PHILIPPE II AUGUSTE (1165-1223) - Capétien
PHILIPPE II AUGUSTE (1165-1223) - Capétien
• Roi de France [1180-1223]
En montant sur le trône, ce fils de Louis VII et d’Adèle de Champagne trouve un domaine royal prospère mais assez exigu : Ile-de-France, Orléanais, nord du Berry. Aussitôt, il entreprend de l’agrandir. D’abord, il épouse Isabelle de Hainaut (1180), qui apporte l’Artois en dot. Une première coalition de féodaux est brisée en 1180, il récupère Amiens et Montdidier. Dès lors, il va tâcher d’affaiblir les Plantagenêts. De 1187 à 1189, il leur enlève Issoudun, le reste du Berry puis l’Auvergne. En 1190, Philippe part en Palestine pour la troisième croisade avec Richard Cœur de Lion, le nouveau roi anglais (tout comme l’a fait un an plus tôt Frédéric Barberousse, l’empereur germain). Avant de partir, il a fait ceindre Paris d’une muraille dont certains vestiges existent encore. Très vite, Philippe écourte la croisade; il rentre fin 1191 et dresse Jean sans Terre contre son frère Richard. Il en profite pour occuper le Vexin normand. Mais en 1194, Richard, après avoir été retenu en Allemagne sur la route du retour de Palestine puis libéré contre rançon, revient et le bat à plusieurs reprises. Heureusement pour Philippe, son ennemi est tué en 1199. L’année suivante, il reconnaît alors l’accession de Jean sans Terre au trône d’Angleterre en échange d’une partie du Vexin, d’Evreux et du Berry. Mais celui-ci, qui est vassal du roi de France, refuse de se présenter devant la justice royale, en 1202. Philippe II confisque tous ses fiefs français : la Normandie, le Maine, l’Anjou, le Poitou et la Touraine. Louis, le fils de Philippe, se prépare, en 1213, à envahir l’Angleterre. Jean sans Terre forme alors une coalition avec les comtes de Boulogne, de Flandre et de Hollande, les ducs de Lorraine, de Brabant, de Limbourg, et l’empereur germanique Otton de Brunswick. Philippe II remporte contre eux une série de victoires dont la plus probante a lieu à Bouvines le 27 juillet 1214. La lignée capétienne est au sommet de son prestige. Dans les années qui suivent, Louis, son fils, se détourne de l’Angleterre pour venir, aux côtés de Simon de Montfort, semer la terreur dans le comté de Toulouse, où s’est développée l’hérésie cathare dite aussi « albigeoise ». Précitée par le pape Innocent III, la croisade contre les Albigeois devient une occasion, pour les barons du Nord, de s’enrichir à bon compte, les entreprises en Terre sainte étant devenues très aléatoires. Le 14 juillet 1223, Philippe, malade depuis près d’un an, meurt à Mantes. Sous son règne, l’étendue du domaine royal a quadruplé. Le Moyen Âge l’a d’ailleurs appelé « Philippe le Conquérant» jusqu’à ce que son biographe, Rigord, le surnomme «Auguste» («digne de respect»). Le royaume a connu une période de prospérité, favorisée par un progrès des communications et du commerce joint à une production agricole en augmentation. Il s’est vu doté de nouvelles structures de gouvernement. Les baillis (ou sénéchaux dans le sud du pays), des officiers nommés et révoqués par le roi, représentent localement le monarque dans toutes ses fonctions. Si les impôts restent exceptionnels, la vente de privilèges et une meilleure gestion des propriétés de la Couronne accroissent le Trésor royal, qu’abrite le donjon du Temple. Les sessions de la cour n’ont plus pour domaine que la justice et les affaires financières. Les offices de grand sénéchal et de chancelier disparaissent. En règle générale, aux postes à responsabilité sont mis des hommes compétents, quelle que soit leur origine, ce qui tend à mettre les grands féodaux à l’écart. Enfin, il faut noter que, pour la première fois, le fils du roi n’est pas sacré du vivant de celui-ci. La dynastie capétienne n’apparaît plus contestable dans ses droits à la couronne.
En Espagne, les soldats français sont décimés par la malaria. Leur flotte est coulée, c’est la débâcle. Le roi lui-même tombe malade. Il parvient pourtant à regagner Perpignan, où il meurt le 5 octobre. Le règne de Philippe III, quoique placé sous le signe du deuil et de la défaite, a vu se continuer la politique d’extension du domaine royal. En même temps ont émergé des légistes méridionaux qui, nourris de droit romain, l’imposeront peu à peu aux mentalités franques du Nord. À l’inverse, le style gothique a pénétré dans le Midi, où l’on commence à bâtir les cathédrales de Narbonne, Toulouse, Rodez, Albi.
Surnommé Auguste car né au mois d août, Philippe II est un homme taillé pour sa charge, tant sur le plan physique que moral. Il reprend la lutte contre les seigneurs féodaux, mais cette fois avec succès. Par le traité de Boves (1185), il prend possession de l'Artois, du Vermandois et d'Amiens. Il soutient Richard Cœur de Lion contre Henri II d'Angleterre, et s'embarque avec lui pour la troisième croisade en 1190. Richard est redevable à Philippe de l'avoir soutenu contre son père Henri II, mais tout sépare les deux hommes. Richard est un roi raffiné, alors que Philippe Auguste ne dissimule pas son caractère rude. Philippe Auguste revient seul en France et profite de l’enlèvement de Richard par l'empereur germanique pour envahir la Normandie. Cette première tentative échoue et il lui faudra attendre le règne de Jean sans Terre, le nouveau roi d'Angleterre, pour prendre effectivement possession de la terre normande. La Touraine, l'Anjou, le Maine, le Poitou, le Vermandois, le Valois rejoignent successivement l'escarcelle royale. Avide de revanche, Jean sans Terre fonde une coalition qui associe les comtes de Flandre, de Boulogne, de Hollande, les ducs de Lorraine, de Brabant, de Limbourg et l'empereur germanique Otton de Brunswick. Philippe Auguste remporte la bataille de Bouvines en 1214, une victoire qui le fait entrer dans l'histoire. Il tente de poursuivre le combat en Angleterre, mais sans succès. La croisade contre les cathares (ou albigeois) constitue une excellente occasion pour étendre la zone d'influence royale au sud de la France. C'est également sous le règne de Philippe Auguste que sont menées les troisième, quatrième et cinquième croisades. Le roi a considérablement étendu son domaine et contrôle davantage le territoire. Il dénie aux féodaux le droit de le représenter, et choisit des hommes plus efficaces, le plus souvent d'origine relativement modeste. Il crée les baillis, supprime la charge de sénéchal, remplace le chancelier par un garde des sceaux. Philippe Auguste fait de Paris la capitale du royaume et fonde la première forteresse du Louvre. Les rues sont pavées, l’université est instituée et il confie aux templiers la gestion du Trésor royal. Une fois encore, la vie sentimentale du souverain sera prétexte à une longue lutte contre la papauté. Quand survient le décès d’Isabelle de Hainaut (qui lui a donné son fils Louis), il prend pour nouvelle épouse Ingeburge, fille du roi de Danemark, qu’il répudie rapidement pour convoler avec Agnès de Méranie. L’infortunée Ingeburge est jetée dans un couvent avant d’être enfermée dans diverses prisons. Le pape Innocent III condamne cette union et jette l’interdit sur le royaume en 1199. Selon le souverain pontife, il n’est pas seulement question d’adultère dans cette affaire, mais aussi de bigamie. Philippe II est contraint de reprendre Ingeburge comme légitime épouse, mais il la maintient emprisonnée. Il faudra attendre la mort d’Agnès pour que le roi rappelle Ingeburge auprès de lui en 1212. Les rapports entre les époux resteront toutefois protocolaires et distants. À sa mort, Philippe Auguste a fait de la dynastie capétienne la plus prestigieuse d’Occident.
Philippe II Auguste (1165-1223) ; roi de France [1180-1223].
Né à Paris le 21 août 1165, mort à Mantes le 14 juillet 1223, P. est le fils de Louis VII et de sa troisième épouse Adèle de Champagne. Il est sacré du vivant de son père le 1er novembre 1179 à Reims. Il épouse le 28 avril 1180 Isabelle de Hainaut, nièce de Philippe d’Alsace, comte de Flandre. À la mort de Louis VII, le comte de Flandre prend d’abord la régence, mais P. ne tarde pas à se brouiller avec lui et à regrouper les féodaux mécontents. Le jeune roi bat ses adversaires, leur impose la paix et la cession de l’Amiénois et du Vermandois. Les hostilités sont ensuite entamées avec les Plan-tagenêts. Les tentatives anglaises pour s’emparer du Languedoc font éclater le conflit (1187). P. manoeuvre Richard Coeur de Lion et Jean sans Terre contre leur père, Henri II, qui meurt dans le désespoir (1189). L’année suivante, le roi part en Terre sainte avec Richard Coeur de Lion. Mais après la prise de Saint-Jean-d’Acre (juill. 1191), il quitte la Terre sainte et, de retour dans son royaume, envahit la Normandie. Richard Coeur de Lion demeure d’abord en Terre sainte puis au retour est fait prisonnier par le duc d’Autriche. Il ne sort de prison qu’en mars 1194 mais entame aussitôt la guerre contre P. Il lui inflige la défaite de Courcelles (1198), fait bâtir Château-Gaillard mais trouve la mort au siège de Chalus (1199). Jean sans Terre lui succède. P. lui suscite un rival en la personne d’Arthur de Bretagne, fils de Geoffroy, fils aîné d’Henri II. Le traité du Goulet (22 mai 1200) et le mariage de Louis, fils aîné du roi et futur Louis VIII, et de Blanche de Castille, nièce de Jean, arrêtent un temps les hostilités. Cependant, dans la querelle entre Jean sans Terre et Hugues de Lusignan, les barons poitevins font appel au roi de France. Jean sans Terre est condamné à voir ses fiefs de France confisqués (avr. 1202). P. occupe alors le Maine, la Normandie et la Touraine. Rouen tombe en 1204. La querelle de Jean sans Terre avec Innocent III et la déposition du roi d’Angleterre en 1212 rallument l’ambition de P. Mais, déçu par la réconciliation des deux parties, il va attaquer le comte de Flandre Ferrand, qui se rapproche du roi d’Angleterre et de Renaud de Dammartin, comte de Boulogne. La campagne de 1213-1214 provoque la formation d’une coalition contre P., composée de Renaud de Dammartin, du comte de Flandre, de l’empereur Otton de Brunswick, dont le rival Frédéric II est allié au roi de France. Le roi les bat à Bouvines (27 juill. 1214) tandis que Jean sans Terre fuit devant le prince Louis en Poitou (victoire de La Roche-au-Moine, 2 juill. 1214). À la faveur d’une révolte des barons anglais, le prince Louis débarque même en Angleterre. Mais la mort de Jean sans Terre sauve la monarchie anglaise, devenue fief de la papauté. P. connaît de longs démêlés matrimoniaux. Veuf d’Isabelle de Hainaut, mère de Louis VIII (1189), il épouse Ingeborge de Danemark (14 août 1193). Mais il la répudie dès le lendemain du mariage et il épouse ensuite Agnès de Méranie dont il a deux enfants, Philippe Hurepel et Marie, sans même compter un bâtard, Pierre Chariot, né d’une « demoiselle d’Arras ». Le roi est vite excommunié par Innocent III, doit abandonner Agnès et reprendre Ingeborge (sept. 1200). P. se soumet en apparence et obtient en échange la reconnaissance des enfants qu’il avait eus d’Agnès de Méranie. Il ne participe pas à la croisade des Albigeois, laissant son fils s’y rendre. P. élargit très sensiblement le domaine royal et les ressources financières de la royauté. Il institue pour la gestion du domaine le corps des baillis (ou sénéchaux dans le sud de la France). Le roi est aussi un bâtisseur : à Paris, il construit le Louvre et la muraille qui porte son nqm. Mais il construit aussi des donjons à Dourdan, Yèvre-le-Chatel, Gisors, Vernon ou Montlhéry. Célébré par Rigord et Guillaume le Breton, le Capétien perd maintenant tout complexe vis-à-vis des Carolingiens : le mariage avec Isabelle de Hainaut permet de réintroduire du sang carolingien dans la lignée (redditus ad stirpem Karoli). La monarchie, affermie et enrichie, va pouvoir s’imposer à la tête des nations chrétiennes : P. est le premier roi capétien depuis 987 qui n’ait pas éprouvé la nécessité de faire couronner son fils et successeur de son vivant.
Bibliographie : J. Baldwin, Philippe Auguste, 1991.
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