Zaïre (Congo-Kinshasa) 1995-1996
Publié le 13/09/2020
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Zaïre (Congo-Kinshasa) 1995-1996
La trajectoire politique zaïroise toujours dite "en transition" a con
tinué de paraître paradoxale.
D'une part,
l'État est resté incapable d'avoir la maîtrise de deux piliers
essentiels: la monnaie et le monopole organisé
de l'ordre public.
Dans un certain nombre de régions (Kivu, Shaba et
Kasai, entre autres), l'économie a
continué soit à se "dollariser" pour les opérations commerciale
s d'une certaine ampleur, soit à se heurter
à l'indignation de la population face aux nouvelles coupures imprimé
es par les autorités nationales.
Quant
aux forces de l'ordre, à l'exception de la Division spéciale pré
sidentielle, elles ont survécu grâce aux
ponctions opérées sur les habitants, aux barrages routiers, etc.
C
ertaines unités de l'armées ont aussi
rejoint les milices armées locales, comme au Nord-Kivu.
D'autre part, dans un contexte aussi dégradé, l'absence de polaris
ations politiques clairement affirmées et
d'explosions sociales demeurait surprenante.
Sur le théâtre politi
que, il a été extrêmement difficile de
déceler des clivages autres que ceux divisant des "barons".
Toutes le
s forces politiques qui avaient pignon
sur rue ont implosé en plusieurs composantes.
Au sein de l'organe lé
gislatif de la transition, le Haut
Conseil de la République (HCR), les tentatives de censurer le gouve
rnement Kengo Wa Dondo sont toutes
restées vaines.
Bien plus, un consensus est intervenu en avril 1996 s
ur un calendrier électoral rejoignant
la position de toujours du président Mobutu Sise Seko et désavouan
t les prises de position de l'ancienne
Conférence nationale souveraine qui prévoyait que le processus é
lectoral devait débuter au niveau local
pour se terminer au niveau présidentiel.
Par ailleurs, la cohabitation entre le gouvernement de Joseph Kengo Wa D
ondo et le président de la
République a fonctionné, ces deux pivots du pouvoir ayant tout int
érêt à s'entendre dans leur quête d'une
légitimité extérieure qui n'était pas encore véritablemen
t consacrée.
Concernant le gouvernement Kengo, les résultats des efforts pour ré
pondre aux critères de "bonne
gouvernance" et de bonne gestion n'ont pas été évidents.
Certes
, il y a eu quelques "embellies" au niveau
des statistiques officielles.
Ainsi, le taux d'inflation est passé de
près de 10 000 % en 1994 à 370 % en
1995.
La monnaie locale a enregistré en 1995 une dépréciation d
e "seulement" 79 %, contre 99 % en
1994.
Les opérations budgétaires de l'État se sont clôturé
es avec au bilan un excédent équivalent à 7,7
millions de dollars contre un solde déficitaire de près d'un milli
ard par an au cours des années
précédentes.
La détresse sociale prévalait cependant toujour
s dans tout le pays: le revenu par habitant
est passé de 129 dollars en 1992 à 116 en 1995 (aux taux de chang
e courants), tandis que les conditions
sanitaires et éducatives étaient de plus en plus déplorables.
Mais, au-delà d'une meilleure maîtrise de la conjoncture macro-é
conomique, les indicateurs structurels
sont demeurés alarmants: outre le fait que, selon certains économi
stes zaïrois, le budget n'a pas intégré
toutes les dépenses publiques, le taux d'inflation mensuel est demeur
é élevé et aucune diminution de la
masse monétaire n'est intervenue en 1995.
Durant les trois premiers m
ois de 1996, le gouvernement a
procédé à une nouvelle impression de billets à valeur facial
e élevée, provoquant, comme chaque fois, une
hausse brutale de l'inflation.
Le président de la République a quant à lui engrangé de subs
tantiels bénéfices politiques, même si sa
légitimité internationale n'était pas encore clairement confort
ée.
Reçu en visite privée à Paris où il a
même eu une entrevue discrète avec le président Chirac, il est
cependant resté persona non grata au sein
de la diplomatie belge et américaine.
La première, qui a néanmo
ins accepté une reprise de la coopération
indirecte (universités et organisations non gouvernementales), refu
sait toujours toute coopération d'État
à État avec le Zaïre.
La seconde a décliné sa demande de
visa pour participer à une conférence organisée
par le Centre Carter, à Atlanta, sur la gestion de la crise dans la r
égion des Grands Lacs, sans toutefois
refuser de négocier avec lui sa participation au rétablissement de
la paix dans la région..
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