Wystan Hugh Auden1907-1973Né à York, fils d'un médecin et d'une mère très dévote, Auden apporta à la poésie anglaiseune sensibilité aiguë, angoissée, une haute intelligence et un don de synthèse exceptionnel,qui auraient pu laisser leur marque dans bien d'autres domaines.
Publié le 22/05/2020
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Wystan Hugh Auden
1907-1973
Né à York, fils d'un médecin et d'une mère très dévote, Auden apporta à la poésie anglaise
une sensibilité aiguë, angoissée, une haute intelligence et un don de synthèse exceptionnel,
qui auraient pu laisser leur marque dans bien d'autres domaines.
Issu de cette bourgeoisie
aisée des Midlands, il reçoit l'éducation typique de l'intellectuel anglais ; pensionnat dans
une de ces fameuses “ public schools ”, suivi d'études supérieures à Oxford et de divers
voyages en Europe ; il en sort particulièrement marqué de l'influence de l'Allemagne et de
l'Italie.
Formation, en somme, qui rappelle celle des poètes de la Renaissance.
Lettres et
langues anciennes et modernes, philosophie, économie, beaux-arts, rien n'échappe à sa
curiosité insatiable.
Plus tard, sa forte tête prématurément grise évoquait, déjà à quarante
ans, celle du Docteur Faust, avec ces beaux yeux brûlants et brûlés contemplant tristement
le monde, et ces rides comme une écriture secrète sillonnant un visage anormalement
fatigué, patient et puissant, désabusé mais tendre.
Mais cette lassitude n'est qu'apparente :
ce poète la porte comme une sorte de distinction que confère une existence bien remplie,
généreusement abandonnée à l'expérience, à la lutte, à la soif de la vérité et de la justice, à
la création d'une belle œ uvre.
C'est ce profond regard de sage vulnérable, tout imprégné
de souffrance et de joie, que nous retrouvons partout dans ses ouvrages.
Auden débuta à un moment où la poésie cherchait de nouvelles voies ; où la conscience
britannique reculait devant le spectacle de trois millions de chômeurs affamés ; où les voix
de Mussolini, Hitler et Staline tonnaient sur l'Europe ; où les destins de notre pays
semblaient être échoués entre des mains impuissantes et veules.
À Oxford — et partout
dans les universités — la jeunesse se trouvait déchirée entre le pacifisme, le fascisme, le
communisme et l'éternel laisser-faire.
Il fallait absolument que chacun s'engageât, pour le
mal ou pour le pire.
Son premier recueil de poèmes, paru en 1930, s'annonça comme une prière et une bombe.
Je n'oublierai jamais ce frémissement de l'âme que produit la présence inattendue et bénie
d'un esprit génial, de celui qui apporte courage et lumière.
C'était un appel au c œ ur, à la
révolte.
C'était une encyclopédie des maux de ce temps-là, avec, en même temps, le
portrait exact de notre pays et de son dilemme social et spirituel.
Il offrait aussi le portrait
intime et amer de l'intellectuel moderne, parfaitement avisé de sa mission de transformer
le monde, mais également conscient des contingences qui l'empêcheraient, fatalement,
d'accomplir son glorieux destin.
Une poésie instruite, honnête enfin.
Avec cela, une
virtuosité extravagante, pastiches et parodies de Shakespeare, Tennyson, Graves, Eliot et
de tant d'autres idoles.
Auden avait réussi, du coup, l'immense gageure de distiller en une trentaine de poèmes,
tout le climat social et politique du temps ; de faire la synthèse de la pensée de Marx et de
Freud, et de donner au monde la couleur de son propre esprit.
En même temps, il ranimait
maint élément précieux de la tradition poétique qui avait échappé à ses précurseurs.
Avec
une élégance déroutante, il revêtait ses “ pensers nouveaux ” des modulations de voix
disparues.
Virtuose du vers, il a parfois abusé de sa facilité linguistique ; il hésitait souvent
entre le ton noble et le ton populaire ou vulgaire, et en faisait de curieux amalgames..
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