Pie XII, Eugenio Pacelli (Rome 1876-1958); pape [1939-1958]
Pie XII, Eugenio Pacelli (Rome 1876-1958); pape [1939-1958]
Né dans une famille de hauts fonctionnaires laïcs de l'État pontifical en voie d'anoblissement, Eugenio Pacelli poursuit ses études au lycée Visconti, puis à l'Université grégorienne ; il est ordonné prêtre en 1899. Entré au service de la secrétairerie d'État dès 1901 sous la protection du cardinal Merry del Val, il mène une brillante carrière de Curie : sous-secrétaire de la première section de la secrétairerie d'État en 1911, secrétaire de la congrégation des Affaires ecclésiastiques extraordinaires en 1914, Benoît XV lui confie en 1917, alors que la guerre fait rage, la nonciature de Munich ainsi que la responsabilité des contacts avec l'Allemagne autour de la tentative pontificale de médiation entre les belligérants. Le nonce Pacelli, d'abord accrédité à Munich auprès du royaume de Bavière, puis à Berlin auprès de la République de Weimar, devient l'homme clé de la politique allemande du Saint-Siège : il participe aux souffrances de l'Allemagne en 1923 et signe avec la Bavière en 1924, puis avec la Prusse en 1929, deux concordats avantageux à l'Église catholique. Rappelé à Rome par Pie XI et créé cardinal (1929), il succède au cardinal Gasparri comme secrétaire d'État en 1930. Il négocie encore le concordat de 1933 avec l'Allemagne nazie et voyage en France et aux États-Unis. C'est sans opposition qu'il est élu pape par le conclave de 1939, à la veille du second conflit mondial ; il prend le nom de Pie XII.
Le pontificat est d'abord marqué par la guerre, durant laquelle le Saint-Siège s'efforce d'observer une position de stricte neutralité : mais les « silences de Pie XII », notamment à propos de l'extermination des juifs, et quelle qu'ait été l'étendue des concessions obtenues des nazis et de leurs alliés (notamment en Roumanie et en Slovaquie) par la diplomatie vaticane, terniront quelque peu dans l'après-guerre l'image du Saint-Siège. Ce n'est qu'en Italie que le pape, par son attitude courageuse lors des bombardements de Rome en 1943, conserve un magistère moral incontesté. L'après-guerre le voit incliner, sur le plan politique, vers une hostilité doctrinale à l'Union soviétique et à l'offensive des partis communistes partout dans le monde. Le pape, qui gouverne seul (il n'a pas remplacé son secrétaire d'État, le cardinal Maglione, décédé en 1944, et s'entoure de deux substituts, Tardini et Montini, futur Paul VI, dont il se sépare en 1954), prend position avec vigueur contre le vote communiste (excommunication du 1er juill. 1949) et contre l'expérience des prêtres ouvriers en France (1954). Sur le plan religieux, il définit durant l'Année sainte le dogme de l'Assomption (1950), et son pontificat manifeste un raidissement certain à l'encontre des recherches théologiques (Teilhard de Chardin, Lubac, Chenu, Con-gar). Rien ou presque ne laissait pressentir, à la mort du pape de la guerre froide (1958), l'imminence du concile Vatican II.
PIE XII, Eugenio Pacelli (Rome, 1876-Castel Gandolfo, 1958). Pape de 1939 à 1958. Sa politique et ses positions, dans le contexte tourmenté de la Seconde Guerre mondiale et de la guerre froide, ont été diversement jugées. Prêtre en 1899, il fit toute sa carrière dans les bureaux de la secrétairerie d'État (il fut en particulier nonce apostolique en Allemagne de 1917 à 1930). Lors de la Seconde Guerre mondiale, en souhaitant garder une attitude d'impartialité officielle, il garda le silence sur la politique hitlérienne et les persécutions contre les juifs, attitude qui lui fut reprochée par certains après sa mort, même s'il donna asile à de nombreux juifs. Pie XII eut une importante activité dogmatique il définit en particulier le dogme de l'Assomption de la Vierge (1950).