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pensée

pensée, tout ce dont nous avons conscience. — La pensée désigne plus particulièrement l'acte de réfléchir (« Penser, c'est juger », dit Kant) ou le produit de la réflexion (les Pensées de Pascal). Le problème de la nature et de l'origine de nos pensées, qui est le problème ultime de toute réflexion, n'a été directement abordé que par Spinoza (dans le deuxième livre de l'Ethique), par Fichte (dans la Théorie de la science) et Heidegger (dans Qu'est-ce que penser?). Il apparaît que l'analyse de la pensée humaine et la réflexion sur sa propre activité constituent la voie la plus féconde pour accéder à la connaissance de l'être absolu ou Dieu. On distingue, en toute rigueur, la notion de « pensée », qui est réflexive, et celle de « connaissance », qui porte immédiatement sur un objet réel (le monde, les hommes, etc.) et n'implique pas nécessairement la réflexion.
PENSEES, titre sous lequel ont été publiées, en 1670, les fiches et les notes qu'avait réunies Pascal en vue d'un grand ouvrage consacré à l'Apologie de la religion chrétienne. Sa maladie et sa mort en avaient interrompu la composition. Pascal s'y adresse à un « libertin », dont il veut éveiller l'inquiétude en lui montrant la misère de l'homme sans Dieu. Il y emploie, pour ce faire, les ressources de la persuasion (esprit de finesse) et de la démonstration (esprit de géométrie). Pascal décrit la situation de l'homme entre les deux infinis (l'infiniment grand et l'infiniment petit), l'obstacle à la réflexion véritable, que constituent l'« amour-propre » et les préjugés, et la fuite de l'homme, devant la misère de sa condition, dans le « divertissement ». Pourtant, malgré sa misère, l'homme est grand par son esprit; c'est un « roseau, mais un roseau pensant ». Abîme de grandeur et de petitesse, ni ange ni bête, énigme vivante, l'homme ne trouvera l'explication de lui-même que dans la religion. Pour entrer dans la religion, il faut faire un pari pour Dieu. L'ouvrage s'achève sur la figure rayonnante du Fils de Dieu, sur une mystique du cœur, qui « a ses raisons que la raison ne connaît pas ». C'est là l'ultime aboutissement de toute vie chrétienne. Ce livre admirable est de ceux qui ont soulevé les commentaires les plus passionnés.
PENSÉE
A chaque sens pensée désigne l’ensemble (la pensée) ou un élément (une pensée).
1. Sens global : tous les phénomènes de conscience quelle que soit leur nature — idées, sentiments, volontés ou sensations — parce qu’ils sont saisis par l’esprit (quand je réfléchis, j'aime, je décide ou je ressens, j'ai conscience de ces activités, donc elles font partie de ma pensée).
2. Sens plus restreint : les phénomènes de connaissance — sensation, mémoire, imagination, raisonnement. Se trouvent donc exclus les sentiments et les volontés, que le sens 1 incluait.
3. Spécialement connaissance de type rationnel. Synonyme d’entendement , de raison.
Pensée
Du latin pensare, « peser », « apprécier » [correspond au latin cogitare]
- Au sens large (chez Descartes), se dit de toute activité de l’esprit, y compris le vouloir. - Au sens strict, activité proprement intellectuelle de l’homme, connaissance par concepts. • « Par le nom de pensée, précise Descartes, je comprends tout ce qui est tellement en nous que nous en sommes immédiatement conscients », à savoir toute opération de la volonté, de l'entendement, des sens ou de l'imagination. • Chez Spinoza, la pensée est, avec l'étendue (ou la matière), l'un des deux seuls attributs de la substance que l’homme puisse connaître. • Pour Alain, l'exercice rigoureux de la pensée nous permet d'éloigner les tentations de la croyance : « penser, c'est dire non ».
PENSÉE, n.f. (du latin pendere, «peser; réfléchir»).
1° Activité de l’esprit humain dans son sens large. La pensée comprend tous les phénomènes de la vie psychique consciente.
2° Activité de l’esprit tournée volontairement vers la réflexion, vers la connaissance, vers l’étude ou l’intelligence des choses. Dans ce sens, la pensée s’oppose à la fois à l’action (l’esprit est centré sur l’objet de sa réflexion) et à l’affectivité (l’activité cérébrale met de côté les mouvements du cœur ou de l’instinct; elle élimine le sentiment, la passion, pour ne faire place qu’à la raison pure).
3° Contenu, système d’idées, concepts généraux élaborés par l’activité de pensée (au sens précédent). Ce contenu peut rester intérieur (l’être pensant aboutit à telle conception qui sera sa pensée), être communiqué oralement, ou faire l’objet d’ouvrages publiés. La pensée de Rousseau, dans L'ensemble de son œuvre, c'est que... Les grands courants de la pensée moderne. «La pensée d'un homme est avant tout sa nostalgie» (Camus). Synonymes : conception, philosophie, doctrine.
4° Formule brève, particulièrement soignée, qui exprime une idée, un point de vue, une réflexion d’un auteur. Une pensée de Vauvenargues, une pensée de Nietzsche. Voir Aphorisme, Adage, Maxime. Les Pensées de Pascal (ce titre n’est pas de Pascal, l’œuvre étant restée inachevée) comprennent à la fois des développements de plusieurs pages, des extraits plus courts et des formules ramassées. Ce titre renvoie ainsi aux sens n° 3 et n° 4 (réflexion d’ensemble; aphorisme précis). Même si certaines «pensées» sont célèbres, la pensée de Pascal va toujours plus loin que les « pensées» qu’on extrait de son ouvrage.
PENSEE. Fonction psychologique fondamentale, rationnelle qui < établit une connexion conceptuelle entre les contenus représentatifs >. C’est une activité aperceptive qui peut être active ou passive. La pensée active est un acte volontaire qui soumet les contenus représentatifs à un jugement. Elle correspond au concept de pensée dirigée que Jung appelle intellect. La pensée passive est un déroulement où < des rapports conceptuels s’ordonnent et des jugements se forment >, parfois en opposition avec l’intention du sujet. Jung l’a ultérieurement appelée pensée intuitive puis intuition intellectuelle, car son premier temps est irrationnel. La pensée extravertie est empirique, s’orientant vers des données objectives et pratiques ; elle est constructive. La pensée introvertie est essentiellement spéculative.
PENSEE nom fém. - Sens littéraire. Idée exprimée de manière brève et frappante. ETYM. : du latin pendere = « peser », « réfléchir ». Biaise Pascal est l’auteur d’un célèbre ouvrage intitulé Pensées dans lequel il expose ses réflexions sur la culture, la politique, la morale ou la religion sous forme de remarques qui vont de la très brève notation à des développements de plusieurs pages. Le caractère fragmenté et éclaté de l’ouvrage n’est dû, cependant, qu’à son inachèvement. Pascal n’entendait pas publier un recueil de « pensées », mais une apologie du christianisme : ses remarques auraient dû, à terme, s’intégrer dans un ouvrage structuré. A la différence de Pascal, mais en prenant paradoxalement modèle sur lui, un écrivain peut choisir de s’exprimer sous forme de « pensées ». —> AphorismeFragmentSentence 

PENSÉE (n. m.) 1. — (Lato) Tout ce qui est vécu par une conscience humaine ; toute activité purement mentale d’un sujet : « Par le mot de pensée, je comprends tout ce qui est tellement en nous que nous en sommes immédiatement connaissants. Ainsi, toutes les opérations de la volonté, de l’entendement, de l’imagination et des sens sont des pensées » (Descartes). 2. — Faculté de connaître, de comprendre, de juger, de raisonner, qui est censée caractériser l’homme par opposition à l’animal ; Syn. entendement, raison ; le résultat de cette faculté, c.-à-d. les phénomènes psychiques à caractère cognitif. 3. — Hypo-stase de 1 ou 2, type de réalité opposé à la matière. 4. — Ce qu’exprime ou signifie un énoncé ling. Rem. : pour les class., Syn. en ce sens (Vidée conçue comme événement psychique, mais, auj., désigne plutôt ce que veut dire une expression ling., sans référence part, à la conscience (cf. anglais meaning) : « J’appelle pensée (ail. Gedanke) ce dont on peut demander s’il est vrai ou faux [...]. Je dirai : la pensée est le sens d’une proposition, sans affirmer pour autant que le sens de toute proposition soit une pensée » (Frege).