Zaïre (Congo-Kinshasa): 1984-1985
Publié le 13/09/2020
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Zaïre (Congo-Kinshasa) 1984-1985
Le 12 novembre 1984, le XXe Sommet de l'Organisation de l'unité afric
aine (OUA) a admis la République
arabe sahraouie démocratique (RASD) comme État membre, entraî
nant la démission du Maroc de
l'organisation panafricaine.
Le Zaïre a alors été le seul pays
à "suspendre" sa participation à l'OUA.
Ce
geste était sans aucun doute une manifestation spectaculaire du souti
en que Kinshasa apporte à la
politique du roi du Maroc, Hassan II ; mais il a d'autres explications.
On se souvient qu'en 1982, le Zaïre
avait renoué les relations diplomatiques avec Israël.
Non seulemen
t l'OUA n'avait pas suivi le maréchal
Mobutu dans sa démarche, mais la Banque arabe de développement ava
it pris des mesures de rétorsion
contre le Zaïre en gelant son aide à ce pays à partir d'avril 1
984.
Depuis, Kinshasa a développé une
virulente campagne contre les Arabes et leur rôle "néfaste" dans l
'OUA, allant jusqu'à préconiser, en juin
1984, la création d'une "Ligue des États d'Afrique noire" pour fai
re pendant à la "Ligue arabe".
Sur le plan intérieur, l'événement majeur de l'année 1984 a
été la réélection, le 29 juillet, du maréchal
Mobutu Sese Seko (il a pris le pouvoir en 1965, à l'âge de 34 ans
) à la présidence du Mouvement
populaire de la révolution (MPR, parti unique) et à la présid
ence de la République pour un troisième
mandat de sept ans, avec ...
99,16% des suffrages exprimés.
La situation économique du Zaïre a connu une nette amélioration
en 1984.
Les 19 et 20 décembre 1983,
les autorités zaïroises avaient obtenu un rééchelonnement de
leur dette extérieure.
Cette décision avait
permis au Fonds monétaire international (FMI) de libérer 350 mil
lions de dollars au bénéfice de ce pays.
A la même époque, une réunion du "Groupe consultatif de la Banq
ue mondiale" avait autorisé la Belgique,
le Canada, l'Italie, le Japon, les États-Unis, la France, la Grande-B
retagne et la République fédérale
d'Allemagne à aider le Zaïre jusqu'à concurrence de 290 million
s de dollars.
Le FMI avait tenu à ce que
cette injection de capitaux frais soit accompagnée d'une série de
mesures drastiques: réduction des
dépenses de l'État, suppression progressive du contrôle des pri
x, dévaluation massive du zaïre-monnaie,
chasse à la fraude et au marché parallèle, réduction du nomb
re des fonctionnaires, encadrement du
crédit, etc.
Ces mesures ont commencé à porter leurs fruits en 1984.
Le taux d'
inflation, qui était de l'ordre de 100%
en 1983, a été abaissé à environ 17,7% sur les neuf premiers
mois de 1984 ; les exportations ont
augmenté plus que les importations (14,6% contre 4,7% sur les trois
premiers trimestres de l'année) ; la
dette du pays a été ramenée à 3,8 milliards de dollars contr
e 4,1 milliards en 1983 ; le déficit budgétaire,
qui représentait 2% du PIB en 1983, a été ramené à 0,3% d
ans le budget prévisionnel de 1985.
La
production d'hydrocarbures a progressé de 24%, celle de diamants de 1
5%...
L'application de ce
programme de redressement a redonné confiance aux investisseurs amé
ricains qui ont engagé 200
millions de dollars en 1984.
L'aide publique américaine s'est forteme
nt accrue, atteignant 48 millions de
dollars en 1984, contre 26 millions en 1982.
Mais ce redressement de l'économie, bien qu'indéniable, a laissé
subsister de grandes zones d'ombre au
tableau.
L'agriculture est restée mal en point.
La production vivriè
re ne cesse de régresser, et le Zaïre a
enregistré en 1984 un déficit vivrier de 140 000 tonnes.
L'agricul
ture d'exportation n'a pas été épargnée:
la part du café dans les ventes à l'étranger est passée de 2
0% en 1979 à 6% en 1984.
Le Zaïre n'a
jamais réussi véritablement à diversifier ses ressources: il re
ste trop dépendant du cuivre (qui
représentait encore en 1984 85% de ses recettes d'exportations), de
sorte que lorsque le marché mondial
du cuivre est déprimé, c'est toute l'économie zaïroise qui e
st grippée.
Enfin le service de la dette est trop
lourd.
En 1985, le Zaïre devrait rembourser 900 millions de dollars à
ses créanciers ; or le projet de
budget prévoyait 850 millions de dollars de recettes et 960 millions
de dépenses.
C'est pourquoi le
gouvernement zaïrois a été contraint de demander un nouveau ré
échelonnement de sa dette afin de ne
devoir rembourser que 250 millions de dollars en 1985..
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