Yougoslavie (RSFY) (1988-1989): La fédération déstabilisée
Publié le 30/09/2020
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Yougoslavie (RSFY) (1988-1989): La fédération déstabilisée
La Yougoslavie est plongée dans la plus grave crise de son histoire
d'après-guerre.
Selon les prévisions officielles, l'inflation devait atteindre 1
000% à la fin de l'année 1989 et, malgré l'arrivée d'un Premier ministre qui a
annoncé des réformes radicales, on voit mal une issue se dessiner dans un avenir
proche.
Sur le plan politique, le régime est déstabilisé, à la fois confronté à
de graves querelles nationales et à la remise en cause de l'héritage titiste.
L'année a d'abord été marquée par la résurgence du problème du Kosovo.
Les 27 et
28 mars 1989, la province a été secouée par des émeutes albanaises qui ont fait
24 morts, dont 2 policiers, selon le bilan officiel.
Comme lors des troubles
d'avril 1981, qui avaient fait officiellement 9 morts, la pacification a été
obtenue au prix de l'instauration de mesures d'exception: 15 000 militaires,
appuyés par des blindés, ont été dépêchés dans la région pour seconder quelque 2
500 miliciens, et le couvre-feu a été décrété.
La question du Kosovo, cette province de la Serbie déchirée par des tensions
entre les Albanais (90% des 1,9 million d'habitants), et les Serbes et
Monténégrins (10%), avait resurgi au premier plan de l'actualité dès le milieu
de l'année 1988.
La Ligue des communistes de Serbie, emmenée par son
charismatique président, Slobodan Milosevic, était alors partie en campagne pour
exiger une révision de la Constitution de 1974 afin de permettre à la Serbie de
renforcer ses pouvoirs sur ses deux provinces autonomes, la Voïvodine au nord,
le Kosovo au sud.
La déferlante serbe
La première manifestation de soutien à la réforme constitutionnelle le 9 juillet
1988 à Novi Sad, capitale de la Voïvodine, a donné le coup d'envoi de l'"été
chaud serbe".
En trois mois, plus de deux millions de personnes ont manifesté à
travers le pays en faveur d'une "Serbie réunifiée".
Les manifestants
brandissaient le portrait de S.
Milosevic, célébré comme le "nouveau Tito",
dénonçaient les dirigeants infidèles à la Serbie et réclamaient le départ des
hommes corrompus qui ont mené le pays à la faillite.
Le déferlement serbe a fait tomber des dizaines de têtes dans tout le pays.
Le 6
octobre 1988, plus de 100 000 manifestants massés à Novi Sad obtenaient le
départ de la direction du Parti et de l'État de la province.
Le 11 janvier 1988,
à l'issue de deux jours de manifestations à Titograd, capitale du Monténégro,
les responsables du Parti et du gouvernement présentaient leur démission.
Le 2
mars 1989, deux dirigeants albanais du Kosovo, dont l'ancien président de la
Ligue des communistes Azem Vlasi, étaient arrêtés puis inculpés de complicité
avec les "nationalistes albanais".
Face au réveil serbe, les Albanais ont organisé des marches en novembre 1988
pour protester contre la volonté de réduire leurs droits nationaux.
Le 20
février 1989, 1 300 mineurs de Trepca entamaient une grève de la faim de huit
jours.
Fin mars, l'adoption des amendements constitutionnels mettait le feu aux
poudres.
Face aux émeutiers, dont certains étaient armés, la direction.
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