Walt Whitman Walt Whitman passa son enfance à Brooklyn.
Publié le 23/05/2020
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WHITMAN Walt. Poète nord-américain. Né le 31 mai 1819 à West Hills (Long Island), mort le 26 mars 1892 à Camden (New Jersey). La plupart de ses ancêtres étaient d’origine quaker et hollandaise. Son père, charpentier municipal, patriote et individualiste à la manière américaine du XIXe siècle, était un fervent partisan d’un libéralisme radical. L'Influence quaker était plus forte chez sa mère qui transmit à son fils sa foi dans la lumière intérieure et dans l’inspiration divine. Whitman naquit dans une factorerie. Alors qu’il était âgé de cinq ans, sa famille alla s’installer à Brooklyn, en face du port de New York, mais à cette époque situé en lisière de la campagne et d’accès facile par mer. La campagne, la ville et la mer furent l’aliment de sa dévorante sensualité et fournirent à son imagination une substance, sinon une forme. Enfant, Whitman était maladroit, avait peu de dispositions pour l’étude; il quitta l’école à onze ans. Il fut tour à tour garçon de courses, apprenti typographe et, à dix-huit ans, instituteur itinérant. En 1838, il fit une première et brève expérience du journalisme qui devait être son moyen de subsistance durant une grande partie de sa vie; car, bien que poète, il avait aussi le tempérament d’un reporter et il écumait systématiquement le monde entier à la recherche de sujets d’articles en général assez insipides ou sacrifiant au goût souvent conventionnel de l’époque : petits écrits, essais didactiques, effusions patriotiques et sentimentales, rendant plusieurs années sa production ne porta nulle trace de la sombre et rêveuse inquiétude, de la tendance à l’intériorisation mystique, du narcissisme voluptueux, de la sensualité indolente, de son appétit de voir, d’entendre et de sentir auxquels il donnera libre cours lorsque, à vingt-deux ans, il va se lancer dans le tourbillon new-yorkais. Il plongea alors avec ravissement dans la faune multiple des rues, dans la foule de Broadway, il se satura de musique italienne et française, d’éloquence, de théâtre, de simples mélodrames ou de lourdes et pompeuses imitations de Shakespeare. En 1847, Whitman commença à noter, dans son journal intime, des impressions et des réflexions de caractère apocalyptique et mystique, qui devaient constituer la matière première des Feuilles d'herbe. Durant les deux ans qu’il fut directeur du Brooklyn Eagle, l’un des nombreux journaux auxquels il collabora, Whitman effectua un voyage d’affaires à New Orléans qui lui permit de connaître l’Ouest et le Sud. Vint ensuite une période dont on sait peu de chose et pendant laquelle il vécut de toutes sortes de travaux et lut énormément. C’est au cours de cette période qu’il eut l’une de ses visions mystiques du « monde en tant qu’amour » qui sont le fondement même des Feuilles. Une première édition, composée de douze poèmes seulement, parut en 1855, presque entièrement réalisée par lui-même. Il y annonçait son intention divinement inspirée de devenir le prophète et le poète de l’homme du commun, le barde de a démocratie, l’incarnation de la « divine médiocrité ». Il deviendrait la voix de tout ce qui n’a pas de voix et qui pourtant est commun et éloquent comme l’herbe. Il étendait sur les nommes et les choses un amour indiscriminé, acritique, fondamentalement et souvent clairement sexuel. Mais la sexualité de cet homme robuste et quelque peu « bohème » était aussi peu commune que son esprit : homosexuel aussi bien qu’hétérosexuel, enfantin dans son narcissisme et son indifférence dans ses choix. Dans son imagination, sinon dans les faits (car les faits sont inconnus), il fut tour à tour amant et aimé, homme et femme, un enfant dans le sein de sa mère et une mère caressant son enfant. Son œuvre passa généralement inaperçue, mais fut remarqué par Emerson qui crut voir en Whitman l’incarnation de sa conception personnelle de l'Américain de l’avenir. En vérité Whitman avait beaucoup appris du « sage de Concord » : « Je commençai à bouillir, Emerson me porta à complète ébullition. » Une deuxième édition augmentée des Feuilles parut en 1856; une troisième, encore plus ample, en 1860, et l’ouvrage continua de s’enrichir jusqu’à sa mort. Cependant le cercle des relations de Whitman s’élargissait et en même temps sa réputation grandissait, dans son pays et à l’étranger. Sa carrière de journalisme s’acheva avec la guerre civile pendant laquelle il se consacra à soigner les blessés des deux camps. Cette expérience apporta de nouveaux accents : Roulements de tambour à ses Feuilles, mais elle ruina sa santé. Après la guerre, il travailla comme petit fonctionnaire à Washington jusqu’au jour où l’un de ses supérieurs, découvrant qu’il était l’auteur d’un livre indécent, le licencia. Mais ses amis vinrent à son secours et il fut réintégré pour huit ans dans un emploi commode. En 1871 parut son traité sur la démocratie: Perspectives démocratiques , écrit dans une prose assez relâchée. En 1873, devenu invalide après une attaque, Whitman se retira dans la maison de son frère à Camden (New Jersey). C’est là que, à part quelques voyages, il passa le reste de sa vie, augmentant ses Feuilles, notant ses méditations autobiographiques qui furent publiées sous le titre de Jours exemplaires [1882-83]. Il tint jusqu’à la fin son rôle de patriarche barbu, de « bon poète grisonnant », recevant dans sa chambre désordonnée, qui peu à peu devint un sanctuaire, des pèlerins du monde entier. Aujourd’hui, il est mort depuis assez longtemps pour qu’on puisse affirmer que son œuvre survivra à l’adulation d’une foule d’apôtres assez nauséabonds, et les lecteurs mêmes auxquels répugnent la personne et l’esprit de Whitman commencent à reconnaître qu’il est parfois un grand poète.
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