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Woolf Virginia

Publié le 30/08/2020

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WOOLF Virginia. Romancière et essayiste anglaise. Née à Londres le 25 janvier 1882, elle se suicida le 28 mars 1941 près de Lewes dans le Sussex. Sa mère meurt lorsqu’elle a treize ans. Son père, sir Leslie Stephen, est connu comme l’une des figures les plus originales de l’Angleterre victorienne. Successeur de Thackeray à la direction du Cornhill Magazine, il s’attelle à de nombreux travaux philosophiques et littéraires, est l’un des premiers membres du Club alpin, et l’auteur de la fameuse Histoire de la pensée anglaise au XVIIIe siècle. Ce « vieux monsieur adorable et un peu terrible » eut sur sa fille cadette une influence décisive. C’est avec lui qu'elle lut Platon et Spinoza, Montaigne et Hume, car une santé fragile lui interdisait de suivre un cycle normal d’études. Après sa mort, en 1904, les enfants de sir Leslie prirent l’habitude de recevoir leurs amis dans leur maison de Bloomsbury, qui donna bientôt son nom au groupe. Parmi eux se trouvaient les membres de la « Société de minuit » [Midnight Society], association universitaire de Cambridge d’où étaient sortis la plupart des amis d’Adrian et Thoby Stephen. Au cours des années, le « Bloomsbury Group » réunit des écrivains (Roger Fry, Duncan Grant), des historiens et des économistes (Lytton Strachey, J. Maynard Keynes), des critiques (Clive Bell, Desmond McCarthy). Vanessa Stephen, sœur de Virginia, ne tarda pas à devenir Mrs. Clive Bell, tandis qu’en 1912 Virginia épousait Leonard Woolf. Le groupe se dissocia au début de la première guerre, puis se reconstitua avec de nouveaux éléments, mais l’idéal restait le même, vérité et libre parole, amour de l’art et respect de la morale, goût de la tradition et culture de l’individu. En 1917, Virginia Woolf fonda avec son mari une maison d’édition, la « Hogarth Press », qui ne comportait au début qu’une machine à main, mais grandit rapidement. L’une des premières publications fut Prélude, de Katherine Mansfield. Suivirent des poèmes de T. S. Eliot, des nouvelles de Virginia Woolf, des œuvres de romanciers français et russes, de psychologues allemands. Le succès vint non du grand public, mais de cette petite aristocratie intellectuelle de « highbrows », dont Virginia Woolf resta toujours l’un des plus éminents spécimens. L’histoire de sa vie est alors indissociable de l’histoire de ses œuvres. Partagée entre ses occupations de directrice de maison d’édition et ses activités critiques (elle est correspondante de grands journaux londoniens), entre ses romans et ses amis, ses voyages et ses séjours sur la côte d’Ecosse et de Coumouailles, elle publie, en vingt-six années, neuf romans, cinq essais importants et laisse — ils furent publiés après sa mort par Leonard Woolf — trois recueils d’essais, un de nouvelles, un roman posthume et le fameux Journal d’un écrivain [A Writer’s Diary], qui permet de suivre la genèse de cette œuvre nombreuse. Le nom et l’exemple de Samuel Johnson paraissent Avoir inspiré le titre de ses deux volumes d’essais les plus célèbres : Le Lecteur ordinaire [The Common Reader]. Mais la fantaisie critique de Virginia Woolf préfère s’exercer sur le bric-à-brac littéraire, sur les écrivains mineurs de la Renaissance, ou sur quelques figures féminines oubliées. C’est ainsi qu’elle prend prétexte de l’un ou de l’autre pour exprimer ses idées sur le féminisme contemporain, idées qui sous les déguisements du roman se retrouvent dans toute son œuvre. Réunies sous le titre Une chambre à soi et publiées en 1929, les conférences qu’elle prononce devant les étudiantes des grands collèges féminins de Cambridge analysent la transformation des mœurs dans le domaine politique et économique, et préconisent une évolution semblable dans celui de l’indépendance matérielle et de l’émancipation intellectuelle. Les deux premiers romans, Croisière et La Nuit et le jour, sont publiés en 1915 et 1919. Us doivent beaucoup encore à Bloomsbury pour le choix des personnages, le reflet des conversations et des préoccupations intellectuelles ou artistiques. Mais l’objet du roman apparaît déjà comme un désir d’éclaircir le mystère individuel d’une âme au moyen d’une description d’expériences psychologiques privilégiées, et les héroïnes sont comme les premières représentations de la figure féminine centrale qui, d’un bout à l’autre de l’œuvre romanesque, anime le roman de V. Woolf. En 1922, 1925, 1927, Virginia Woolf abandonne progressivement la théorie du roman conventionnel doué d’une intrigue, de personnages bien individualisés, auxquels il arrive quelque chose à un moment précis. Jacob Flanders — v. La Chambre de Jacob —, qui rappelle singulièrement le plus jeune frère de Virginia, Thoby, mort accidentellement en 1906, est moins un héros qu’une suite d’impressions multiples se déroulant à un rythme plus ou moins accéléré. Et Clarissa — Mrs. Dalloway — n’est pas la plus parfaite hôtesse de Londres sans qu’on ne lise derrière sa vitalité indomptable une tristesse, une insensibilité et déjà une fascination de la mort. La Promenade au phare, qui devait valoir à la romancière, en 1927, le Prix Femina-Vie Heureuse, étudie aussi le problème de la réalité de l’existence. Qu’est-ce que la vie ? Comment pénétrer « dans les galeries de l’esprit et du cœur », comment croire à une réalité extérieure, alors qu’elle est sans cesse modifiée par le flux de la vie intérieure ? C’est à ces questions qu’essaye de répondre Virginia Woolf, influencée par les notions de durée bergsonienne, par l’exemple de Marcel Proust et de James Joyce, autant que par la méthode des philosophes empiristes anglais. Orlando (1928) est une allégorie romanesque d’un genre unique dans la littérature anglaise et dont la signification dépasse de loin l’apparente fantaisie. En imaginant un héros nomme puis femme, mais surtout homme et femme, Virginia Woolf essaye de se libérer de l’espace et du temps, elle croit retrouver derrière la diversité des modes d’existence l’être continu, le « moi » présent, total : effort déjà tenté dans Une chambre à soi, où elle rêve qu’elle n’a trouvé de réponse à interrogation sur la réalité, elle ne peut répondre à l’interrogation sur son identité. Qu’est-ce que la vie, qui suis-je ? « Des pièces, des morceaux, des fragments » qu’il est impossible de réunir. Pas davantage de solution dans Les Vagues (1931), le plus important et le plus difficile des romans de Virgina Woolf. Rien ne permet ici de différencier les six personnages dont l’histoire individuelle est à peu près semblable ainsi que le langage dans lequel ils l’expriment. Puisque la vie n’est qu’un tissu hâtif fait de pièces rapportées, Virginia Woolf romancière ne cherche pas une structure, une logique romanesque artificielle; elle s’emploie à donner la même impression de discontinuité, d’incohérence que nous procure la vie de « lundi ou mardi ». Elle choisit dans la succession des instants le « moment d’être » qui cristallise une réalité mouvante. Son effort ne se porte pas sur la construction du roman, mais sur sa signification. Comme tant de ses contemporains, elle abandonne le roman panoramique pour le roman descriptif. D’où l’usage, sur le plan des techniques, celui du monologue intérieur, sonde de notre inconscient, d’une composition musicale, comme dans la Promenade au phare, autour d’un leitmotiv, de soliloques, lyriques auxquels se mêlent des descriptions impersonnelles — d’où le manque apparent de cohérence, d’une écriture aussi décousue que les impressions fugitives qu’enregistre, comme une plaque sensible, la plume du romancier.

C’est ainsi que, d’autant plus audacieuse que le roman est devenu après la première guerre le genre littéraire le plus malléable, le plus souple qui soit, Virginia Woolf renverse la conception traditionnelle du roman, celle que les Èdwardiens Wells, Galsworthy ou Arnold Bennett avaient mise à l’honneur. L’intrigue s’amenuise au point de disparaître tout à fait, le « character » s’évanouit : « La vie n’est pas une série de lanternes disposées symétriquement; la vie est un halo lumineux, une enveloppe à demi transparente où nous sommes enfermés depuis la naissance de notre conscience jusqu’à la mort. » En faisant du monde invisible, celui qui habite le plus profond de notre conscience et aussi de notre inconscience, l’essence du roman, Virginia Woolf atteint à l’essence de la poésie. On trouvera dans cette appréhension « poétique » du monde les caractéristiques du roman de Virginia Woolf comme de celui de Marcel Proust avec lequel elle a beaucoup en commun : intérêt pour les problèmes de la durée romanesque et souci d’une forme d’art qui puisse « redessiner », recréer le monde discontinu de la vie. Cette recherche tenace d’une forme de plus en plus souple, rompant chaque fois avec la précédente, amène Virginia Woolf, dans Entre les actes, à faire une espèce de synthèse de toutes les techniques précédemment utilisées. Elle est à l’œuvre lorsque éclate la Deuxième Guerre mondiale. Déjà victime de dépressions assez graves et traversée à plusieurs reprises par de sérieuses tentatives de suicide, elle supporte avec peine l’isolement né de la guerre, les raids quotidiens, et surtout elle est hantée par l’idée que cette fois-ci elle ne se remettra pas d’une crise semblable aux précédentes. Elle a alors près de soixante ans. Deux mois après la disparition de Joyce, au même âge que lui, fidèle à cet appel de l’eau qui s’entend à travers toute son œuvre, elle se suicide, laissant un nombre considérable d’essais inédits, une correspondance, un Journal et le roman Entre les actes qui paraîtra après sa mort, inachevé. Parmi ses romans, il convient de rappeler encore Flush (1933) et Années (1937).

« Woolf Virginia Femme de lettres britannique * 25.1.1882, Londres + 28.3.1941, Lewes, Sussex Les ouvrages de Virginia Woolf sont aujourd'hui en quelque sorte des classiques parmi les modernes.

Son roman "Mrs.

Dalloway" (1925), notamment, est considéré comme un monument de la prose narrative expérimentale.

Ce roman du "flux de conscience" égrène des ambiances, des impressions, des souvenirs fugaces, sans ordre chronologique, autour des thèmes de la vie et de la mort, de la santé psychique et la maladie mentale.

En 1924, Virginia Woolf livre ses réflexions sur la fonction de l'écrivain : "N'est-ce pas le rôle du romancier de rendre compte de cet esprit changeant et non délimité, avec le moins d'ingérence possible, de ce qui lui est étranger et extérieur, et ce, quels que soient ses errements ou sa complexité ?" Dans son roman en trois parties "La Promenade au phare" (1927), considéré par la critique comme son oeuvre maîtresse, Virginia Woolf renonce aux liens de causalité censés sous-tendre la narration, se fondant sur le fait que, dans la vie comme dans l'art, le sens et la logique des événements ne se livrent que par "moments".

Avec le personnage principal de son roman "Orlando" (1928), Virginia Woolf met en scène une allégorie de la poésie anglaise au long des trois derniers siècles.

Orlando est d'abord un jeune noble à la cour de la reine Elisabeth Ière, qui se métamorphose en gitane, pour devenir au XXe siècle une romancière sensible et intellectuelle, chez laquelle on reconnaît certains des traits de la romancière Victoria Sackville-West, amie de Virginia Woolf.

Celle-ci, hantée depuis longtemps par la crainte de l'aliénation mentale, se donne la mort après le bombardement de sa maison.. »

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