Zaïre (Congo-Kinshasa) 1993-1994
Publié le 13/09/2020
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Zaïre (Congo-Kinshasa) 1993-1994
En avril 1994, le Zaïre a entamé sa quatrième année de crise
manifeste sans que l'on puisse percevoir des
signes avant-coureurs de recomposition.
Ainsi pouvait-on se demander si
le pays n'était pas entré dans
une phase d'éclatement durable.
Sur le plan institutionnel, trois "ex
écutifs" ont continué de se disputer le
pouvoir: les secrétaires généraux de l'administration désign
és en décembre 1992 par le président Mobutu
Sese Seko pour gérer la débâcle, le gouvernement "légal" d'É
tienne Tshisekedi et celui de l'ancien
opposant, Faustin Birindwa, rallié à la mouvance présidentielle
.
Quatre espaces régionaux (la partie orientale du pays, les zones min
ières du Kasaï, le Shaba et la zone
jouxtant la Zone franc) ont virtuellement rompu les amarres pour s'accr
ocher, au niveau de leurs
échanges, à des pays voisins.
Certaines régions se sont ainsi p
rises en main, oubliant la capitale - parfois
jusqu'à se déclarer indépendantes -, une coalition d'intérê
ts entre entrepreneurs locaux, chefs militaires
et/ou fonctionnaires régionaux parvenant ici et là à maintenir
un semblant d'ordre.
Ces replis régionaux
ont contribué à renforcer une mécanique d'épuration ethnique
, plus particulièrement au Kivu et au Shaba
où la diaspora kasaïenne (Luba) et, dans une moindre mesure, les
"originaires" du Rwanda et du Burundi
établis au Zaïre ont été l'objet d'intimidations ou même
d'expulsions.
C'est ainsi que les ressortissants du
Kasaï, qui formaient la part la plus importante de la main-d'oeuvre d
ans les mines du Shaba, ont été
contraints, au besoin par la force, de quitter leur lieu de travail.
Les
villageois banyarwanda du Nord-Kivu
ainsi que d'autres populations "suspectes d'être des non-originaires"
ont été attaqués et dépossédés par
leurs voisins invoquant leur "droit de premier occupant".
Un mini-"capitalisme de pauvre", le plus souvent fébrile et sauvage e
t qualifié parfois "d'économie
populaire" domine les comportements économiques.
L'inflation, bien qu
e ralentie en 1994, se situait
toujours à des hauteurs impressionnantes (elle s'élevait à 8 8
23% en 1993), les prix grimpant
vertigineusement chaque fois que les autorités recouraient à la pl
anche à billet.
A partir de la mi-1993, la
pénurie de billets de banque (principalement de petites coupures, in
dispensables pour le quotidien) a fait
fluctuer les taux de change selon les régions et surtout entraîné
une "dollarisation" progressive de
l'économie.
Les ressources réelles de l'État n'ont pu être é
valuées à plus de 250 millions de dollars, alors
qu'elles dépassaient le milliard avant 1990.
Cette situation a abouti
soit à une mise en suspens de
l'économie "moderne", soit à une "informalisation", sous peine de
disparition.
Des pans importants en ont
cependant continué à fonctionner: des routes réparées, des b
âtiments publics repeints, les vols des
compagnies aériennes privées arrivant et partant à l'heure, des
entreprises de l'intérieur fonctionnant et
continuant à exporter.
Cela a amené à penser que beaucoup pourr
aient redémarrer très vite pour autant
qu'un cadre politico-institutionnel approprié puisse s'imposer.
Or, aucune percée n'est venue casser la dynamique de l'enlisement.
A
partir de juillet 1993 et à l'initiative
d'un "groupe de sages", de longues négociations ont été entamé
es entre la mouvance présidentielle et
l'Union sacrée de l'opposition radicale (USORAL).
En décembre, l
es deux parties sont finalement tombées
d'accord sur la constitution d'un nouvel organe pour organiser la transi
tion rassemblant les 454 membres
du Haut Conseil de la République (institution issue de la "confér
ence nationale", plusieurs fois empêchée
de fonctionner à partir de février 1993) et l'ancien Parlement, p
ourtant dissous selon les termes du
compromis de fin juillet 1992.
La fusion entre les deux instances n'a to
utefois été effective qu'en avril
1994.
A partir du 14 janvier 1994, l'obscurité politique s'est encore
épaissie avec la mise à pied par
ordonnance présidentielle du gouvernement Birindwa sans qu'un nouvel
exécutif soit installé.
F.
Birindwa,
ancien opposant de l'UDPS (Union pour la démocratie et le progrès
social) avait fait l'unanimité contre lui,
notamment en manquant complètement l'opération de conversion moné
taire lancée en octobre 1993 et
qui avait consisté à mettre sur le marché de nouveaux billets d
e banque dont l'unité équivalait à 1 million
d'anciens zaïres.
En dépit des efforts déployés par le représentant du secré
taire général des Nations unies, Lakhdar
Brahimi, les différentes factions politiques zaïroises ne se sont
pas entendues sur la désignation d'un
nouveau Premier ministre.
Pour les anti-mobutistes radicaux, il n'y en a
vait d'autre qu'Étienne Tshisekedi,
nommé par la conférence nationale et ayant cumulé à partir d
e la fin 1993 les fonctions de Premier
ministre "légitime" et de chef de file de l'opposition radicale avant
que le président Mobutu Sese Seko le
destitue de la primature le 5 février 1993.
En fait, cette opposition s'est progressivement isolée; elle est fort
ement critiquée pour son recours à une.
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