Voltaire, L'Ingénu ( 1767). Commentaire
Publié le 02/07/2020
Extrait du document
Ci-dessous un extrait traitant le sujet : Voltaire, L'Ingénu ( 1767). Commentaire. Ce document contient 2223 mots soit 4 pages. Pour le télécharger en entier, envoyez-nous un de vos documents grâce à notre système gratuit d’échange de ressources numériques. Cette aide totalement rédigée en format pdf sera utile aux lycéens ou étudiants ayant un devoir à réaliser ou une leçon à approfondir en Littérature.
« L'Ingénu, un jeune Huron qui vient de débarquer sur une côte de Basse-Bretagne, a été accueilli par Monsieur de Kerkabon et sa soeur qui l'ont invité à dîner avec quelques amis du voisinage, dont la belle Mlle de Saint-Yves.
Mlle de Saint-Yves était fort curieuse de savoir comment on faisait l'amour2 au pays des Hurons. « En faisant de belles actions, répondit-il, pour plaire aux personnes qui vous ressemblent.» Tous les convives applaudirent avec étonnement. Mlle de Saint-Yves rougit, et fut fort aise. Mlle de Kerkabon rougit aussi, mais elle n'était pas si aise; elle fut un peu piquée que la galanterie ne s'adressât pas à elle, mais elle était si bonne personne que son affection pour le Huron n'en fut point du tout altérée. Elle lui demanda, avec beaucoup de bonté, combien il avait eu de maîtresses en Huronie. «Je n'en ai jamais eu qu'une, dit l'ingénu; c'était Mlle Abacaba, la bonne amie de ma chère nourrice; les joncs ne sont pas plus droits, l'hermine n'est pas plus blanche, les moutons sont moins doux, les aigles moins fiers, et les cerfs ne sont pas si légers que l'était Abacaba. Elle poursuivait un jour un lièvre dans notre voisinage, environ à cinquante lieues3 de notre habitation. Un Algonquin 1 mal élevé, qui habitait cent lieues plus loin, vint lui prendre son lièvre; je le sus, j'y courus, je terrassai l'Algonquin d'un coup de massue, je l'amenai aux pieds de ma maîtresse, pieds et poings liés. Les parents d'Abacaba voulurent le manger, mais je n'eus jamais de goût pour ces sortes de festins; je lui rendis sa liberté, j'en fis un ami. Abacaba fut si touchée de mon procédé qu'elle me préféra à tous ses amants. Elle m'aimerait encore si elle n'avait pas été mangée par un ours. J'ai puni l'ours, j'ai porté longtemps sa peau, mais cela ne m'a pas consolé.»,
Mlle de Saint-Yves, à ce récit, sentait un plaisir secret d'apprendre que l'ingénu n'avait eu qu'une maîtresse, et qu'Abacaba n'était plus; mais elle ne démêlait pas la cause de son plaisir. Tout le monde fixait les yeux sur l'Ingénu; on le louait beaucoup d'avoir empêché ses camarades de manger un Algonquin.
Voltaire, L'Ingénu ( 1767).
Vous proposerez de ce texte un commentaire composé qui mette en évidence l'intérêt personnel que vous y découvrez. Vous pourrez, par exemple, étudier ce qu'il y a .de sérieux par-delà le comique de cette page.
Corrigé
PLAN SCHÉMATIQUE
I. Le comique.
1. Une intrigue amoureuse : la curiosité de Mlle de Saint-Yves, la flatterie du Huron, la jalousie de Mlle de Kerkabon (cf. le parallélisme « rougit, et
fut fort aise», « rougit aussi...»), le plaisir secret de Mlle de Saint-Yves.
1. Les Hurons et les Algonquins sont des Indiens de l'Amérique du Nord.
2. Prendre garde à la signification « classique » de cette ei
«
1 / 2 L 'In génu, un jeune Huron 1
, qui vient de débarquer sur une côte de
Bas se-Bretagne, a été accueilli par Monsieur de Kerkabon et sa sœur qui
l'ont invité à diner avec quelques amis du voisinage, dont la belle Mlle de
Saint-Yves.
Mlle de
Saint-Yves était fort curieuse de savoir comment on faisait
l'amour 2
au pays· des Hurons.
« En faisant de belles actions, répondit-il,
pour plaire aux personnes qui vous
ressemblent.» Tous les convives
applaudirent avec étonn ement.
Mlle de Saint-Yves rougit, et fut fort aise.
Mlle de Kerkabon rougit aussi, mais elle n'était pas si aise; elle fut un peu
piquée que la galanterie ne s'adressêt pas à elle, mais elle était si bonne
personne que son affection pour le Huron n
'en
fut point du tout altérée.
Elle lui demanda, avec beaucoup de bonté, combien il avait eu de maîtres
ses en Huronie.
«Je n'en ai jamais eu qu'une, dit l'ingénu; c'était
Mlle Abacaba, la bonne amie de ma chère nourrice; les joncs ne sont pas
plus droits, l'hermine n'est pas plus blanche, les moutons sont moins
doux, les aigles moins fiers, et les cerfs ne sont pas si légers que l'était
Abacaba.
Elle poursuivait un jour un lièvre dans notre voisinage, environ à
cinquante lieues3
de notre habitation.
Un Algonquin 1
mal élevé, qui habi
tait cent lieues plus loin, vint lui prendre son lièvre; je le sus, j'y courus, je
terrassai !'Algonquin d'un coup de massue, je l'amenai aux pieds de ma
maîtresse, pieds et poings liés.
Les parents d'Abacaba voulurent le man
ger, mais je n'eus jamais de goût pour ces sortes de festins; je lui rendis sa
liberté, j'en fis un ami.
Abacaba fut si touchée de mon procédé qu'elle me
préféra à tous ses amants.
Elle m'aimerait encore si elle n'avait pas été
mangée par un ours.
J'ai puni l'ours, j'ai porté longtemps sa peau, mais
cela ne m'a pas consolé.>>.
Mlle de Saint-Yves, à ce récit, sentait un plaisir secret d'apprendre que
l'ingénu n'avait eu qu'une maîtresse, et qu' Abacaba n'était plus; mais elle
1.
Les Hurons et les Algonquins sont des Indiens de l'Amérique du Nord.
2.
Prendra garde à la signification « classiq ue » de cette ei.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- L'Ingénu (publié en 1767) - Commentaire de L'Ingénu de Voltaire
- CHAPITRES I À VII - L'Ingénu en Bretagne - Commentaire de L'Ingénu de Voltaire
- [Un souper chez les protestants] (chapitre VIII) - Commentaire de L'Ingénu de Voltaire
- Un écrivain au siècle des Lumières - Commentaire de L'Ingénu de Voltaire
- L'argumentation dans L'Ingénu - Commentaire de L'Ingénu de Voltaire