Zaïre (Congo-Kinshasa) (1992-1993)
Publié le 21/09/2020
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Zaïre (Congo-Kinshasa) (1992-1993)
Le Zaïre a continué en 1992-1993 à surfer sur des vagues lourdes d'incertitude
et à flirter avec le chaos.
Sur le plan politique, on a pu escompter une
éclaircie majeure à la fin du mois de juillet 1992 lorsque fut annoncée la
signature d'un "compromis politique global" en dix points ratifié par toutes les
parties en présence.
Au terme de cet accord, le Haut Conseil de la République
(HCR), émanation de la conférence nationale souveraine, devenait le détenteur de
la légitimité politique pendant une période de transition d'un an et demi.
Le
président de la République, en l'occurrence Mobutu Sese Seko, restait
l'"institution suprême de l'État" mais se voyait rogner ses plus importantes
prérogatives.
Le gouvernement, nommé par le HCR, passait seul responsable de la
gestion de la République.
Astreint à la "neutralité politique", obligation lui
était faite de tâcher de ramener les conflits à une intensité plus basse.
C'est
de cette mission délicate que fut investi, en particulier, le Premier ministre
Étienne Tshisekedi, au mois d'août 1992.
Du côté de la présidence de la République, on chicana rapidement sur tout et on
déclina toute implication dans le compromis politique.
Le gouvernement
Tshisekedi ne respecta, quant à lui, pas davantage l'exigence de "neutralité
politique" et une bataille en règle opposa le président Mobutu et "son" Premier
ministre.
Composé de plus de 400 membres, le HCR fut, quant à lui, tiraillé
entre diverses tendances qui traduisaient moins un antagonisme entre "forces de
changement" et "forces du statu quo", qu'entre natifs de différentes régions.
Parallèlement, l'économie s'enfonça davantage dans une sorte de "trou noir":
hyperinflation de 4300%, arrêt des importations, effondrement continu de la
production de cuivre et de cobalt, spéculation anarchique autour du cours du
change, raréfaction des devises, pénurie de billets de banque, arrêt de la paie
des agents de l'État à partir de novembre 1992.
Mais le fait le plus marquant
fut incontestablement la démonétisation du billet de 5 millions de zaïres (qui
ne valait déjà plus que 10 FF en janvier 1993).
Le maintien de cette mesure fut
à l'origine d'une seconde vague de pillages (28-29 janvier 1993) beaucoup plus
brutale - plus d'une cinquantaine de morts - qu'en septembre 1991 et où seuls
furent impliqués les militaires et gardes civils de la capitale qui refusaient
d'être payés en monnaie de singe.
Le gouvernement Tshisekedi avait-il escompté, à cette occasion, une intervention
militaire étrangère qui aurait fait définitivement basculer le pouvoir du
président Mobutu? Les troupes belges (le Zaïre est l'exCongo belge) et
françaises dépêchées sur place restèrent cantonnées à Brazzaville et se
contentèrent d'organiser, pour la seconde fois en l'espace de quatre mois le
rapatriement des ressortissants étrangers de la capitale zaïroise.
Le pillage de
janvier permit au chef de l'État de désigner du doigt à une classe politique
traversée par un sentiment diffus d'impuissance un gouvernement rendu
responsable des méfaits d'une soldatesque qui échappait en fait à toute
autorité.
La destitution d'E.
Tshisekedi par le président Mobutu, le 5 février 1993, ne
souleva qu'une tempête de déclarations verbales dans le quartier général du HCR..
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