Zimbabwé (1989-1990)
Publié le 30/09/2020
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Zimbabwé (1989-1990)
Le Zimbabwé, qui a fêté en 1990 ses dix ans d'indépendance, a vécu en 1989 une
année politique particulièrement agitée, marquée principalement par la perte
rapide de popularité du parti au pouvoir depuis 1980, l'Union nationale
africaine du Zimbabwé (ZANU).
En dépit de tentatives d'intimidation contre la
presse indépendante et l'opposition estudiantine, le pouvoir a lancé une enquête
sur les pratiques d'enrichissement et de détournement de fonds publics
reprochées aux principaux responsables du pays.
Établie en janvier 1989, la
commission Sandura (du nom de son président) a mené, dans le plus pur style
anglo-saxon, une procédure d'enquête exemplaire débouchant notamment sur des
interrogatoires, ouverts au public, de ministres importants.
Les conclusions
implacables de la commission ont conduit à la démission de quatre ministres,
d'un gouverneur de province et au suicide de l'un des principaux leaders du
pays, Maurice Nyagumbo.
Alors qu'un système de parti unique de fait se mettait en place lentement depuis
les accords conclus en décembre 1987 avec l'Union populaire africaine du
Zimbabwé (ZAPU), la corruption des milieux dirigeants a suscité la création d'un
nouveau parti d'opposition, le Mouvement de l'unité du Zimbabwé (ZUM), dirigé
par un ex-membre discrédité de la ZANU, Edgar Tekere.
Le ZUM, qui attaque
notamment le régime sur sa corruption, son projet de réorganisation des
institutions politiques à partir d'avril 1990 et l'absence d'une politique de
redistribution foncière, a tenté de regrouper toutes les formes d'opposition.
Le
pouvoir s'est senti si vulnérable qu'il n'a pas hésité à recourir à la
répression, à l'intimidation et à tout l'arsenal juridique d'exception que lui
procure le renouvellement de l'état d'urgence ; afin d'empêcher que le ZUM ne
s'exprime et ne réalise de bons scores aux élections partielles.
Il est vrai que
les oppositions se sont multipliées, qu'il s'agisse des évêques catholiques qui
critiquent le projet de parti unique, ou même du pouvoir judiciaire qui reproche
ouvertement au législatif et à l'exécutif de ne pas respecter ses décisions.
Bien que les performances globales de l'économie nationale aient été
satisfaisantes et aient notamment permis de rembourser les dettes contractées
par l'État, le pays a souffert d'une insuffisance d'investissement.
L'augmentation rapide du chômage (30% de la population active) et la stagnation
du pouvoir d'achat ont encore renforcé le mécontentement de la population.
La
nouvelle politique économique et, notamment, les règles beaucoup plus
attractives et protectrices relatives à l'investissement, ainsi que la
modération des positions diplomatiques du pays, ne pourront donner de résultat
qu'à moyen terme.
Cette ambiance morose et tendue explique les résultats des troisièmes élections
démocratiques de l'histoire du pays.
Plus que le score encourageant du candidat
du ZUM aux élections présidentielles du 31 mars 1990 (500 000 voix), c'est le
très faible taux de participation (54%) qui a le mieux indiqué la crise de
popularité qui touche de plein fouet le pouvoir..
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