pi’i
Mot tahitien (littéralement : « interpeller quelqu’un » ou « crier à l’adresse de quelqu’un ») désignant une coutume de l’ancienne Polynésie qui consistait à interdire l’usage de certains noms communs dès lors qu’ils entraient en composition dans le nom personnel ou cérémoniel d’un grand chef ou d’un soi-disant roi de Tahiti. Il suffisait même que le mot du vocabulaire quotidien puisse évoquer, par association d’idées, le nom et la personne du chef pour que son usage fût proscrit. Ainsi observait-on à chaque avènement d’un nouveau chef suprême ou « roi » l’élimination de mots du vocabulaire le plus courant et leur remplacement par des néologismes ou des circonlocutions. Il en est résulté à la longue un appauvrissement du vocabulaire tel que nous en ont gardé témoignage la poésie épique et la littérature orale traditionnelle de ce peuple. Quoique très frappante, la coutume du pi’i n’est qu’un cas particulier de la pratique apparemment universelle du tabou de nomination dont l'ethnologie connaît de nombreux exemples et dont l'étude mérite d'être encouragée tant elle apporte de lumière sur des phénomènes peu connus en linguistique et en sociologie, (Angl, : idem.)