Zimbabwé (2005-2006): Une opposition démantelée
Publié le 30/09/2020
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Zimbabwé (2005-2006): Une opposition démantelée
Depuis les élections législatives de mars 2005, la ZANU-PF (Union nationale
africaine du Zimbabwé-Front patriotique), parti du président Robert Mugabe (82
ans, au pouvoir depuis 1980), a pu se réjouir de l’affaiblissement de toute
forme d’opposition.
En mai 2005, le gouvernement a lancé l’opération Murambatsvina (« nettoyage des
ordures »), qui a consisté d’abord à envoyer les forces de police contre les
vendeurs informels de Hararé, à les déporter en zone rurale ou en périphérie
urbaine, puis à raser les camps « illégaux » de la capitale et des principales
villes.
700 000 personnes ont ainsi vu leurs logements détruits.
Détourner
l’attention des conflits liés à la succession de R.
Mugabe au sein de la
ZANU-PF, et démanteler des bastions du MDC (Mouvement pour la démocratie et le
changement, principal parti d’opposition) ont semblé expliquer cette opération.
Le MDC, qui avait suscité l’espoir d’une alternance politique, a été en outre
affaibli par une scission entre les partisans d’une poursuite légale de la lutte
dans le cadre électoral et les tenants d’une mobilisation populaire.
La rupture
est intervenue en octobre 2005 sur la question de la participation du parti aux
élections sénatoriales (le Sénat a été réintroduit en 2005 par une réforme
constitutionnelle).
Morgan Tsvangirai, président du MDC, favorable au boycott,
s’est opposé à la majorité de ses cadres, lesquels l’ont accusé d’adopter un
comportement dictatorial.
Le camp « pro-participation » a présenté des candidats
au scrutin sénatorial, n’obtenant que 8 sièges, contre 43 à la ZANU-PF.
Deux
mouvements sont apparus depuis : l’un dirigé par M.
Tsvangirai (pourtant exclu
du parti), l’autre par Arthur Mutambara (élu en février 2006).
Cet ingénieur
formé aux États-Unis, ancien cadre de groupes financiers, s’est présenté comme
un intellectuel de retour d’exil, sans bénéficier du charisme de M.
Tsvangirai,
qui a tenu, en mai 2006, une série de meetings appelant à des manifestations de
masse contre le régime.
Ces soubresauts politiques se sont déroulés dans un contexte économique toujours
plus dramatique : à la mi-2006, 80 % des actifs sont demeurés sans emploi,
l’inflation a atteint plus de 1 000 %, 4,6 millions de personnes n’ont survécu
que grâce à l’aide alimentaire, plus de quatre millions de Zimbabwéens ont
émigré, l’espérance de vie a chuté à 34 ans, la plus faible du monde, du fait de
l’épidémie de VIH-sida, de l’effondrement des services de santé, de la
malnutrition.
Celle-ci est devenue omniprésente depuis la prétendue réforme
agraire de 2000, qui a consisté à redistribuer les terres possédées par des
fermiers blancs à de soi-disant « anciens combattants » de la guerre de
libération, ainsi qu’à des proches du régime.
Difficile, au vu de la situation à la mi-2006, d’entrevoir la source d’un
changement : la ZANU-PF ne semblait pas en mesure de se réformer de l’intérieur,
l’opposition était à nouveau divisée, la communauté internationale n’avait que
peu de prise sur la situation et le voisin sud-africain, malgré les critiques
pressantes, poursuivait dans la voie de la quiet diplomacy, refusant
d’intervenir plus vigoureusement..
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