Zaïre (Congo-Kinshasa): 1991-1992: Débâcle économique et financière
Publié le 13/09/2020
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Zaïre (Congo-Kinshasa) 1991-1992
Débâcle économique et financière
Trois grands titres ont fait la "une" de l'actualité du Zaïre pend
ant l'année 1991-1992: la mise en route du
multipartisme à partir de janvier 1991, le lancement d'une confére
nce nationale "souveraine" en août et,
surtout, les pillages et saccages des principales agglomérations zaï
roises en septembre-octobre 1991, qui
ont abouti à l'effondrement de l'appareil financier et économique
du pays.
Le multipartisme, sanctionné par une ordonnance présidentielle de
décembre 1990, qui annulait le
tripartisme annoncé par le chef de l'État, Mobutu Sese Seko, le 24
avril 1990, a d'emblée engendré une
prolifération de petits partis: leur nombre est passé de 70 en fé
vrier 1991 à plus de 200 à la fin de
l'année.
Seules quelques formations sont apparues être significati
ves (UDPS - Union pour la démocratie et
le progrès social -, UFERI - Union des fédéralistes et répub
licains indépendants -, PDSC - Parti démocrate
social-chrétien -, UDI - Union des démocrates indépendants -, F
CN - Front commun des nationalistes), du
fait de la qualité de leurs dirigeants, pratiquement tous anciens bar
ons du régime, les autres partis
n'étant que des groupes formés par des petits chefs politiques et
leur clientèle (familiale) immédiate, la
plupart ne survivant que par le biais des per diem (allocations journal
ières) distribués généreusement aux
participants à la conférence nationale.
Le démarrage de celle-ci, en août 1991, fut particulièrement ar
du.
L'opposition, rassemblée
conjoncturellement dans une succession de "fronts" aux contours flous (
Front uni de l'opposition, Union
sacrée, etc.), se battit pendant deux mois pour obtenir non pas une
commission nationale où seraient
discutées les grandes orientations de la IIIe République, ainsi qu
e l'envisageait le pouvoir en place, mais
une conférence nationale qui aurait été souveraine et surtout a
urait pu faire le procès de la IIe
République, comme au Bénin et au Congo.
Elle obtint partiellement
gain de cause, mais la conférence
"souveraine" ne pourrait toucher aux matières régies par la Consti
tution dite transitoire, votée au
Parlement en juin 1990.
Cela signifiait que tout gouvernement de transit
ion - il y en eut quatre en 1991 -
continuerait à être nommé par le chef de l'État et non par l
a conférence et que cette dernière ne pourrait
mettre un terme au mandat du président de la République (qui vena
it à expiration le 4 décembre 1991).
Dès les premiers jours de la conférence, ouverte le 7 août 1991
, les travaux des séances plénières durent
être interrompus à la suite de contestations survenues à propos
d'irrégularités flagrantes dans la
confection des listes des délégués.
L'opposition radicale, qui
prétendait rassembler une centaine de partis,
cria à la manipulation, tandis que les associations civiles et les É
glises se plaignaient d'être sous-
représentées.
Le poids du régionalisme
Interrompus à la mi-août, les travaux de la conférence ne redé
marrèrent effectivement qu'en décembre
1991, après de longues tractations occultes sur la validation des man
dats de chaque délégué.
Le stade de
la constitution d'un bureau (provisoire) de la conférence et de la
rédaction d'un projet de règlement
d'ordre intérieur ne fut toutefois pas dépassé.
En janvier 1992, certains délégués de l'intérieur du pays, a
ppuyés par la majorité dite présidentielle - qui
n'avait pas réussi à imposer un seul de ses candidats au bureau de
la conférence -, remirent cette fois en
cause la représentation trop marquée de certaines régions et gr
oupes ethniques (les Baluba du Kasai).
En
fait, le régionalisme avait pris le pas sur l'appartenance à l'opp
osition ou à la mouvance du pouvoir.
Le
facteur "géopolitique", comme il fut appelé par la suite, devint u
ne donnée incontournable et gangréna
progressivement une opposition menée surtout par des "Kinois" (resso
rtissants de Kinshasa) qui
continuaient à jouer la carte d'un front national uni contre le pouvo
ir.
A la fin janvier 1992, le gouvernement de Nguza-Karl-I-Bond, ancien memb
re de l'Union sacrée de
l'opposition originaire du Shaba (ex-Katanga), prit prétexte de ces
dissensions pour suspendre les travaux
de la conférence, proposer d'en revenir au principe de la tenue d'une
commission purement
constitutionnelle et annoncer le début d'un processus électoral qu
i devrait départager les forces politiques.
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