Zimbabwé (1998-1999): Contestations de l'engagement militaire au Congo
Publié le 30/09/2020
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Zimbabwé (1998-1999): Contestations de l'engagement militaire au Congo
Le lent effritement du statu quo social (relations entre les différentes
composantes d'une société très inégalitaire) s'est perpétué dans les difficultés
économiques, le malaise de la population et les tiraillements d'une démocratie
de façade.
Dans ce climat, l'engagement dans le conflit au Congo-Kinshasa a
constitué un tournant, ayant déjà pour effet d'amplifier les tensions internes.
L'inflation s'est maintenue au-dessus de 30 % tandis que les taux d'intérêt et
les impôts continuaient d'augmenter et la monnaie de se déprécier.
Les résultats
du secteur industriel (où le taux de chômage dépasse les 40 %) ont été
inférieurs à ceux de 1997, amenant le gouvernement à envisager des restrictions
aux importations.
Pareille mesure marquerait le retour à une politique
s'attaquant plus au symptôme qu'aux causes du mal et remettrait en cause
l'ajustement structurel de l'économie si laborieusement négocié.
Les protestations de la population face à la dégradation de ses conditions de
vie se sont amplifiées aussi bien en ville que dans les zones rurales qui
jusqu'alors conservaient une attitude de retrait.
L'augmentation de 67 % des
prix du carburant et du pétrole domestique a entraîné des émeutes en novembre
1998.
Le lancement d'un parti par Morgan Tsvangirai, le leader de la
confédération des syndicats connu auparavant pour ses positions "apartisanes", a
constitué le meilleur indice de la radicalisation des luttes sociales.
Bien plus
en tout cas que la énième man œuvre de regroupement de l'opposition, récemment
ralliée à la bannière de Margaret Dongo, énergique dissidente du parti dominant.
Le principal sujet de contestation vis-à-vis de la politique gouvernementale a
toutefois été l'implication dans la guerre au Congo.
Le président Robert Mugabe
y a engagé son pays dès le déclenchement du conflit opposant Laurent-Désiré
Kabila aux "rebelles" soutenus par l'Ouganda et le Rwanda, en août 1998.
Il a
utilisé sa position à la tête de la commission chargée des questions de sécurité
au sein de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) pour
justifier son action.
S'il ne manquait pas de produire des déclarations
enflammées sur la solidarité panafricaine, les raisons de son choix n'étaient
pas aussi limpides.
Il cherchait vraisemblablement à prendre une revanche sur
Nelson Mandela et l'Afrique du Sud, qui l'ont éclipsé tant en prestige
diplomatique que dans la concurrence pour les marchés régionaux (en particulier
au Mozambique où l'armée zimbabwéenne avait accompli une mission de maintien de
la paix).
La recherche de profits à court terme au Congo par le biais de proches
ou de clients du président avait d'autre part déjà été prouvée: en particulier
avec la nomination par Kinshasa d'un Zimbabwéen à la tête de la Compagnie
minière Gécamines.
Enfin, cette guerre a détourné l'attention de l'opinion
publique, un peu comme la menace de confiscation des terres des fermiers blancs,
et permettait d'occuper l'armée à l'extérieur, alors que commençaient à poindre
des rumeurs de coup d'État, chose jusque-là impensable au Zimbabwé..
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