Vous commenterez cette formule d'Albert Camus : « Le plus grand style en art est l'expression de la plus haute révolte. Comme le vrai classicisme n'est qu'un romantisme dompté, le génie est une révolte qui a créé sa propre mesure. »
Publié le 21/12/2021
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Ci-dessous un extrait traitant le sujet : Vous commenterez cette formule d'Albert Camus : « Le plus grand style en art est l'expression de la plus haute révolte. Comme le vrai classicisme n'est qu'un romantisme dompté, le génie est une révolte qui a créé sa propre mesure. ». Ce document contient 1089 mots soit 3 pages. Pour le télécharger en entier, envoyez-nous un de vos documents grâce à notre système gratuit d’échange de ressources numériques. Cette aide totalement rédigée en format PDF sera utile aux lycéens ou étudiants ayant un devoir à réaliser ou une leçon à approfondir en: Français / Littérature.
«
Vous commenterez cette formule d'Albert Camus : « Le plus grand style en art
est l'expression de la plus haute révolte.
Comme le vrai classicisme n'est qu'un
romantisme dompté, le génie est une révolte qui a créé sa propre mesure.
»
(L'Homme révolté, page 355.)
RÉFLEXIONS PRÉLIMINAIRES
Albert Camus est un auteur assez jeune (il est né en 1913) et ce n'est qu'en 1951 qu'a
paru Vessai (L'Homme révolté) d'où est tirée cette formule : l'étudiant serait donc tout à
fait excusable d'en ignorer le contexte exact.
Une connaissance très vague des idées de
Camus ou même plus généralement de l'esprit contemporain suffit pour se rendre
compte aussitôt que les deux mots essentiels du texte sont d'abord le mot « révolte » et
ensuite le mot « mesure », qui implique une sorte de limitation des moyens d'expression
et suggère la nécessité de la stylisation.
En somme, c'est l'esprit de ce que l'on pourrait
appeler « le courant néo-classique » de notre littérature (Proust, Valéry, Gide), cet esprit
qui veut préserver à la fois l'essentiel de l'apport romantique, « la révolte », et des
exigences classiques, qu'on ne cesse depuis Baudelaire d'opposer au romantisme.
QUESTIONS DIVERSES.
2.
Donc, ne pas se tromper sur le sens du sujet, qui n'est pas un parallèle du classicisme
et du romantisme, qui n'est pas non plus un plaidoyer pour ou contre le génie.
Camus
estime que, pour qu'il y ait art, l'artiste doit adopter une certaine vision du monde, une
certaine attitude : c'est cette attitude qu'il convient de préciser et, s'il y a lieu, de
discuter.
3* Cette attitude nécessaire, qui est la révolte, rejoint une des idées dominantes de la
pensée de Camus : « L'homme révolté est celui qui dit non, mais s'il refuse il ne renonce
pas; c'est aussi un homme qui dit oui dès son premier mouvement.
» En d'autres termes,
cette révolte est plus nuancée que celle des romantiques, bien que certains (Sartre par
exemple) aient voulu voir en Camus le dernier représentant de la lignée de
Chateaubriand : elle est ce mouvement nécessaire, mais désespéré, par lequel l'homme
oppose d'irrésistibles et impossibles exigences à ce qui est.
D'ailleurs, peu avant la
citation à commenter, Camus a écrit : « L'art est une exigence d'impossible mise en
forme.
»
4.
Revenons à notre texte : Camus insiste tout autant sur la nécessité , du « style ».
Là
encore ne pas faire de faux-sens : « style » veut dire « stylisation », à condition de ne
pas l'entendre dans le sens d'ornement; il convient de songer, par exemple, à la
sculpture romane où Von dira que « par stylisation on allonge le personnage sur une
voussure du tympan ».
De même, on évitera le contresens possible sur le mot « mesure
».
Il ne signifie pas que l'artiste limite sa révolte à une juste moyenne.
Il faut presque lui
donner l'acception de mesure musicale, de rythme, d'ordre.
Au fond, c'est à peu près la
même idée que dans le mot « style »; loin que cette « mesure » marque des limites à la
« révolte », celle-ci n'est vraiment intense que dans « le grand style ».
En effet, il s'agit
de présenter une revendication sous une tension extrême, mais pour cela il y faut une
unité non étrangère au concret; tension de la révolte, unité de la stylisation ne sont
qu'une seule et même chose.
5.
Enfin dernier point à éclaircir : quel est le contenu de cette révolte ? Il n'est pas
exclusivement politique ou social (Camus se défie même de l'esprit révolutionnaire, qui
lui apparaît comme une autre forme du conformisme) : il est surtout individuel et oppose
un monde obscurément entrevu par l'artiste au monde réel; par exemple, Corneille
oppose manifestement un univers de sa façon à l'univers tel qu'il est.
Il y a une révolte
de Corneille et le mot « cornélien » est à la fois cette révolte au plus haut degré et sa
stylisation.
D'ailleurs, cette attitude n'implique pas nécessairement qu'on soit en
désaccord avec son temps.
Il y a une révolte de Racine quand il nous présente cet
univers où les êtres vont jusqu'au bout de leur destin.
On voit à ce propos que l'artiste ne
sait pas forcément contre quoi il se révolte, il n'a pas toujours un cahier de
revendications à présenter..
»
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