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Zambie (1984-1985)

Publié le 30/09/2020

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« Zambie (1984-1985) Il est loin le temps où la Zambie, enivrée par un cours du cuivre élevé, se croyait riche, faisait de grands projets et menait un bon train de vie.

Depuis 1974, les prix du métal rouge se sont effondrés alors que le coût à la production n'a cessé d'augmenter.

Ainsi, au début de 1985, un tiers seulement des impressionnantes machines extrayant le minerai dans la mine à ciel ouvert de Nchanga pouvaient tourner.

Les autres attendaient depuis des mois des pièces détachées et des spécialistes pour les réparer.

Le minerai lui-même s'extrait plus difficilement et des grèves ont éclaté régulièrement lorsque les ouvriers, fortement syndiqués, tenant à leurs privilèges et à cette importante source d'emplois, se sont heurtés à une direction fixant la courbe des profits. Le cuivre représente 90% des recettes d'exportations de cette ancienne colonie britannique, et 30% du produit intérieur brut (PIB) ; or, en 1984, sa production était inférieure de 100 000 tonnes au niveau moyen des années soixante-dix, atteignant 570 000 tonnes.

Les perspectives sont tout aussi sombres puisque les projections indiquent une diminution inévitable et progressive du cours du cuivre d'ici à la fin du siècle.

Le cobalt, la seule autre ressource minière de la Zambie, connaît lui aussi des cours en chute libre. L'agriculture se trouve dans un état encore plus catastrophique.

Après l'indépendance (1964), pendant l'euphorie due aux cours élevés du cuivre, le pays s'est lancé dans la création de coopératives ouvrières hautement mécanisées.

Toutes ont fait faillite et le président Kenneth Kaunda (à la tête de la Zambie depuis l'indépendance) a cherché à restructurer ce secteur désorganisé.

Les pays donateurs, réunis en mai 1984, ont décidé d'accorder 400 millions de dollars en 1984 et 1986 pour l'aider dans ses efforts. Faisant partie des pays les plus endettés du monde (sa dette extérieure s'élevait à 4,5 milliards de dollars en 1984), la Zambie a fait plusieurs fois appel au Fonds monétaire international (FMI): en 1981, en 1982 et en juillet 1984.

En 1984, le FMI a consenti un prêt de 230 millions de dollars sous forme de soutien à la balance des paiements.

En contrepartie, le gouvernement a augmenté de 21% le prix de la farine de maïs - nourriture de base - et de 90% le prix du pain ; il a aussi entrepris une "croisade économique", avec l'arrêt des importations de voitures, la diminution de 20% des achats de carburant et l'interdiction des importations de riz. Si une bonne partie des maux de la Zambie peut être attribuée aux choix et aux humeurs des multinationales, maîtres du jeu sur le marché mondial, d'autres sont dues aux erreurs de gestion des dirigeants du pays.

Homme chaleureux, courtois, Kenneth Kaunda, habile politicien, n'hésite pas à charmer son peuple en versant des larmes subrepticement essuyées avec un mouchoir blanc qu'il tient toujours à la main, ou en menaçant de démissionner.

Plutôt à l'aise en politique extérieure où il se montre un farouche adversaire de la politique d'apartheid du régime sud-africain, il hésite et louvoie en politique intérieure: tantôt humaniste, paternaliste, tantôt cherchant sa voie dans le "socialisme scientifique", il tranche difficilement entre les valeurs chrétiennes et un vague idéal révolutionnaire.

Il sait cependant se montrer très ferme à l'égard de ses opposants que sa police secrète pourchasse.

Mais il n'est pas parvenu, malgré des campagnes régulières, à faire cesser le laxisme, la corruption qui règnent. »

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