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PEGUY Charles

PEGUY Charles 1873-1914
Né à Orléans, dans un milieu très modeste (sa mère est rempailleuse de chaises), orphelin de père presque à sa naissance, il fait de très bonnes études qui le mènent, en 1894, à l’Ecole Normale Supérieure. En 1897 paraît sa Jeanne d’Arc, un drame en trois pièces, commencé quelques années plus tôt. L’année suivante, après un échec à l’agrégation de philosophie, il abandonne l’université pour se consacrer aux lettres, avec notamment la fondation, en 1900, des Cahiers de la Quinzaine où il écrira jusqu’en 1914 — il y publiera en fait toute son œuvre. En 1908, Péguy, qui depuis 1895 est socialiste, annonce à ses amis qu’il a retrouvé la foi catholique. En 1910, les Cahiers publient Le Mystère de la Charité de Jeanne d’Arc — le mystère est une ancienne forme théâtrale très en vogue au Moyen-Age; ils étaient représentés sur les parvis des cathédrales —, en 1911: Le Porche du Mystère de la Deuxième Vertu, en 1912: Le Mystère des Saints Innocents. Jusqu’alors son œuvre est écrite en prose poétique; en 1912 Péguy fait ses débuts en vers: Le Correspondant donne de lui des sonnets (Les Sept contre Thèbes, L’Opinion, Châteaux de Loire et, en décembre, les Cahiers publient La Tapisserie de Sainte Geneviève et de Jeanne d’Arc — la tapisserie apparaît comme une forme composée de très longues strophes sur le même thème et avec les mêmes rimes. Cette même forme est utilisée en 1913 dans la Tapisserie de Notre-Dame (qui contient la célèbre présentation de la Beauce à Notre Dame-de-Chartres). En 1913, toujours, dans le numéro de décembre, Péguy publie sa plus longue œuvre en vers: Eve. Le 4 août 1914, Péguy prend le train avec les réservistes de la région parisienne. Il est lieutenant au 276ème régiment d’infanterie. Sa compagnie, d’abord dirigée sur l’Est, est amenée en train vers Montdidier à la fin août mais doit battre en retraite. Le 5 septembre, Péguy est tué d’une balle au front en même temps qu’un grand nombre d’hommes de sa compagnie, à Villeroy, à 22 km de Paris. On peut aimer ou non Péguy, le personnage, le polémiste. Mais comment être insensible à l’incantation, qui est l’essence de sa poésie, à la monotone répétition qui fait de ses œuvres un «fleuve lent et large» — certains diraient «tranquille» — à son lyrisme nostalgique, aux inventions verbales et aux métaphores qui viennent émailler le cours régulier de l’œuvre même si, parfois, on éprouve le sentiment de s’y ennuyer un peu.