PERRAULT Charles
PERRAULT Charles 1628-1703 Tout le monde le connaît, bien sûr, pour ses Contes (Histoires et Contes du Temps passé avec des Moralités, paru en 1697). Mais qui sait que beaucoup d’entre eux furent rédigés en vers (La Peau d’Ane, Grisélidis) et que souvent, dans ceux en prose, figurent des passages versifiés (les moralités)? C’est qu’avant de se mettre aux contes, (sur le tard) il avait déjà produit pas mal de poèmes, des odes de circonstances, qui, il faut le dire, n’auraient pas sauvé son nom de l’oubli.
Charles Perrault, né à Paris le 12 janvier 1628 dans une famille de bourgeois aisés, proches du jansénisme, fait des études de droit et devient, pendant dix ans, le commis de son frère auquel la famille a acheté une charge de receveur des Finances, à Paris. Avec ses autres frères, Claude (littérateur, naturaliste et architecte de la colonnade du Louvre et de l'Observatoire) et Nicolas, il s'amuse à transcrire en français des auteurs latins. Colbert, qui l'a pris sous sa protection, le désigne pour former un cabinet des devises et médailles, berceau de ce qui deviendra l'Académie des inscriptions et belles-lettres, et le nomme premier commis de la surintendance des Bâtiments du roi. Il trace les plans de l'Académie de peinture et de sculpture. En 1671, ce « ministre de la Culture » d'avant l'heure qui distribue les pensions aux artistes, supervisant tout ce qui contribue à la gloire du Roi-Soleil, est admis à l'Académie française (dont il a modifié les règlements afin qu'elle soit mieux contrôlée par le pouvoir). L'année suivante, il épouse, à 44 ans, une jeune fille de 18 ans dont il aura quatre enfants en cinq ans ; elle meurt peu après la naissance du dernier et Charles Perrault doit élever seul sa progéniture, tout en soutenant son frère Pierre, tombé en disgrâce à la suite d'un scandale financier. 11 n'en poursuit pas moins sa brillante carrière même si, en 1683, il perd sa charge : Colbert l'a attribuée à son propre fils. Bon courtisan, il publie en 1687 son poème Le Siècle de Louis le Grand où il exalte l'époque contemporaine aux dépens de l'Antiquité, et dont il développe l'idée dans son Parallèle des Anciens et des Modernes (1688), ouvrage qui a un grand retentissement et qui donne le signal de la querelle des Anciens et des Modernes. Charles Perrault, qui a renoncé à la haute administration pour se consacrer aux travaux littéraires, s'amuse à écrire des contes en s'inspirant de légendes du folklore, pour distraire son fils Pierre, un enfant difficile. Il va jusqu'à les publier, mais sous un pseudonyme, car le genre littéraire est considéré peu sérieux par ses doctes collègues de l'Académie. Les Contes de ma mère l'Oye, en 1697, enchantent leurs premiers lecteurs (ce n'est qu'en 1724, après sa mort, que ces contes seront publiés sous le nom de leur auteur). Ils sont alors attribués à Pierre Perrault, le fils, qui après avoir tué un voisin lors d'une rixe s'engage dans l'armée royale et trouve la mort en 1700, au grand chagrin de son père, qui lui survit trois ans. Charles Perrault, qui a aussi laissé des Poésies et des Mémoires, meurt à Paris le 16 mai 1703. Si son œuvre littéraire « sérieuse » est aujourd'hui oubliée, ses Contes, redécouverts au XIXe siècle, ont depuis lors un succès mondial jamais démenti : le Chat botté, le Petit Chaperon rouge, Barbe-Bleue, Cendrillon, le Petit Poucet ou Peau d'Âne sont devenus des personnages universels de l'imaginaire enfantin (fréquemment exploités par le cinéma) et, pour les adultes, des chefs-d'œuvre de la langue classique.
PERRAULT Charles. Écrivain français. Né et mort à Paris (12 janvier 1628-16 mai 1703). Il fut élève au collège de Beauvais, et dès sa jeunesse s’intéressa vivement à la littérature. Avec son ami Baurin et ses deux frères : Claude, qui devint médecin et architecte, et Nicolas, futur théologien, il composa, alors qu’il était encore au collège, une Enéide travestie qui ne manque pas d’agrément. Avocat au barreau de Paris en 1651, il occupa ensuite divers postes d’administration et d’État. De 1654 a 1664, il fut commis dans l’Administration de la Recette générale des Finances dirigée par son frère Pierre, premier commis de Colbert, le protecteur de la famille Perrault. Charles Perrault fut par la suite contrôleur général de la surintendance des bâtiments du roi, membre de la commission chargée de rédiger des inscriptions pour les monuments publics, qui devint plus tard l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, enfin membre de l’Académie Française (1671) en remplacement de J. de Montigny. Entre-temps il fréquenta les salons, où son esprit et son amabilité étaient fort prisés de ses contemporains. Il ne dédaigna pas non plus de se livrer aux coquetteries poétiques, et compta parmi ses amis Benserade, qui le soutint dans ses querelles. Ce fut vers cette même époque (1660) que Perrault écrivit les poèmes intitulés Le Miroir ou la métamorphose d’Orante et La Chambre de justice d'amour. A peine reçu à l’Académie Française, il prit une grande part aux délibérations de cette compagnie. Colbert lui avait officieusement confié une tâche qui servirait dans les lettres la politique de prestige dont il avait besoin pour établir et élargir l’autorité et le rayonnement du règne. Perrault fut aidé dans ce travail par le poète officiel Chapelain. Il amorça une réforme dans l’organisation de la compagnie et le recrutement des académiciens; dès le 13 janvier 1672, les séances de l’Académie furent publiques. Cependant, bien qu’il travaillât beaucoup et fût puissamment soutenu, Perrault s’attira l’animosité d’autres groupes, en particulier celui de Boileau et ses partisans. La querelle éclata lorsque Perrault lut à l’Académie, le 27 janvier 1687, un poème — assez médiocre du reste — intitulé Le Siècle de Louis le Grand. Perrault s’y attachait à montrer la supériorité des auteurs modernes sur les anciens; Boileau, Racine et d’autres l’ayant tourné en ridicule, il développa longuement son plan et ses théories dans le Parallèle des Anciens et des Modernes (1688-1697, 4 vol.). Perrault y défend un état nouveau des mœurs, des formes nouvelles du goût plus qu’une politique; voyant dans la société française et ses progrès un merveilleux épanouissement, il demande à la littérature d’exprimer cet esprit, cette délicatesse qu’il ne trouvait pas chez les écrivains anciens. Boileau fut le champion des anciens et le défenseur de ses amis contemporains. A ses sarcastiques Réflexions sur Longin, Perrault répondit par une Apologie des femmes (1694). La querelle se poursuivit même après la réconciliation des deux chefs de file (1700), et la doctrine selon laquelle les arts ne cessent de se perfectionner par une révolution scientifique anime l’esprit de la Digression sur les Anciens et les Modernes (*) de Fontenelle. Au sortir de cette grande polémique, qui fut un peu celle du siècle, Perrault donna Les Hommes illustres qui ont paru en France pendant ce siècle, avec leur portrait en nature (1696-1700, 2 vol.), ouvrage biographique de peu de valeur mais contenant de belles gravures. Ce fut en 1697 qu’il fit paraître l’ouvrage auquel il doit sa célébrité : Histoire et contes du temps passé avec des moralités, également désignés sous le nom de Contes de ma mère l’Oye. Pensant qu’il eût manqué de sérieux de le publier sous son nom, Perrault le fit paraître sous celui de son fils et le dédia à la Grande Mademoiselle. Ces récits se retrouvent dans la tradition populaire, mêlée elle-même à une tradition hermétique : épreuves, métamorphoses, sommeils. La plupart de ces histoires ont donné lieu à des transcriptions et des refontes dont les plus connues sont celles des frères Grimm, de Tieck et de Maeterlinck. Les récits les plus populaires, peut-être aussi les plus beaux, tels Barbe-Bleue, La Belle au bois dormant, Cendrillon, ont souvent été mis en musique depuis Rossini et Offenbach jusqu’à Dukas et Bartok. Les autres œuvres de Perrault sont d’un intérêt très secondaire : La Marquise de Salusse ou La patience de Griselidis (1691), Saint Paulin (1686), Adam ou la création de l’homme (1697), Le Cabinet des Beaux Arts (1690), recueil d’estampes. Perrault écrivit aussi une petite comédie en trois actes, L’Oublieux, publiée seulement en 1868. Ses Mémoires (1755) renferment une foule de renseignements sur le ministère de Colbert. ♦ «Le hasard m’a fait lire, un de ces jours, les Contes de Perrault, qu’on fait lire, m'a t-on dit, à tous les enfants... Il y en a en vers; il y en a en prose. Il est bon d’avoir vu une fois en sa vie ces ouvrages et ceux de semblable démence pour reconnaître jusqu’où l’esprit humain peut aller quand il marche à quatre pattes, » André Chénier. ♦ " Charles Perrault n ’est pas seulement auteur de ces jolis Contes, il a été de son temps un homme à idées neuves, à inventions, fertile en projets et en entreprises, tourné vers l’avenir, confiant au génie moderne et, dans sa querelle avec les plus illustres partisans de l’Antiquité, il n’a été qu’à demi battu. Que dis-je ? à voir les résultats croissants de la civilisation dans les arts et dans l’industrie, on peut dire que Perrault triomphe. » Sainte-Beuve. ▼ « Il n’y a dans toute notre littérature que La Fontaine qui ait senti comme [Perrault]/a poésie du terroir, le charme robuste et profond des choses domestiques. » Anatole France.
PERRAULT, Charles (Paris, 1628-id., 1703). Écrivain français. Il doit sa célébrité aux contes, écrits pour l'amusement des enfants (Contes de ma mère l'Oye, 1697), qui inaugurèrent le genre littéraire des contes de fées. Contrôleur général de la surintendance des Bâtiments, protégé par Colbert, il s'illustra aussi à l'Académie française dont il était membre depuis 1671 dans la querelle des Anciens et des Modernes qui agita le monde des lettres à la fin du XVIIe siècle. Hostile aux tenants de l'imitation des Anciens comme Boileau, Perrault prit parti pour les Modernes (Le Siècle de Louis le Grand, 1687 ; Parallèle des Anciens et des Modernes, 1688-1698).