Yougoslavie (RSFY) (1983-1984)
Publié le 30/09/2020
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Yougoslavie (RSFY) (1983-1984)
La Yougoslavie, depuis la mort de Tito en 1980, est dirigée par un pouvoir
collégial qui a dû faire face en 1983 et 1984 à une aggravation de la crise
économique accompagnée d'une contestation politique interne de plus en plus
marquée.
Le plan de stabilisation adopté en juillet 1983 n'a pas donné les
résultats attendus et la situation économique s'est empirée.
L'inflation a
atteint 58,4% en 1983 et le gouvernement a dû geler les prix le 24 décembre.
Le
chômage s'est accru, touchant plus de 900 000 travailleurs, dont 75% de jeunes
de moins de 25 ans.
Les exportations n'ont pu compenser les importations, et la
balance commerciale est resté déficitaire.
De difficiles négociations ont été
menées avec les principaux créanciers de ce pays fortement endetté: le FMI,
seize États occidentaux et près de cinq cents banques, permettant un
rééchelonnement de la dette, estimée à 21 milliards de dollars à la fin de 1983.
Le FMI a posé un certain nombre de conditions, que le gouvernement n'a pas
entièrement acceptées, comme la levée du blocage des prix, la hausse du taux
d'intérêt, etc.
De nombreuses dissensions se sont manifestées en 1983 et 1984 entre l'État
fédéral et les régions autonomes.
La Yougoslavie comprend six Républiques
(Serbie, Bosnie-Herzégovine, Croatie, Slovénie, Montenegro, Macédoine) et
chacune d'elle abrite une ou des régions ayant des ambitions autonomistes.
C'est
particulièrement le cas de la province du Kosovo (dans la République fédérée de
Serbie), dont 75% de la population est d'origine albanaise.
Déjà en 1971, une
révolte avait été sévèrement réprimée, puis en 1981 de violentes manifestations
dans la capitale régionale, Pristina, s'étaient soldées par une dizaine de
morts, plusieurs centaines de blessés et de manifestants interpellés.
Ces
contestataires du Kosovo sont soutenus aux dires de Belgrade par l'Albanie, mais
les Albanais de Yougoslavie démentent cette affirmation et prétendent ne
souhaiter que la création d'une septième République.
En juillet 1984, certains
partisans de ce mouvement autonomiste ont été condamnés à plusieurs années de
prison, pour cause de "nationalisme" et d'"irrédentisme" albanais.
Ces conflits inter-régionaux n'ont fait qu'accroître les difficultés économiques
du pays.
Des situations de pénuries temporaires en ont résulté dans certaines
agglomérations.
Le 21 avril 1984, vingt-huit intellectuels étaient arrêtés à
Belgrade, dont l'ancien compagnon de maquis de Tito, Milovan Djilas.
Ils étaient
vite relâchés, mais l'accusation d'"activités hostiles" au régime n'en a pas
moins été formulée.
Depuis, un contrôle important s'est abattu sur certains
intellectuels, victimes de tracasseries bureaucratiques et d'entraves à leur
possibilité de voyager à l'étranger ou de publier.
Prise sous les feux croisés
de la crise économique et de la contestation politique, la Yougoslavie va encore
connaître de sombres années.
Milka Planinc, chef du gouvernement fédéral, en a
bien conscience, elle, qui déclarait le 22 mars 1984 que les "années difficiles
dureront jusqu'en 1990"....
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