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Pitt, William, comte de Chatham

Pitt, William, comte de Chatham [« le Premier Pitt»] (Londres 1708-Hayes, Kent, 1778) ; homme politique anglais. P. entre à la Chambre des communes en 1735. Orateur brillant, lié au parti des whigs, il est le chef de l'opposition à Walpole, et combat pendant la guerre de Succession d'Autriche la politique de George II, trop axée sur la défense des intérêts du Hanovre. Les services rendus lors de l'écrasement du soulèvement jacobite (1745-1746) lui valent d'être nommé en 1746 vice-trésorier d'Irlande et payeur général de l'armée, deux fonctions très rémunératrices dont il ne profite cependant pas pour s'enrichir, à la différence de tous ses prédécesseurs. Le début de la guerre de Sept Ans l'amène au premier plan de la scène politique : ce sont les milieux d'affaires et la population du port de Londres qui l'imposent au roi. Secrétaire d'Etat muni de pouvoirs spéciaux, il dirige à partir de 1757 un cabinet de coalition auquel participent Fox et Newcastle. C'est dans la conduite de la politique extérieure qu'il fait preuve de ses éminentes capacités d'homme d'Etat, s'attirant l'admiration du peuple anglais. Tout en soutenant Frédéric II de manière à retenir en Europe les troupes françaises, il profite de la suprématie navale de l'Angleterre pour battre les Français au Canada et en Inde. Il est néanmoins amené à démissionner par le nouveau roi George III, qui souhaite terminer la guerre au plus vite (1761), et son départ épargne à la France des conditions plus rigoureuses encore que celles du traité de Paris (1763). Il est à nouveau appelé en 1766 à former un cabinet, recevant en même temps le titre de comte de Chatham, la pairie et le droit de siéger à la Chambre des lords. Mais, perclus de goutte et souffrant d'attaques de démence, il se retire en 1768. Au cours des dernières années de sa vie, il ne cesse de réclamer pour les colonies anglaises d'Amérique du Nord une certaine marge d'autonomie, notamment en matière fiscale, mais s'oppose aux revendications d'indépendance. Son dernier discours appelait au refus de toute conciliation face aux colons révoltés. Son ardent patriotisme, son intégrité et la largeur de ses vues expliquent sa grande popularité, qui eut néanmoins à souffrir de son anoblissement. En consolidant et en accroissant considérablement lors de la guerre de Sept Ans les possessions coloniales de l'Angleterre, il jeta les fondements de l'Empire britannique.



PITT, William, 1er comte de Chatham, dit le Premier Pitt (Londres, 1708-Hayes, Kent, 1778). Homme politique anglais. Il fut, ainsi que son fils, le Second Pitt, l'un des hommes d'État les plus populaires de l'histoire de l'Angleterre. Il lutta contre les Bourbons de France et d'Espagne et prépara l'hégémonie maritime et coloniale de l'Angleterre. Petit-fils de Thomas Pitt, gouverneur de Madras (Inde), il abandonna pour des raisons de santé une carrière militaire et, partisan des whigs, entra aux Communes en 1735 où il devint vite l'un des ténors. Attaché au groupe des « patriotes », fraction des whigs qui s'opposait au pacifisme de Walpole, il pensait que l'avenir de l'Angleterre était la création d'un empire maritime et souhaitait, dans ce but, réduire l'emprise commerciale de l'Espagne en Amérique latine. Nommé vice-trésorier d'Irlande (1746) puis secrétaire d'État (1755), il fut renvoyé par George II pour avoir violemment critiqué sa politique hanovrienne. Cependant, les graves revers militaires de l'Angleterre au début de la guerre de Sept Ans (1756-1763), associés à l'immense popularité de Pitt, imposèrent son rappel et il partagea le pouvoir avec Newcastle et Fox avec la charge de la guerre. Laissant sur le continent un soutien à la Prusse de Frédéric II, ce fut en Inde et au Canada qu'il obtint les résultats décisifs (prise de Québec en 1759, de Fort-Duquesne devenu Pittsburgh, conquête du Bengale). Cependant, lorsque Pitt voulut déclarer la guerre à l'Espagne lors de la signature du pacte de Famille, il ne fut soutenu ni par le roi George III, ni par ses collègues et il démissionna (1761). Le traité de Paris (1763) qui assurait pourtant à l'Angleterre la possession du Canada, de l'Inde et de la Floride, provoqua son indignation. Revenu au pouvoir en 1766, il démissionna deux ans plus tard. Il continua néanmoins à suivre de près les affaires politiques et prit notamment position contre les mesures qui allaient déclencher la guerre d'indépendance américaine. Le Premier Pitt fut enterré à l'abbaye de Westminster.

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