Databac

Pierre IV le Cérémonieux (1319-1387) ; roi d'Aragon [1336-1387].

Pierre IV le Cérémonieux (1319-1387) ; roi d'Aragon [1336-1387]. Le 24 janvier 1336, P. hérite la couronne aragonaise de son père Alphonse IV [1327-1336]. Il doit très vite faire front à une opposition multiforme qu'il sait toujours circonscrire et diviser avec la plus grande habileté. La seconde épouse d'Alphonse IV, Leonor de Castille, réclame pour ses fils, les infants Fernando et Juan, l'exécution du testament d'Alphonse ; P. sait dissocier de leur cause le roi de Castille Alphonse XI, qu'il aide contre les Mérinides en envoyant une flotte pour permettre la prise d'Algésiras (1340-1341). Il affronte ensuite de graves troubles internes quand il décide de faire son héritière de sa fille Constanza, niant les droits de son frère Jacques, mais les calme après avoir écrasé deux ligues, l'Union d'Aragon (Epila, 21 juill. 1348) et l'Union de Valence (Mis-lata, 10 déc. 1348). De nombreuses tensions avec la Castille s'achèvent par une série de paix, d'abord avec Pierre le Cruel, contre qui il manoeuvre Henri de Trastamare (1350, 1363, 1367), puis avec ce dernier (1375) : P., surtout poussé à la guerre par sa noblesse, n'y a rien gagné. C'est que le roi, animé par de larges vues, consacre ses principaux efforts à la politique « coloniale », visant à refaire l'unité de la nébuleuse aragonaise en Méditerranée, tout en y renforçant la féodalité à la catalane. Dès 1339, P. s'efforce de mettre au pas les Aragonais de Majorque, branche issue de Jacques Ier et qui de père en fils dominent les Baléares et Montpellier [Jacques II, 1276-1312; Sanche Ier, 1312-1324 ; Jacques III, 1324-1349]. Il réclame l'hommage, puis précipite Jacques III dans la position d'un félon, pour faire prononcer la commise de son royaume. P. envahit Majorque (1343) et recueille Minorque, Ibiza et les autres îles (1344). Jacques III négocie avec le roi de France, lui vend la suzeraineté de Montpellier, de son arrière-pays (un huitième de l'actuel département de l'Hérault) et de la seigneurie de Lattes (1349), mais trouve la mort en tentant de reprendre Majorque (bataille de Lluch-mayor, 1349). P. fait aussi reconnaître sa souveraineté sur les « duchés » catalans de Grèce ; il achève la mainmise sur la Sardaigne. Il fait progresser le retour de la Sicile dans l'obédience du royaume d'Aragon, mettant à profit les difficultés des rois de Sicile insulaire (« Trinacrie »), issus de son grand-père Jacques II ; épousant en troisièmes noces Leonor, fille du roi de Sicile Pierre II, P. tient sous sa tutelle Luis Ier [1341-1355], Frédéric IV [1355-1377] qu'il marie à sa fille Constanza, et la fille de ceux-ci, Maria. La réalité du pouvoir est confiée, avec le nom de « vicariat », à un fils de P., Martin, qui épousera plus tard Maria. P., plutôt favorable au pape avignonnais, observe une politique officielle de neutralité face au Grand Schisme. Souverain cultivé, il favorise l'essor d'une administration nombreuse et d'une chancellerie active et méticuleuse. Le royaume, où le malaise social est devenu profond, surtout dans les campagnes (révoltes des remensas), passe à ses fils Juan [1387-1395] puis Martin [1395-1410].

Liens utiles