Pierre Ier Karadjordjévitch (Belgrade 1844-Topchider 1921); roi de Serbie [1903-1918], puis de Yougoslavie [1918-1924].

Pierre Ier Karadjordjévitch (Belgrade 1844-Topchider 1921); roi de Serbie [1903-1918], puis de Yougoslavie [1918-1924]. Les deux derniers souverains de la dynastie de Obrénovitch, Milan [1868-1889] et Alexandre [1889-1903], en raison de leur politique austrophile, de leur caractère autoritaire et de leur corruption, ont rencontré une forte opposition dans leur pays, principalement au sein du parti radical dirigé par Nicolas Pasic. La défaite écrasante que la Bulgarie inflige à la Serbie en 1885 contraint Milan, roi depuis 1882, à abdiquer en 1889. Un Conseil de régence dirige le gouvernement pendant la minorité de son fils. Les difficultés économiques, la suspension de la Constitution de 1888, et, en outre, le mariage du jeune souverain avec Draga Maschin, une dame de la cour à la réputation douteuse, aboutissent en 1903 à un complot des officiers, qui s'achève par l'assassinat du couple royal et le retour de la dynastie des Karadjordjévitch. P., fils d'Alexandre Karadjordjévitch, élevé en France, monte sur le trône. Comme officier de l'armée française, il a déjà pris part à la guerre franco-allemande de 1870-1871, et à l'insurrection bosniaque vers les années 1875. P. remet la Constitution de 1888 en vigueur et maintient le régime parlementaire. Il s'appuie sur le parti radical et amorce une politique de tendance anti-autrichienne. C'est uniquement grâce à l'aide des pays d'Europe de l'Ouest et de l'Allemagne que la guerre douanière avec la monarchie danubienne est surmontée sans grandes conséquences. Cette nouvelle orientation de la Serbie se traduit par une radicalisation des Slaves austro-hongrois, qui forment les irrédentistes yougoslaves. La menace de guerre devient vraiment sérieuse en 1908, quand l'Autriche-Hongrie annexe la Bosnie-Herzégovine, sur laquelle la Serbie a des vues. Le pacte des Balkans défendu par Michel Obrénovitch voit le jour en 1912 et au mois d'octobre de la même année éclate la guerre des Balkans. L'issue sera une extension considérable du territoire serbe vers le sud, mais aussi une rupture irrémédiable avec la Bulgarie, que la paix de Bucarest signée peu de temps avant le début de la Première Guerre mondiale ne réussira pas à réparer. Juste avant l'attentat de Sarajevo qui déclenchera la Première Guerre mondiale, P., devenu très malade, laisse le pouvoir à son fils Alexandre. Il accompagne ses troupes lui-même lors de leur retrait d'Albanie.