Yasmina Reza "Art"
Publié le 16/02/2022
Extrait du document
«
Explication linéaire de l’extrait de Yasmina Reza, « Art » (p.
194-196)
Problématique :
Montrer comment un stratagème peut favoriser un dénouement.
Explication linéaire
I.
Lignes 1 à 12 (jusque « Yvan tend le feutre à Serge.
») : Un huis clos au bord de
l’explosion
a.
Par quels procédés la dramaturge rend-elle sensible l’état d’épuisement
psychologique d’Yvan ? Des trois amis, Yvan est le plus émotif.
Ses nerfs semblent
lâcher alors que la pièce touche à sa fin, comme le signalent :
— les phrases inachevées, réduites à une proposition infinitive (« En arriver à de telles
extrémités », l.
1 - 2) ou à une proposition nominale (« Un cataclysme pour un panneau
blanc », l.
2), interrompues par les points de suspension : Yvan n’est plus en état de
construire un discours réfléchi et complexe ;
— la grossièreté et le langage trivial (« un panneau blanc », l.
2 ; « une merde blanche »,
l.
4 et 5 ; « mon vieux », l.
5) : après avoir fait beaucoup d’efforts pour saisir la dimension
artistique du tableau, Yvan passe par des périphrases péjoratives qui révèlent le fond de
sa pensée ;
— la répétition des mots « une merde blanche », comme s’il avait enfin trouvé
l’expression la plus juste pour définir le tableau, et dans une sorte de jouissance à laisser
éclater ce qu’il n’osait pas dire jusque - là : « c’est insensé ce que tu as acheté ! » (l.
5 - 6).
— la didascalie « Il est pris d’un fou rire » manifeste sa nervosité.
Ce rire est d’ailleurs
communicatif puisque « Marc rit, entraîné dans la démesure d’Yvan ».
b.
Par quels procédés la dramaturge rend-elle sensible l’état d’épuisement
psychologique d’Yvan ? Les répliques d’Yvan sont marquées par des points
d’exclamations et des points de suspension : on devine qu’il est très agité.
Secoué par
un rire irrépressible, il s’esclaffe en s’adressant à Serge et il peine à aller au bout de ses
répliques à cause de son hilarité.
c.
De quelle manière l’attitude et les interventions de Serge contribuent-elles à
donner au spectateur la sensation d’un huis clos oppressant ? Par contraste avec
l’hilarité irrépressible de ses deux amis, l’attitude de Serge est glaciale : il garde
contenance, comme insensible à leurs rires.
La didascalie « Serge sort de la pièce »
laisse croire que, vexé, il abandonne la scène ; mais aussitôt une deuxième didascalie
révèle que ce n’est pas le cas : « Et revient aussitôt avec l’Antrios ».
Ses gestes sont
précis
(« au même endroit »), mécaniques et un peu mystérieux.
Ses répliques sont
inattendues, et sa demande « Tu as sur toi tes fameux feutres ?… » (l.
7) met un terme
brutal au fou rire d’Yvan, qui exprime immédiatement sa surprise et son inquiétude : « Tu
ne vas pas dessiner sur le tableau ?… » (l.
8).
Sur scène, le climat se tend tout à coup,
et la détermination du Serge (« Tu as ou pas ? », l.
9 ; « Donne », l.
12) intensifie la
tension dramatique.
Le feutre, objet normalement anodin, devient une menace pour le
monochrome blanc placé au milieu de la scène.
En quelques instants, la comédie s’est
1.
»
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