« Voltaire vit, Voltaire dure : il est indéfiniment actuel ». Le XXe siècle offre le spectacle de deux guerres mondiales qui ont fait des millions de morts ; la dénonciation de la guerre par différents écrivains (Cf. Candide chap. III) n'a rien perdu au fil des ans. n'aurait-on pas besoin d'un nouveau Voltaire pour combattre l'intolérance et la haine qui font rage ?
Publié le 09/12/2021
Extrait du document
« Une boucherie héroïque » : c'est par cette formule frappante et paradoxale que Voltaire évoque la guerre dans le chapitre III de son Candide. L'auteur de ce conte philosophique a longtemps été tenu pour l'un des exemples les plus fameux, sinon pour le premier, de ces écrivains que le XXe siècle a nomme les écrivains « engagés ». En dépit du caractère légèrement anachronique de cette caractérisation lorsque nous l'appliquons a un auteur du XVIIIe siècle comme Voltaire, nous tiendrons que ce dernier peut effectivement passer pour l'archétype des penseurs impliqués dans leurs siècles, en raison de ses prises de position nombreuses et courageuses en faveur de causes diverses (on pensera tout particulièrement a sa prise de partie pour la tolérance religieuse dans l'affaire Callas ainsi que dans l'affaire du chevalier de la Barre). Mais c'est particulièrement au sujet de la guerre que son implication est la plus claire et la plus définitive, folie humaine qu'il critique et combat avec toutes les ressources possibles de l'ironie et de la rhétorique. Considérant l'exemple de Voltaire, nous pouvons nous demander si le XXe siècle n'aurait pas eu cruellement besoin d'une voix engage et contestataire comme la sienne, pour combattre l'intolérance religieuse et raciale, les déferlements de haine dont ce triste siècle a été le théâtre ? Cependant, la notion d'engagement de la part d'un écrivain demeure toujours problématique, puisqu'elle implique une hybridation de la politique et de la Littérature sur l'efficacité de laquelle nous pouvons nous interroger. En effet, la littérature est peut être moins efficace que l'action concrète dans le monde, alors que la politique n'est sans doute pas le seul sujet dont elle est capable de traiter. La question au centre de notre réflexion sera donc de nous demander si l'engagement de Voltaire en faveur de la tolérance et contre la folie de la guerre est à la fois actuel et nécessaire.
«
« Une boucherie héroïque » : c'est par cette formule frappante et paradoxale que Voltaire évoque la guerre dans lechapitre III de son Candide.
L'auteur de ce conte philosophique a longtemps été tenu pour l'un des exemples les plusfameux, sinon pour le premier, de ces écrivains que le XXe siècle a nomme les écrivains « engagés ».
En dépit ducaractère légèrement anachronique de cette caractérisation lorsque nous l'appliquons a un auteur du XVIIIe sièclecomme Voltaire, nous tiendrons que ce dernier peut effectivement passer pour l'archétype des penseurs impliquésdans leurs siècles, en raison de ses prises de position nombreuses et courageuses en faveur de causes diverses (onpensera tout particulièrement a sa prise de partie pour la tolérance religieuse dans l'affaire Callas ainsi que dansl'affaire du chevalier de la Barre).
Mais c'est particulièrement au sujet de la guerre que son implication est la plusclaire et la plus définitive, folie humaine qu'il critique et combat avec toutes les ressources possibles de l'ironie et dela rhétorique.
Considérant l'exemple de Voltaire, nous pouvons nous demander si le XXe siècle n'aurait pas eucruellement besoin d'une voix engage et contestataire comme la sienne, pour combattre l'intolérance religieuse etraciale, les déferlements de haine dont ce triste siècle a été le théâtre ?Cependant, la notion d'engagement de la part d'un écrivain demeure toujours problématique, puisqu'elle implique unehybridation de la politique et de la Littérature sur l'efficacité de laquelle nous pouvons nous interroger.
En effet, lalittérature est peut être moins efficace que l'action concrète dans le monde, alors que la politique n'est sans doutepas le seul sujet dont elle est capable de traiter.La question au centre de notre réflexion sera donc de nous demander si l'engagement de Voltaire en faveur de latolérance et contre la folie de la guerre est à la fois actuel et nécessaire.
I.
Actualité et nécessité de l'écriture engagée Voltaire, écrivain engage dans les luttes de son temps a.
A première vue, nous ne pouvons qu'adhérer au jugement initial de notre sujet : « Voltaire vit, Voltaire dure ».
En effet, Voltaire peut nous apparaitre toujours actuel, tout particulièrement en raison de son engagement contrel'intolérance dont son œuvre et sa vie témoignent.
En effet, Voltaire a pris parti pour le Chevalier de la Barre et pourle malheureux Callas, tous deux victimes de l'intolérance religieuse de leur temps.
D'autre part, Voltaire est l'auteurd'un « Traite sur la Tolérance » ainsi que de pièce de théâtres tels que Les Guèbres ou Mahomet qui témoignentrespectivement d'une passion pour la tolérance et d'une horreur pour les crimes religieux.
Voltaire, toujours d'actualité pour les combats de notre époque b.
A la lumière de ces différentes informations, nous pouvons donc conclure que Voltaire est bel et bien « durable » et« actuel » dans la mesure où l'engagement qui était le sien a son époque ne laisse pas d'être toujours nécessaire.En effet, nous pouvons constater a longueur de journée la permanence de l'intolérance religieuse et de l'atrocité dela guerre a notre époque… Nous dirons donc que le XXe siècle aurait bel et bien eu besoin de nombreusesconsciences telles que celle de Voltaire, et qu'il en va de même pour notre temps.
Cependant, si Voltaire est bel etbien actuel par son engagement en faveur de la liberté religieuse et contre la stupide barbarie de la guerre, nepouvons-nous pas nous interroger sur la validité de sa démarche ? En effet, une action concrète dans le mondevaut peut-être mieux qu'un long discours, car elle a des effets sensibles et certains, alors que l'inféodation de lalittérature a des fins politiques est peut-être synonyme de sa corruption dans des affaires qui ne relèvent pasréellement de son ministère… C'est ce que nous verrons dès à pressent. II.
L'art engage, perversion de l'art et de l'engagement ? L'art soumis à des fins politiques est-il encore de l'art ? a.
Cependant, nous pouvons nous interroger sur la validité de la démarche de Voltaire en son temps, aussi bien que surl'intérêt d'une reproduction de cette dernière de nos jours, Deux critiques peuvent être adressées a ce qu'on nommel'art engage, c'est-à-dire l'art qui exprime une opinion tranchée a propos de la situation politique et socialecontemporaine de l'auteur : l'engagement littéraire peut être considéré a la fois comme une perversion de l'art et del'engagement lui-même.
Telle est notamment l'opinion de Mauriac au commencement de sa vie, lui qui déclaraitjusqu'à l'âge de 40 ans que l'homme de lettres n'a que faire de la politique, car son domaine privilégié est l'art, lespassions humaines considérées « sub specie aeternitatis » (du point de vue l'éternité, c'est-à-dire dans l'intentiond'énoncer les lois du comportement humain en tant qu'elles ne changent pas).
b..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Commentaire du début du chapitre IIIPar quels moyens Voltaire dénonce-t-il le spectacle de la guerre ?
- Question de corpus : comparez et commentez l’art de l’argumentation d ans ces trois textes. Texte A . VOLTAIRE, Candide (1759),Texte B. VOLTAIRE, Dictionnaire philosophique , article « guerre » (1764) et Texte C. CELINE, Voyage au bout de la nuit (1932)
- Rien n'était si beau... Candide. Chapitre III, de Voltaire (commentaire)
- CHAMFORT conclut ainsi son Éloge de Molière (1766) : N'existerait-il pas un point de vue d'où Molière découvrirait une nouvelle carrière dramatique ? Répandre l'esprit de société fut le but qu'il se proposa. Arrêter ses funestes effets serait-il un dessein moins digne d'un sage ? Verrait-il sans porter la main sur ses crayons l'abus que nous avons fait de la société et de la philosophie, le mélange ridicule des conditions, cette jeunesse qui a perdu toute morale à quinze ans, toute se
- VOLTAIRE, parlant des grands écrivains du siècle de Louis XIV, écrit : La route était difficile au commencement du siècle parce que personne n'y avait marché : elle l'est aujourd'hui parce qu'elle a été battue. Les grands hommes du siècle passé ont enseigné à penser et à parler : ils ont dit ce qu'on ne savait pas. Ceux qui leur succèdent ne peuvent guère dire que ce qu'on sait. Dans quelle mesure, à votre avis, l'oeuvre même de VOLTAIRE justifie-t-elle cette constatation pessimiste ?