - « cette relique barbare », selon John Maynard Keynes (1883-1946) -était jusqu’alors la monnaie de référence : il est désormais remplacé par le dollar. Les accords de Bretton Woods, en juillet 1944, légitiment un état de fait : le billet vert est la seule monnaie acceptée partout, parce que c’est aussi la seule qui donne accès à un marché où l’on trouve tout. En face, l’Europe et le Japon font piètre figure : la guerre les a ruinés, saignés à blanc. Les pays belligérants n’y ont pas seulement perdu leur or, mais aussi leurs usines, une partie de leurs hommes et parfois - c’est le cas de l’Allemagne et du Japon - leur âme. Un pôle prospère, qui ne demande qu’à vendre. Un pôle exsangue, qui ne demande qu’à acheter : la différence de potentiel va engendrer un essor sans précédent des échanges internationaux. Le salut ne pouvait venir que des riches États-Unis : n’était-ce pas leur intérêt, à eux aussi, de favoriser le relèvement des pays ruinés qui deviendraient, alors, leurs clients et leurs obligés ? Une injection massive de capitaux. Les États-Unis sont pourtant réticents et n’apportent leur aide qu’au compte-gouttes, moyennant des conditions politiques et des contreparties économiques : concernant par exemple la France, arrêt des nationalisations, remise en cause du monopole d’État en matière de tabacs, libre accès au marché français pour les compagnies pétrolières américaines, etc. Le dollar gap - le manque de dollars - freine la reconstruction de l’Europe. Le 5 juin 1947, le général George Marshall, secrétaire d’État aux Affaires étrangères du président Harry S. Truman, lance un appel vibrant aux pays européens : nous sommes prêts à vous aider massivement, si vous vous unissez. La proposition s’adresse à l’ensemble des États européens, y compris ceux qui gravitent dans l’orbite de l’URSS. La Guerre froide ayant commencé, la proposition américaine revient à demander à chacun de choisir son camp, avec une carotte à l’appui. Entre 1948 et 1952, les pays d’Europe occidentale recevront au total 13,6 milliards de dollars (dont 11,8 milliards sous forme de dons), soit environ 80 milliards de dollars 1994, ou encore l’équivalent de la valeur d’une demi-année de produit intérieur brut de la France de 1950. Il s’agit donc d’une injection massive de capitaux. Cette aide n’est évidemment pas sans contrepartie. Mais celle-ci est plus subtile que quelques mois auparavant : plus question d’« ingérence » - le mot n’est pas encore à la mode -, seulement de partenariat. L’aide consiste en matériels donnés par les États-Unis, mais dont la contre-valeur en marks, florins, lires, francs… doit être décidée d’un commun accord. Les négociations sont difficiles. Les États-Unis ambitionnaient donc de devenir les « gendarmes économiques » du monde capitaliste : ils ne purent y parvenir. Ce fut surtout dans le domaine international que le poids américain se fit sentir : il fallait que les États européens coopèrent. En 1948, seize pays européens - tous sauf ceux sous influence soviétique - créaient l’Organisation européenne de coopération économique (OECE), qui devait devenir, onze ans plus tard, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). La coupure de l’Europe était officialisée, le containment (« endiguement ») cher à H. Truman mis en œuvre. L’OECE avait pour fonction première de répartir l’aide américaine. Ainsi l’Europe, aiguillonnée par le plan Marshall, choisissait-elle de revenir, à pas comptés, vers le libre-échangisme. Du même coup, les gouvernements des États membres tournaient le dos à l’économie dirigée. Tel fut, sans doute, le principal résultat de ce plan : ancrer fermement les pays de l’Europe occidentale à l’économie de marché. L’approvisionnement en dollars permettait de lever les freins à la croissance et au dynamisme d’un capitalisme qui avait quarante ans de retard, de destructions et de crises à combler.

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