Philippe AVRIL

Philippe AVRIL Né en 1954 à Paris. Estraburgo de Chile (1980-1981), De retour (cm, 1984). Estraburgo de Chile, réalisé et produit par Philippe Avril pour le compte de l’ADRECAL (Atelier pour le développement de recherches et de créations cinématographiques en Alsace), n’a pas connu de distribution nationale. Il a été présélectionné pour Cannes puis non retenu, et n a été officiellement exploité en salle qu’à Strasbourg. Cela est regrettable, car ce film est remarquable. Il donne à voir et à écouter deux femmes chiliennes, victimes du régime Pinochet, exilées dans la capitale européenne. La première, Grimilda, est montrée face à un magnétophone qui reproduit sa déposition au tribunal Russell à Rome en avril 1974. Elle l’interrompt chaque fois qu’une déclaration lui inspire un commentaire supplémentaire pour le compte de deux auditeurs sympathisants. La seconde, Bernada, fait de même à partir d’un enregistrement vidéo. Le tout est entrecoupé de photos, de coupures de presse relatives au sujet, de plans noirs ou blancs qui soulignent pertinemment la brisure que représente cet exil. La force du film, outre sa valeur de document sans concession, vient du fait que n’apparaît aucune image réalisée au Chili. Ainsi le titre est fort douloureusement justifié. Strasbourg s’est par la force des choses substituée à Santiago. Depuis, Philippe Avril survit tant bien que mal entre ses projets et ses multiples activités de vidéaste. Passionné par un sujet qui obsède l’Alsace, les «malgré-nous» (les Alsaciens incorporés de force dans l’armée allemande lors de la dernière guerre), il a recueilli en vidéo quelque soixante-dix heures de témoignages d’une valeur historique certaine. Mais il n’est parvenu à ce jour qu’à en tirer un premier montage de vingt-cinq minutes, De retour, dans lequel un ancien projectionniste raconte sa malheureuse expérience avec une objectivité et une philosophie qui vont droit au cœur.