VOLTAIRE, parlant des grands écrivains du siècle de Louis XIV, écrit : La route était difficile au commencement du siècle parce que personne n'y avait marché : elle l'est aujourd'hui parce qu'elle a été battue. Les grands hommes du siècle passé ont enseigné à penser et à parler : ils ont dit ce qu'on ne savait pas. Ceux qui leur succèdent ne peuvent guère dire que ce qu'on sait. Dans quelle mesure, à votre avis, l'oeuvre même de VOLTAIRE justifie-t-elle cette constatation pessimiste ?
Publié le 09/12/2021
Extrait du document
• Dès lors qu'il se manifeste immédiatement du pour et du contre, vous savez que le plan sera de type dialectique. VOLTAIRE a, en effet, plagié certains grands auteurs du siècle précédent, mais son originalité en de nombreux domaines est évidente. Vous choisirez pour premier point : VOLTAIRE successeur du XVIIe siècle, et pour second : VOLTAIRE novateur. Vous mettrez ainsi en lumière une double progression : a) dans le temps; b) dans la nouveauté. • Mais la longueur de la citation vous invite à la scruter et à y chercher des éléments pour enrichir votre étude. VOLTAIRE évoque deux aspects de la grandeur du siècle de Louis XIV : il a enseigné à penser et à parler; il fut créateur non seulement par ses idées, mais par les formes dont il les revêtit (genres littéraires avec leurs lois, leur ton); votre plan devient ainsi beaucoup plus élaboré : Voltaire successeur... 1. Par sa pensée; 2. Par l'imitation formelle. Voltaire novateur... 1. Par sa pensée; 2. Par les genres qu'il a renouvelés. • Vous rejetterez les répétitions fastidieuses : ne parlez pas de la tragédie dans les deux points. Certes, VOLTAIRE a plagié RACINE, renouvelé le décor, lancé le théâtre à thèse. Pourtant, choisissez : l'écrivain est pour l'essentiel un imitateur. Vous traiterez donc de la tragédie dans la première partie, tout en y signalant quelques réserves.
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VOLTAIRE, parlant des grands écrivains du siècle de Louis XIV, écrit : La route était difficile au commencement dusiècle parce que personne n'y avait marché : elle l'est aujourd'hui parce qu'elle a été battue.
Les grands hommesdu siècle passé ont enseigné à penser et à parler : ils ont dit ce qu'on ne savait pas.
Ceux qui leur succèdent nepeuvent guère dire que ce qu'on sait.
Dans quelle mesure, à votre avis, l'oeuvre même de VOLTAIRE justifie-t-ellecette constatation pessimiste ?
A.
Comprendre le sujet
Il s'agit là d'un sujet sur VOLTAIRE seul, en dépit des réflexions de ce dernier sur le XVIIe siècle.
VOLTAIRE étaitpersuadé que le génie n'a qu'un siècle, après quoi il faut qu'il dégénère (Siècle de Louis XIV, ch.
XXXII : « Desbeaux-arts », d'où est tiré l'intitulé de votre sujet).
Dès le 24 septembre 1735, il écrivait à Thiériot : Ah! mon ami,quelle barbarie et quelle misère! La nature est épuisée.
Le siècle de Louis XIV a tout pris pour lui!Au fond, ces tristes constatations révèlent que l'écrivain craint de demeurer bien au-dessous de ses prédécesseurs.Dans quelle mesure cette crainte vous apparaît-elle aujourd'hui comme fondée?
B.
Le plan
• Dès lors qu'il se manifeste immédiatement du pour et du contre, vous savez que le plan sera de type dialectique.VOLTAIRE a, en effet, plagié certains grands auteurs du siècle précédent, mais son originalité en de nombreuxdomaines est évidente.
Vous choisirez pour premier point : VOLTAIRE successeur du XVIIe siècle, et pour second :VOLTAIRE novateur.
Vous mettrez ainsi en lumière une double progression : a) dans le temps; b) dans la nouveauté.
• Mais la longueur de la citation vous invite à la scruter et à y chercher des éléments pour enrichir votre étude.VOLTAIRE évoque deux aspects de la grandeur du siècle de Louis XIV : il a enseigné à penser et à parler; il futcréateur non seulement par ses idées, mais par les formes dont il les revêtit (genres littéraires avec leurs lois, leurton); votre plan devient ainsi beaucoup plus élaboré :Voltaire successeur...
1.
Par sa pensée; 2.
Par l'imitation formelle.
Voltaire novateur...
1.
Par sa pensée; 2.
Par lesgenres qu'il a renouvelés.• Vous rejetterez les répétitions fastidieuses : ne parlez pas de la tragédie dans les deux points.
Certes, VOLTAIRE aplagié RACINE, renouvelé le décor, lancé le théâtre à thèse.
Pourtant, choisissez : l'écrivain est pour l'essentiel unimitateur.
Vous traiterez donc de la tragédie dans la première partie, tout en y signalant quelques réserves.
C.
Connaissances et illustration
Vous avez pu, comme cela arrive parfois, dessiner les grands traits de votre plan avant même d'avoir inventorié vosconnaissances.
Il vous reste maintenant à revêtir de chair ce « squelette ».
Comme il s'agit ici de toute l'oeuvre deVOLTAIRE, vous aurez besoin de toutes vos lectures.
Un bon manuel vous fournira de précieux renseignements surdes oeuvres que nul ne vous demande d'avoir lues (les tragédies, par exemple).
Pour préciser en quoi VOLTAIREinnove, vous devez évidemment connaître convenablement le XVIIe siècle dans ses grandes lignes : tenez-vous-enà vos souvenirs.
Dans un manuel, vous vous égareriez.
Juste avant le passage sur lequel vous avez à réfléchir,VOLTAIRE a cité : Jean DE LINGENDES (prédicateur), GUEZ DE BALZAC, VOITURE, PATRU (avocat), LAROCHEFOUCAULD, PASCAL (Provinciales seulement!), BOURDALOUE, BOSSUET, FÉNELON, LA BRUYÈRE, CORNEILLE,RACINE, MOLIÈRE, BOILEAU, LA FONTAINE, QUINAULT ; il a marqué des réserves à propos de FONTENELLE et BAYLE.C'est après cette exposition de talents que l'écrivain se met à jeter sur le papier des réflexions désabusées sur cequi reste possible à leurs successeurs.
Mise en forme de la dissertation
Introduction
L'influence de VOLTAIRE sur son siècle a été si éclatante et si profonde qu'on serait tenté, comme on parle du sièclede Louis XIV, d'appeler celui qui l'a suivi le siècle de VOLTAIRE.
Pourtant l'écrivain, fasciné par le prestigeintellectuel de ses grands prédécesseurs, en même temps qu'il célébrait la gloire historique et artistique du Siècle deLouis XIV, accablait de son mépris son propre siècle : Le Génie n'a qu'un siècle, après quoi il faut qu'il dégénère.VOLTAIRE devait donc créer son oeuvre sur une route battue.
Puisque les grands hommes du siècle passé avaientenseigné à penser et à parler, que lui restait-il à faire, sinon à répéter leurs idées dans les cadres littéraires qu'ilsavaient eux-mêmes créés et illustrés? Pourtant, VOLTAIRE, successeur des écrivains du xvne siècle, n'a-t-il fait quedire ce qu'on sait, ce qu'eux-mêmes avaient déjà si admirablement dit?
Esquisse d'un développement
I.
Voltaire successeur des grands écrivains du XVIIe siècle
1.
Par sa pensée.a) L'amour de l'ordre.
L'ordre est aux yeux de VOLTAIRE le ressort du progrès de la civilisation (cf.
la conclusion del'Essai sur les moeurs).
L'écrivain n'est nullement pour l'égalité : il pense que le peuple doit être maintenu dansl'obéissance et fait appel à ce qu'il considère comme une autre police : la religion..
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