Zaïre (Congo-Kinshasa) - 1981-1982: L'après-Mobutu a commencé
Publié le 13/09/2020
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Zaïre (Congo-Kinshasa) 1981-1982
L'après-Mobutu a commencé
Prisonnier de son "guide suprême" depuis près de vingt ans, le Zaï
re de Mobutu Sese Seko est entré en
1982 dans "l'après-Mobutu".
Sans qu'on sache qui, et dans quelles con
ditions, remplacera celui qui a
commencé sa carrière en 1961 par l'assassinat de Patrice Lumumba.
Les résultats économiques de l'année 1981 n'ont pas contribué
à assainir le climat général.
Le fameux
"Plan Mobutu", imposé en 1979 par le Fonds monétaire international
, a eu un coût économique et social
très élevé.
Gelées au niveau très faible de 1976, les imp
ortations de matières premières et d'équipements
n'ont permis qu'un fonctionnement au ralenti de l'industrie zaïroise,
pourtant relativement développée.
En
1981, la plus grande usine textile du pays ne fonctionnait qu'à 55% d
e sa capacité, et la plus grande
usine de chaussures qu'à 25%.
Le chômage et la misère ont attei
nt des niveaux alarmants.
Un enfant
zaïrois sur deux meurt avant l'âge de cinq ans.
Le salaire moyen d
'un ouvrier est d'environ 80 zaïres par
mois (un peu plus de 10 dollars), alors qu'un sac de manioc de 45 kg c
oûte 52 dollars.
L'agriculture
d'autosubsistance s'est de ce fait largement développée: elle aura
it représenté 20% du PIB en 1979,
contre 12% en 1976.
Satisfaits des bons résultats financiers obtenus par cette politique
d'austérité en 1979 et 1980 (l'excédent
commercial, grâce notamment à la bonne tenue des prix du cobalt ex
porté, représentait 725 et 796
millions de dollars), le FMI avait accordé début 1981 au Zaïre
un crédit de 1,2 milliard de dollars, à verser
en trois ans, pour faciliter la phase de "relance" du Plan Mobutu.
Mais l'effondrement des prix du cuivre, du cobalt et des diamants à p
artir du deuxième semestre de 1981
a entraîné une chute brutale des recettes d'exportation.
Du coup,
le FMI décidait de suspendre ses
versements à partir du mois de septembre, pour "non-accomplissement d
es critères de performance".
Ainsi "rappelé à l'ordre", le gouvernement licenciait en décemb
re 20 000 fonctionnaires, et en envoyait 15
000 autres en retraite en mars 1982.
En février, il décidait de re
privatiser 39 grandes entreprises
publiques.
Et en mars 1982, le FMI accordait un nouveau crédit de 130 millions d
e dollars pour pallier la chute des
recettes d'exportation, continuant malgré tout à miser sur l'extra
ordinaire potentiel zaïrois en énergie et
matières premières minérales.
La détérioration de la situation économique s'est accompagné
e d'un accroissement notable des tensions
sociales.
D'abord chez les étudiants qui, comme dans d'autres pays d'
Afrique centrale, ont toujours été à
la pointe de la contestation.
En 1981 encore, l'université de Kinshas
a (Lovanium) a dû être fermée en
raison des grèves.
Et les "meneurs" ont été une nouvelle fois i
ncorporés de force dans l'armée zaïroise.
En fait, ce mouvement a commencé en dehors de la capitale et des grè
ves "sauvages" avaient frappé
l'enseignement primaire et secondaire dans plusieurs régions du pays,
les enseignants n'ayant plus reçu
leur maigre salaire depuis plusieurs mois.
Autre "front" traditionnel au Zaïre, l'Église catholique a de nouv
eau été l'objet de mesures répressives.
Dans le passé, la conférence épiscopale avait osé critiquer,
timidement et officieusement, le régime
dictatorial de Mobutu, la gestion catastrophique du pays et la corruptio
n de ses cadres.
Au début de
1982, quatre prélats parmi les plus connus ont été tout particu
lièrement visés: Mambes, évêque de Kindu
; Kabanga, archevêque de Lubumbashi ; Malula, cardinal de Kinshasa, e
t Kaseba, attaqué lors d'une visite
chez des amis à coup de machette et de bouteilles par une quinzaine d
'hommes masqués.
Malula était
obligé de changer régulièrement de résidence pour éviter
un attentat, et Kabanga a été victime d'un
"accident de la route" provoqué intentionnellement par une jeep milit
aire qui a ensuite pris la fuite sans
porter secours aux blessés.
L'Église catholique semble vouloir cep
endant éviter un affrontement direct
avec le chef de l'État, de peur de perdre une partie du poids politiq
ue et social dont elle jouit depuis
toujours.
Elle s'accommoderait bien d'un autre "guide", mais celui-ci n'
est pas encore en vue.
Le "bureau du Président" continue de faire la pluie et le beau temps
sur le pays, le Conseil des ministres
et le Parlement ne font que de la figuration, mais, de temps à autre,
le "guide" est mis en accusation..
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