Yukio Mishima
Publié le 16/05/2020
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«
LE SAMOURAÏ DES LETTRES
Avant qu'il ne se donne la mo~ le 25 novembre 1970, Mishima Yukio , dans une lettre envoyée à ses parents, écrit ceci : • J'ai répudié la plume .
Puisque je meurs , non en homme de lettres, mais absolument en solda~ je voudrais que le caractère qui signifie sabre -bu- soit indus dans mon nom bouddhique (posthume).
Point n'est besoin d'utiliser le caractère qui signifie "plume" (bun) .
• Ainsi le premier écrivain du Japon, auteur de quarante romans, de vingt volumes de nouvelles et d'essais et de dix-huit piéces de théâtre veut-il que l'on garde de lui non pas le souvenir d 'un écrivain, mais celui d'un guerrier- d'un bushi.
Il résume à lui seulles incertitudes, les inquiétudes et les doutes qui assaillent de nombreux intellectuels nippons, pour qui la première grande défaite militaire de leur pays a constitué une rupture.
Dans ce « monde crépusculaire et triste comme un jour hivernal », Mishima adopte une • marginalité active » qui va le conduire à élaborer une vision du monde radicale, profondément originale, extrêmement complexe, mais relativement cohérente .
Et c'e~ paradoxalemen~ en prenant comme base certains présupposés occidentaux, tels que le romantisme allemand ou la beauté grecque antique, joints toutefois à des traditions nippones comme le Bushido , le Hagakure ou encore le Bunbury6do (l'alliance de la Plume et du Sabre), que Mishima va créer l'œuvre la plus originale du Japon de l'après-guerre .
Natsuko est la descendante d'une lignée de samouraïs de haut rang apparentée aux célèbres Tokugawa.
Or les Hiraoka , qui sont alors des notables , vont perdre tout leur lustre d'antan.
la responsabilité en revient à grand-père Jotaro qui, par la faute d'un subordonné , a dû démissionner de ses fonctions au ministère de l'Agriculture .
• la famille loge dans un quartier malfamé de Tokyo, Yotsuya, dans une maison de location.
S'Installent dès lors un climat malsain et une tension permanente dont le centre est Natsuko, la grand-mère .
Cette femme cultivée, qui méprise son mari et sa belle-fille, est hystérique et acariatre, perpétuellement torturée de névralgies et de sciatiques.
C'est en despote qu'elle régente le foyer.
A l'issue de la cérémonie traditionnelle de l'oshichiya -l'attribution du nom-, Kimitake est enlevé à sa mère par Natsuko, qui décide de l'élever à sa façon.
« Mes parents, note Mishima, vivaient au premier étage de la maison .
Sous prétexte qu'il était périlleux d'élever un enfant à l'étage supérieur , ma grand-mère m'arracha des bras de ma mère alors que j'avais 49 jours.
»
• Mishima se souviendra toujours de sa prime enfance comme d'un temps d'Isolement et de tristesse, qui ne sont brisés que par les visites heureusement régulières de sa mère pour l'allaitement.
Mais le maitre mot de ce lieu est le silence, car la maladie de Natsuko interdit tous les bruits; seuls sont acceptés les jeux calmes , l'origami et les livres .
Ainsi , coincé entre un milieu familial morbide et une vision fortement limitée de la réalité extérieure qu'il 1-----------~ perçoit à travers la grille du jardin,
LES PREMIERES ARMES (1925-1938)
UNE SOMIIE PIIME ENFANCE À Tokyo, le 14 janvier 1925, dans la maison de ses grands-parents paternels où sont logés ses parents, r=-"""=,.,..=ï naît Hiraoka Kimitake, futur ~ Yllldo , fils ainé de Hiraoka Azusa, son père, et de Hashi Shizue, sa mère.
Deux autres enfants suivront : une fille, Mitsuko, en 1928, et un garçon, Chiyuki, en 1930 .
• Selon le précepte confucéen qui considère le service de l'État impérial comme un honneur, ies Hiraoka sont fonctionnaires de pére en fils.
Le grand-père Jotaro compte dans ses ancêtres des paysans et des fermiers, alors que la grand-mère
le petit Kimitake se forge un monde imaginaire, peuplé de rêves et de fantasmes, dont le principal est la nui~ où il voit briller des cités et des chateaux enchantés .
• Le sens tragique de la vie, et bien au-i!elà la mo~ qui deviendra le thème central de nombre de ses romans, de Moyen Âge (1946) à Neige de Printemps (1969), ille découvre dans un livre d'Images, sous les traits d'un chevalier brandissant une épée : «Je pensais qu'il allait être tué l'instant d'après •.
précise Mishima.
Mais sa désillusion est plus grande lorsqu'il apprend qu'il s'agit de IH- d'Arc, une
femme .
« J'avais l 'impression d'avoir reçu un coup de massue.
Si donc ce magnifique chevalier était une femme et non un homme, que restait-il? » Dans Confessions d 'un masque (1949) , premier roman autobiographique , Mishima écrit : « Enfan~ je lisais tous les contes de fées qui me tombaient sous la main.
Je n'aimais que les princes , surtout assassinés ou voués à la mort .
J'étais absolument amoureux de tous les jeunes hommes qui venaient d'être tués.
Naturellemen~ de nombreuses histoires comiques faisaient mes délices.
Mais le penchant de mon cœur vers la mo~ la nuit et le sang était indéniable.
» C'est donc très tôt que Mishima se trouve sous le charme équivoque de ce couple indissociable, Thanatos et Éros.
LA DtCOUVlm DE SOl • En 1931 , à l'age de 6 ans, Kimitake est admis au GakushOin, le collège des Pairs, fréquenté par les fils de la noblesse et de la famille impériale.
Il y liera de solides amitiés et en gardera toujours une attirance pour l'aristocratie , dont maints de ses personnages sont issus .
Malgré une santé fragile , l'enfan~ surdoué , s'impose comme l'un des meilleurs éléments de l'école .
Ses préférences vont à la littérature classique, surtout celle de la période Heian (794-1185), et au n6.
• A la faveur d'une aggravation de l'état de santé de la grand-mère, Shizue reprend partiellement son fils et peut sortir en sa compagnie .
Ce moment privilégié est pour Mishima l'Instant parfait : la découverte de cette mère dont il tombe réellement • amoureux », aux dires de ses amis et de Shizue elle-même .
Une grande complicité naît de fait entre ces deux ~tres, victimes de la terrible Natsuko .
• En 1935 , c'est l'inkyo- coutume qui fait obligation aux parents de quitter la maison des enfants : Natsuko et Jotaro déménagent pour s'établir dans une maison séparée.
Pourtan~ en 1937 , l'enfan~ alors âgé de 12 ans, rejoint ses parents, la santé de Natsuko ne permettant plus à cette dernière de s'en occuper .
Elle meurt en 1939 , à l'age de 64 ans.
Son influence aura été déterminante sur son « petit tigre •.
auquel elle a communiqué son goût pour la littérature, lekllbuld et la fierté de ses ancêtres samouraïs .
• Mishima a développé une double personnalité : un être fort et viril, samouraï épris de sang et de mo~ et un autre sensible, timide et vulnérable aux
réalités du monde .
là réside la complexité du personnage , qui le fait passer pour morbide , déconcertant et excentrique à la fois.
le séjour au GakushOin est pour lui l'occasion d'acquérir plus d'Indépendance et de connaître ses premiers émois homosexuels avec un condisciple plus agé : Omi , si l'on s 'en réfère à Confession d 'un masque.
NAISSANCE D'UNE VOCAnON • Sur un autre plan, le collège révèle aussi à l'adolescent des ambitions littéraires certaines, principalement par le biais de poésies et de nouvelles, comme Reurs de fer ou Résidence , qui paraissent dans la revue de l'école, Hojinkai zasshi .
Résidence, œuvre inachevée et qui impressionnera très fortement ses professeurs, est très importante dans le cursus littéraire de Mishima, puisqu'il tente d'y définir un concept qui lui sera cher , celui de «théâtre du meurtre».
C'est un florilège de massacres, de meurtres et de tortures en tout genre.
Âgé de 14 ans, Kimitake devient une vedette littéraire auprès de ses camarades.
......----, C'est l'époque où il découvre des auteurs étrangers comme Wlltle, Rilke, Huysmans, Balzac, Hugo, Villiers de !:Isle-Adam, Prous~ Radiguet e~ surto~ D 'Annunzio, dont Mishima adulte se sentira le plus proche, avec Cocteau et Genet.
• L'Intérêt littéraire de l'adolescen~ s'il est encouragé en secret par sa mère, n'est pas du goût du père , qui entend faire de lui un fonctionnaire .
Il combat cette volonté par tous les moyens , allant jusqu'à détruire ses écrits .
Cette lutte durera jusqu 'en 1947 : Hiraoka Azusa acceptera alors un fils écrivain -à condition qu'il devienne le meilleur du Japon !
DU ROMANTISME DE L'ERE SHÔWA AU SATORI GREC (1939-1959)
PIEMihES ŒUVRES • En 1939 , les préoccupations de Kimitake, alors âgé de 14 ans, sont essentiellement littéraires et fantasmatiques.
Son homosexualité , latente mais vécue intérieuremen~ le classe à part des autres garçons, dont il ne comprend pas l'intérêt pour le sexe opposé.
De lai~ sa vie duran~ Mishima ne saisira jamais la nature profonde des femmes, même si elles lui inspireront des pages sublimes .
Sur le plan littéraire, il produit quelques œuvrettes faites de réminiscences issues de ses lectures .
Mais, surto~ il recherche
la compagnie de personnalités, écrivains ou professeurs, qui puissent l'aider à parfaire son style et à favoriser sa future carrière .
C'est le cas de Shimizu Fumio, qui édite la revue Bungei Bunka («Art et culture»), du romancier Tanizaki Junichiro , de Hasuda Zenmei, penseur de Bungei Bunka, et du poète romantique Kawa ji Kyuko, avec lequel il éprouve « des sentiments d 'extase, de riche solitude , de pure ivresse, et celui de la fraternité des mondes extérieurs et intérieurs.
» (Le garçon qui écrivait des poésies , 1956) .
·A 16 ans, délaissant la poésie pour le roman, il écrit deux œuvres majeures : Choses mauvaises , livre nihiliste dont le thème est la nuit, et surtout Forêt en fleurs , qui traite de la quête mystique du contact avec les ancêtres, et où le désir qui crée la Beauté et l'Extase ne peut se résoudre que dans la mort .
Paru dans Bungei Bunka en 1941, cet ouvrage remarquable contient en germe toute l'évolution littéraire ultérieure du Mishima romantique et néoromantique, mais aussi celle de sa pensée adulte et de sa fin.
Il est vivement loué par la critique , à commencer par Hasuda, qui en fait ressortir l'originalité et la beauté , exceptionnelles pour un adolescent
L'tH ROMANTIQUE 5H0WA • C'est au cours de l'été 1941 que Hiraoka Kimitake adopte, sur le conseil de Shimizu Fumio, le pseudonyme de Mishima Yukio.
Mishima(« homme de 111e »)est le nom d'une ville située entre le Fuji Varna et la mer, lieu où se réunissait le groupe Art et culture, offrant une vue imprenable sur le sommet enneigé de la montagne .
Quant au prénom Yukio, il est dérivé du mot yuki, « neige », symbole de la pureté et de la romantique fragilité des choses de la vie, mais choisi aussi en hommage à un ancien poète romantique, lto Sachio, qui l'avait adopté comme dernière syllabe de son « prénom ».
• la parution de Forêt en fleurs coïncide avec le déclenchement
américaine à I'Nrl H•riHK, le 7 décembre 1941.
Cet événement frappe l'imagination du jeune auteur, qui prend absolument conscience que plus rien ne sera jamais comme avant
AbeKobo (1924-1993) La Femme des sables (1962) , Les Amis (1967) , Rendez-vous secret (1977) , Cahier kangourou (1991).
Oe Kenzaburo (né en 1935) Une affaire personnelle (1964) , Le Jeu du siécle (1967) , Déluge étendu jusqu'à ma mort (1973) , Les femmes qui écoutent l'arbre de pluie (1982) , Lettres des années nostalgie (1989).
Kaiko Takeshi (1930-1989) Panique (1957), ~Opéra des gueux (1959) , La Mue ou la mort (1979), Les Ténèbres d 'un été (1989}.
Takahashi Kazumi (1931-1971) La Détresse (1962) , Mon cœur n 'est pas de pierre (1964-1966} .
Kurahashi Yumiko (1935-2005) Antitragédies (1971 ).
Le Voyage en Amanone (1986) , Le Parti (1986} .
1863-
1938.
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