Pie II, Enea Silvio Piccolomini (Pienza 1405-Ancône 1464) ; pape [1458-1464].

Pie II, Enea Silvio Piccolomini (Pienza 1405-Ancône 1464) ; pape [1458-1464]. Issu d'une famille noble des environs de Sienne, P. est le premier grand pape humaniste. Fin lettré, grand rhéteur, de moeurs aussi lestes que ses écrits, il se range en 1446 lorsqu'on lui confère la prêtrise. Ancien partisan du conciliarisme (il a été secrétaire de l'antipape Félix [V]), propagateur de l'humanisme en Allemagne alors qu'il vivait dans l'entourage de l'empereur Frédéric III, il devient agent et propagan- diste actif des papes Eugène IV, Nicolas V et Calixte III ; il est fait évêque de Trieste en 1447 et de sa chère ville de Sienne en 1450, cardinal enfin en 1456. À la mort de Calixte III, il est élu pape le 19 août 1458 (consacré le 3 sept.). Son nom pontifical est moins un hommage à son lointain prédécesseur Pie Ier (neuvième successeur de saint Pierre) qu'un jeu de mots sur son nom personnel et l'Enéide de Virgile (pius Eneas). Trop maladroit pour louvoyer (il contrecarre les projets français en Italie, prenant avec ostentation le parti de Ferdinand d'Aragon contre René d'Anjou dans l'affaire de Naples), P. ne sait pas toujours profiter des bonnes occasions (ainsi de l'étourderie du nouveau roi de France Louis XI, qui pour se concilier le pape avait abrogé unilatéralement la pragmatique sanction de Charles VII). Souvent menacé d'un appel au concile, cassant face aux princes d'Empire qui renâclent devant les efforts de réforme promus par Rome, intransigeant envers la Bohême où le problème hussite est toujours pendant, P. est assez vite isolé dans le concert, très discordant, des nations. Et c'est quasiment seul qu'il se retrouve à Ancône, où, désespérément, il tente de relancer un grand projet de croisade, et où il décède dans la nuit du 14 au 15 août 1464. Une fois devenu pape, P. n'a rien abandonné de son « engagement » humaniste. S'il ne néglige pas la poursuite de ses travaux littéraires pendant son pontificat, sa culture et son style se lisent aussi en de nombreux documents officiels, comme la lettre qu'il écrit, sans jamais l'envoyer, au sultan Mahomet II en 1460-1461, espérant, non sans candeur, le détourner de l'islam. Dès 1459, il lance de somptueux travaux d'aménagement, ou plutôt de métamorphose, de son bourg natal de Corsi-gnano, rebaptisé Pienza pour la cause. Interrompus à sa mort, les travaux restent l'une des plus belles traductions des théories humanistes sur la ville, exprimées peu de temps auparavant par Leon Battista Alberti.