Wilhelm von Humboldt1767-1835Il fut à la fois un érudit, un philosophe et un politique.
Publié le 22/05/2020
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Wilhelm von Humboldt
1767-1835
Il fut à la fois un érudit, un philosophe et un politique.
Il se retira en 1818 de la vie
politique pour se consacrer à ses recherches sur le langage, sans jamais cependant voir
dans l'érudition une fin, mais seulement l'aliment de la réflexion.
Son œ uvre essentielle est
l'introduction qu'il écrivit pour son livre sur la langue Kawi : Sur la différence de structure
des langues humaines et de leur influence sur le développement des idées (1820, publ.
1836).
Humboldt eut du problème du langage l'intuition la plus profonde : à quoi n'est pas
étranger l'intérêt qu'il porta dans sa jeunesse aux paradoxes de la création artistique et au
romantisme naissant.
Son œ uvre a comme une allure esthétique qui la rend difficile à
pénétrer, mais qui lui assure une profondeur, une richesse incomparables.
De fait, il fut
l'un des premiers à faire du langage le centre même de la réflexion philosophique, le
premier à y voir le lieu où se résorbent dialectiquement les antinomies où achoppe la
philosophie.
Face au miracle incessamment renouvelé du langage, il retrouve l'étonnement
qu'avaient ignoré les rationalistes, occupés à rechercher une langue universelle, instrument
idéal de la pensée.
Recherche stérile, et qui mène à une impasse : car le langage n'est point
une invention de l'homme, ni le fruit d'une convention, mais répond au besoin le plus
profond de l'esprit, à l'essence même de la pensée, laquelle ne naît à elle-même et ne se
développe qu'en lui et par lui.
Le langage n'est point écran entre le réel et nous.
Pas
davantage il n'a pour fonction de représenter une réalité donnée, d'exprimer une vérité
acquise, mais il est la voie, plus ou moins propice et aisée, que la pensée doit emprunter
dans son effort pour atteindre à la vérité.
Il n'est pas objet, mais acte, et c'est comme tel que
nous devons l'étudier, nous efforçant d'en saisir la structure, le sens.
Chaque nation a son
génie propre que lui permet d'user à sa façon de la faculté du langage, et la diversité des
langues nous renvoie à la multiplicité des perspectives possibles sur le monde.
Chaque
langue présente une structure, une “ forme interne ”, qui définit sa perspective
particulière, qui permet aussi de la situer par rapport à un “ idéal ” du langage.
Humboldt
use du concept de “ forme ” pour caractériser les langues les plus avancées, celles qui
favorisent le mieux la vie de l'esprit, son progrès : Sur l'origine des formes grammaticales
(1822) Chaque langue possède quelque moyen d'exprimer toutes les liaisons entre les
termes du discours, car “ le langage se trouve toujours dans l'homme tout entier, jamais
par fragments ”, mais alors que, dans les langues les plus élémentaires, l'esprit a charge, à
tout instant, d'opérer la liaison qui n'est que suggérée par le discours, dans les langues
disposant de véritables “ formes ” grammaticales (les langues à flexions), les liaisons sont
présentes dans la langue elle-même, dans sa structure formelle, organique.
Dans cet effort
pour déterminer ce que chaque langue peut opérer par ses propres forces, on retrouve
l'intention profonde de Humboldt : saisir le langage comme activité lieu même de la vie de
l'esprit, condition de l'histoire..
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