Zaïre (Congo-Kinshasa) - 1982-1983: Les amitiés particulières du maréchal Mobutu
Publié le 13/09/2020
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Zaïre (Congo-Kinshasa) 1982-1983
Les amitiés particulières du maréchal Mobutu
Les soldats et les livres d'Israël allaient-ils sauver en 1983 le Zaï
re du maréchal Mobutu Sese Seko,
comme l'avaient sauvé in extremis et à deux reprises, en 1977 et 1
978, les armées marocaine et
française, lors des deux guerres du Shaba? Dans un pays où le cons
ensus politique demeure impossible
et où la crise économique a atteint en 1982 un record absolu, Mobu
tu a accepté d'être nommé maréchal,
et pourrait même - selon certaines rumeurs - être sacré empereu
r.
Ces signes montraient que le régime
du maréchal entendait exploiter ce qu'il appelait les "succès dipl
omatiques" de l'année: le rétablissement
des relations diplomatiques avec Israël et la tenue du neuvième so
mmet franco-africain, que François
Mitterrand lui avait refusé en 1981.
Le retour en force des Israéliens, couronné en décembre 1982 pa
r la visite du ministre israélien des
Affaires étrangères, M.
Yitzhak Shamir, a permis à Mobutu de re
mplacer sa garde personnelle composée
de militaires marocains par des Israéliens plus sûrs et plus effic
aces.
Des experts et des conseillers de
Tel-Aviv côtoient depuis des collègues français et belges dans
l'armée zaïroise et le pays est inondé de
produits d'Israël.
Ce "succès" diplomatique apparaît pourtant m
odeste.
Souhaitant accueillir Menahem
Begin, le chef de l'État zaïrois voulait que les Israéliens s'e
ngagent davantage sur la voie ouverte par
Kinshasa, seule capitale africaine à renouer avec Israël après
que l'Afrique toute entière eut chassé les
représentants de Tel-Aviv, en 1973.
Le Zaïre s'attendait à ce q
ue d'autres pays africains fassent de
même.
Mais le tollé général soulevé - même en dehors d
u continent africain - par cette initiative a
découragé ceux qui comptaient suivre l'exemple zaïrois, essenti
ellement des pays francophones dits
"modérés".
On laissait entendre à Kinshasa que le gouvernement
socialiste français ne serait pas étranger
à l'initiative zaïroise...
Sur le plan strictement économique et financier, l'accord de coopé
ration entre Tel-Aviv et Kinshasa ne
s'est accompagné d'aucun prêt en faveur du Zaïre.
Or celui-ci a
une dette extérieure record, qui est
passée en un an de 4 à 5,3 milliards de dollars...
Et c'est unique
ment parce que ses principaux pays
créanciers désirent continuer à chercher les moyens de récup
érer au moins une partie de leur argent, que
le Zaïre n'a pas été déclaré officiellement en défaut
de paiement.
Ces "pays amis" exigent désormais le
retour au statut privé des industries produisant les principales ress
ources d'exportation (cuivre, cobalt, or,
diamants), et la légalisation de la détention et de la circulatio
n des matières premières.
Mais ces
exigences que les Zaïrois considèrent "déshonorantes", ne pourr
ont même pas empêcher la poursuite de
la dégradation de l'économie zaïroise, soumise aux fluctuations
des cours mondiaux des matières
premières.
Le maréchal Mobutu comptait pourtant bien tirer un certain béné
fice diplomatique, politique et
économique, du sommet franco-africain de septembre 1982.
Il n'a pas e
u de chance.
A la veille de cette
rencontre, un rapport semi-officiel confirmait que le Zaïre était
atteint de plusieurs maux incurables:
"Corruption de l'équipe au pouvoir, sous ses aspects les plus sordide
s et malfaisants, détresse de la
population, lamentable situation politique et économique"...
Ces termes ont été utilisés par un expert du FMI - Erwin Blumen
thal - qui, à la demande des "pays amis",
avait dirigé la Banque du Zaïre à la fin des années soixante
-dix.
"Ce rapport montre d'une manière
flagrante à quel point le système de corruption en vigueur au Zaï
re, l'impossibilité de contrôler les
fraudes, anéantissent toutes les tentatives des institutions internat
ionales, des pays amis ou des banques
commerciales qui persistent à croire à un redressement de l'éco
nomie zaïroise", conclut amèrement
Blumenthal, avant de rappeler que la fortune personnelle du "guide" zaï
rois s'élève à près de quatre
milliards de dollars.
Un "sous-continent" menacé d'éclatement
Mobutu n'a pas eu plus de chance sur le plan humanitaire.
Accusé depu
is son arrivée au pouvoir en 1965
de violer les droits les plus élémentaires de l'homme (massacres
de paysans, torture et emprisonnements
arbitraires d'opposants), il a été "condamné" très sévè
rement par le "Tribunal permanent des peuples", à.
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