Zimbabwé (2002-2003): La fuite en avant du régime
Publié le 30/09/2020
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Zimbabwé (2002-2003): La fuite en avant du régime
Réélu en mars 2002 avec 56 % des voix lors d'élections faussées par des fraudes
et des violences qui ont conduit à des sanctions ciblées de l'Union européenne
(UE) et à l'exclusion du Zimbabwé du Commonwealth pour un an, le président
sortant Robert Mugabe et son gouvernement n'ont pas changé leur ligne d'action :
se maintenir au pouvoir coûte que coûte, au risque de voir l'économie du pays
s'effondrer irrémédiablement.
Mais quel sens donner aux indicateurs économiques, quand le taux de chômage
dépasse les 60 %, quand la monnaie s'échange essentiellement au marché noir
(plus de 2 000 dollars Zimbabwé pour 1 dollar des États-Unis) et quand les
principaux secteurs économiques sont quasiment inactifs ? La campagne d'invasion
des terres, lancée début 2000 et transformée en une mascarade de réforme agraire
profitant surtout aux élites du régime, a conduit à une situation de famine.
Seules 15 % des 4 500 fermes commerciales du pays étaient encore actives, alors
qu'elles fournissaient l'essentiel de la production agricole du pays.
Si tous
les pays d'Afrique australe ont réussi à surmonter la sécheresse de 2002, la
moitié de la population du Zimbabwé se trouvait sous sa menace.
L'aide du PAM –
Programme alimentaire mondial – (plus de 500 000 tonnes de maïs) a été détournée
par la ZANU-PF ([Union nationale africaine du Zimbabwé-Front patriotique], au
pouvoir) et distribuée en priorité à ses sympathisants.
Dans le même temps,
l'espérance de vie a continué de diminuer (33 ans selon les statistiques
internationales) et les estimations sérieuses font état d'un taux de
séropositifs de 35 % dans la population adulte.
La gravité extrême de la situation a-t-elle été à l'origine de la fuite en avant
du régime ? Le 21 mars 2003, R.
Mugabe a déclaré qu'il serait «un Hitler noir au
décuple dans la destruction de ses opposants».
Tortures, arrestations,
intimidations et fraudes électorales se sont multipliées.
L'opposition craignait
de voir la ZANU-PF, à l'occasion d'élections partielles, ramener le MDC
(Mouvement pour la démocratie et le changement, parti d'opposition détenant 54
sièges au Parlement) en deçà du seuil de 50 députés déterminant la majorité
stratégique des deux tiers permettant de modifier la Constitution.
Dans un tel
scénario, R.
Mugabe (79 ans) pouvait se retirer en désignant lui-même son
successeur, sans passer par des élections.
Le printemps 2003 a vu les tensions s'intensifier.
Le MDC a organisé, les 18 et
19 mars, une grève générale de deux jours, massivement suivie.
Plusieurs
centaines de militants du parti ont été arrêtés le week-end suivant.
Le ministre
de l'Information a accusé les fermiers blancs d'être derrière le mouvement de
grève et à la solde du gouvernement britannique.
Fin mars, le MDC a pourtant
remporté deux élections législatives partielles dans des quartiers populaires de
Hararé.
Le 31 mars, le vice-président du MDC a été arrêté à Bulawayo, deuxième
ville du pays.
Le 1er juin, un nouveau stay-away a été organisé.
Le lendemain,
le leader du MDC Morgan Tsvangirai a été incarcéré.
L'attitude de la communauté internationale dans ce contexte est restée plus que
timide.
Si l'UE a maintenu ses sanctions, le voisin sud-africain et l'ensemble
des pays de la SADC (Communauté de développement de l'Afrique australe)
continuaient d'adopter une attitude ambiguë, appelant à la réconciliation.
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