Philippe le Bon (1396-1467); duc de Bourgogne [1419-1467].

Philippe le Bon (1396-1467); duc de Bourgogne [1419-1467]. Né le 13 juin 1396 à Dijon, P. est l'unique fils du duc de Bourgogne Jean sans Peur et de son épouse Marguerite de Bavière. Il a vingt-trois ans quand son père est assassiné à l'instigation du dauphin Charles (1419). Il conclut aussitôt avec le roi d'Angleterre Henri IV le traité d'Arras et participe au traité de Troyes (1420), où ce prince est reconnu comme régent de France et héritier du roi de France Charles VI. P. entre dans Paris aux côtés du roi anglais (1er décembre 1420) et presse l'instruction du procès des meurtriers de son père. Il s'empare de Saint-Riquier et défait les troupes de La Hire et Xaintrailles à Mons-en-Vimeu. À la mort d'Henri IV et de Charles VI (1422), il marie Anne, une de ses soeurs, au duc de Bedford, régent du royaume, et une autre au comte de Richemont ; il réussit à entraîner la Bretagne dans le parti anglais. Au moment du siège d'Orléans, il menace pourtant de s'allier à Charles VII et il faut pour le ramener à de meilleurs sentiments lui donner la Champagne et de grosses sommes d'argent. Il assiège Compiègne lorsque Jeanne d'Arc est prise par un de ses lieutenants, Jean de Luxembourg, qui la livre aux Anglais. En 1431, après la mort de Philippe de Brabant, il réunit à ses États le Brabant, la Hollande, la Zélande et le reste des Pays-Bas. Il prête ensuite son aide à Antoine de Vaudémont contre René d'Anjou en Lorraine ; victorieux à Bulgnéville (1431), il fait prisonnier René. Cependant P. se lasse de ses alliances et signe avec Charles VII le traité d'Arras (1435) par lequel il obtient la cession des villes de la Somme ainsi que des comtés d'Auxerre et de Mâcon, mais par lequel il reconnaît le roi de France comme suzerain. Il sert dès lors loyalement Charles VII. Il se réconcilie même avec le duc Charles d'Orléans, prisonnier depuis vingt-cinq ans en Angleterre, dont il paye la rançon et à qui il fait épouser Marie de Clèves, sa nièce. Il réprime encore plusieurs émeutes, à Bruges (1438), à Gand (1448) : les Gantois sont battus à Rupelmonde et écrasés à Gavre (1453). Il soumet le Luxembourg révolté contre sa tante Élisabeth et en hérite après la mort de cette dernière. Il songe à entreprendre une croisade contre les Turcs qui viennent de s'emparer de Constantinople. Lors du banquet du Faisan (1454), il jure d'aller combattre les Infidèles si le roi de France maintient la paix dans ses États, mais la mort de Charles VII le détourne de ce projet. En 1456, il a accueilli à sa cour le dauphin (futur Louis XI), en lutte contre son père. En 1465, il abandonne presque complètement le pouvoir à son fils Charles le Téméraire, qui rétablit la paix dans les villes de Liège et de Dinant révoltées. P. meurt à Bruges (15 juill. 1467) alors que la paix règne dans ses États et que la puissance bourguignonne est au sommet. Il s'est marié trois fois : il épouse en 1409 Michèle de France, fille de Charles VI, qui lui apporte les villes de la Somme, le Boulonnais et la majeure partie de la Picardie ; veuf en 1422, il se remarie avec Bonne d'Artois (1424), puis Isabelle de Portugal (1429-1430). Il donne à l'État bourguignon des institutions modernes, Cour des comptes, Grand Conseil ; la cour de Bourgogne est particulièrement fastueuse et une véritable école artistique se développe alors. Féru de chevalerie, P. crée en 1429 l'ordre de la Toison d'or.