Zola, La Curée, chapitre III: Cependant la fortune des Saccard semblait à son apogée. Commentaire
Publié le 19/12/2021
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«
Zola, La Curée , chapitre III .
Cependant la fortune des Saccard semblait à son apogée.
Elle
brûlait en plein Paris comme un feu de joie colossal.
C'était l'heure
où la curée ardente emplit un coin de forêt de l'aboiement des
chiens, du claquement des fouets, du flamboiement des torches.
Les
appétits lâchés se contentaient enfin, dans l'impudence du triomphe,
au bruit des quartiers écroulés et des fortunes bâties en six mois.
La
ville n'était plus qu'une grande débauche de millions et de femmes.
Le vice, venu de haut, coulait dans les ruisseaux, s'étalait dans les
bassins, remontait dans les jets d'eau des jardins, pour retomber
sur les toits, en pluie fine et pénétrante.
Et il semblait, la nuit, lorsqu'on passait les ponts,
que la Seine charriât, au milieu de la ville endormie, les ordures de la cité, miettes tombées
de la table, noeuds de dentelle laissés sur les divans, chevelures oubliées dans les fiacres,
billets de banque glissés des corsages, tout ce que la brutalité du désir et le contentement
immédiat de l'instinct jettent à la rue, après l'avoir brisé et souillé.
Alors, dans le sommeil
fiévreux de Paris, et mieux encore que dans sa quête haletante du grand jour, on sentait
le détraquement cérébral, le cauchemar doré et voluptueux d'une ville folle de son or et
de sa chair.
Jusqu'à minuit, les violons chantaient ; puis les fenêtres s'éteignaient, et les
ombres descendaient sur la ville.
C'était comme une alcôve colossale où l'on aurait soufflé
la dernière bougie, éteint la dernière pudeur.
Il n'y avait plus, au fond des ténèbres, qu'un
grand râle d'amour furieux et las ; tandis que les Tuileries, au bord de l'eau, allongeaient
leurs bras dans le noir, comme pour une embrassade énorme.
Zola : grand auteur du XIXe siècle.
Écrivain naturaliste, père des Rougon-Macquart,
Histoire naturelle et sociale d'une famille sous le Second Empire .
Grande projet regroupant
vingt romans > Zola: « Les Rougon-Macquart personnifieront l’époque, l’Empire lui-
même ».
La Curée (1872) d’Émile Zola est le deuxième volume de la série Les Rougon-
Macquart.
Roman qui a pour personnage principal est Aristide Rougon, dit Saccard, qui va faire
une rapide fortune en spéculant sur les futurs terrains à bâtir à l'époque des grands travaux
menés à Paris par le baron Haussmann.
Dans cet extrait, le narrateur raconte l'ascension sociale de Saccard et les relations entre
les personnages.
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