Zaïre (Congo-Kinshasa) (1993-1994)
Publié le 21/09/2020
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Zaïre (Congo-Kinshasa) (1993-1994)
En avril 1994, le Zaïre a entamé sa quatrième année de crise manifeste sans que
l'on puisse percevoir des signes avant-coureurs de recomposition.
Ainsi
pouvait-on se demander si le pays n'était pas entré dans une phase d'éclatement
durable.
Sur le plan institutionnel, trois "exécutifs" ont continué de se
disputer le pouvoir: les secrétaires généraux de l'administration désignés en
décembre 1992 par le président Mobutu Sese Seko pour gérer la débâcle, le
gouvernement "légal" d'Étienne Tshisekedi et celui de l'ancien opposant, Faustin
Birindwa, rallié à la mouvance présidentielle.
Quatre espaces régionaux (la partie orientale du pays, les zones minières du
Kasaï, le Shaba et la zone jouxtant la Zone franc) ont virtuellement rompu les
amarres pour s'accrocher, au niveau de leurs échanges, à des pays voisins.
Certaines régions se sont ainsi prises en main, oubliant la capitale - parfois
jusqu'à se déclarer indépendantes -, une coalition d'intérêts entre
entrepreneurs locaux, chefs militaires et/ou fonctionnaires régionaux parvenant
ici et là à maintenir un semblant d'ordre.
Ces replis régionaux ont contribué à
renforcer une mécanique d'épuration ethnique, plus particulièrement au Kivu et
au Shaba où la diaspora kasaïenne (Luba) et, dans une moindre mesure, les
"originaires" du Rwanda et du Burundi établis au Zaïre ont été l'objet
d'intimidations ou même d'expulsions.
C'est ainsi que les ressortissants du
Kasaï, qui formaient la part la plus importante de la main-d'oeuvre dans les
mines du Shaba, ont été contraints, au besoin par la force, de quitter leur lieu
de travail.
Les villageois banyarwanda du Nord-Kivu ainsi que d'autres
populations "suspectes d'être des non-originaires" ont été attaqués et
dépossédés par leurs voisins invoquant leur "droit de premier occupant".
Un mini-"capitalisme de pauvre", le plus souvent fébrile et sauvage et qualifié
parfois "d'économie populaire" domine les comportements économiques.
L'inflation, bien que ralentie en 1994, se situait toujours à des hauteurs
impressionnantes (elle s'élevait à 8 823% en 1993), les prix grimpant
vertigineusement chaque fois que les autorités recouraient à la planche à
billet.
A partir de la mi-1993, la pénurie de billets de banque (principalement
de petites coupures, indispensables pour le quotidien) a fait fluctuer les taux
de change selon les régions et surtout entraîné une "dollarisation" progressive
de l'économie.
Les ressources réelles de l'État n'ont pu être évaluées à plus de
250 millions de dollars, alors qu'elles dépassaient le milliard avant 1990.
Cette situation a abouti soit à une mise en suspens de l'économie "moderne",
soit à une "informalisation", sous peine de disparition.
Des pans importants en
ont cependant continué à fonctionner: des routes réparées, des bâtiments publics
repeints, les vols des compagnies aériennes privées arrivant et partant à
l'heure, des entreprises de l'intérieur fonctionnant et continuant à exporter.
Cela a amené à penser que beaucoup pourraient redémarrer très vite pour autant
qu'un cadre politico-institutionnel approprié puisse s'imposer.
Or, aucune percée n'est venue casser la dynamique de l'enlisement.
A partir de
juillet 1993 et à l'initiative d'un "groupe de sages", de longues négociations
ont été entamées entre la mouvance présidentielle et l'Union sacrée de
l'opposition radicale (USORAL).
En décembre, les deux parties sont finalement
tombées d'accord sur la constitution d'un nouvel organe pour organiser la
transition rassemblant les 454 membres du Haut Conseil de la République.
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