voies romaines

voies romaines, réseau extrêmement efficace, inégalé jusqu’aux Temps modernes, qui couvrait l’ensemble de l’Empire romain. Conçu au départ à des fins militaires et politiques, le réseau couvrait à la fin de la République l’Italie entière ; sous l’Empire, les provinces furent également équipées. Une fois construites, les voies acquirent une valeur économique en favorisant le commerce et la communication entre les régions.

Jusqu’à la fin du IV^e siècle av. J.-C. environ, les voies romaines n’étaient rien de plus que de simples pistes, menant toutes de Rome aux différentes villes du Latium. Après cette date, toutefois, elles commencèrent à être construites selon un schéma précis, élaboré en coordination avec les visées d’expansion stratégiques : le Latium entièrement soumis aux Romains, ceux-ci s’étaient imposés aux Étrusques et aux peuples voisins ; par ailleurs, la prise de Rome en 387 av. J.-C. avait prouvé la vulnérabilité de l’Italie.

Ces voies revêtaient donc un intérêt militaire considérable à la fois offensif et défensif : il ne fut plus suffisant de tracer des pistes, et un système plus complexe de construction de routes fut développé, dont l’objectif était de rendre les voies plus durables et mieux à même de supporter un trafic intense.

Les voies étaient construites à l’aide de pierres de tailles différentes pour créer des fondations solides, une couche de pierres plus petites étant disposée sur les gros blocs du dessous. Dans certains cas, généralement sur les routes les plus importantes, une couche de galets ou de pavés était disposée au-dessus de ces fondations. Les routes étaient légèrement bombées pour permettre l’évacuation des eaux.

Elles étaient, le plus souvent, construites en ligne droite. La première grande route romaine fut la voie Appienne, construite par Appius Claudius en 312 av. J.-C., qui reliait Rome à Capoue, puis à Brindisi. Les routes les plus connues sont la via Aurelia, qui menait de Rome à Arles, la via Flaminia, de Rome à Rimini, et la via Salaria, de Rome à la mer Adriatique.

Durant la pax romana, les routes devinrent le vecteur primordial du commerce entre les différentes provinces de l’Empire. Le limes, la frontière jalonnée par les camps fortifiés des légions, était une voie de passage commerciale autant qu’une protection militaire entre le monde romain et les Barbares. Les empereurs Claude I^er et Hadrien furent de grands constructeurs de routes, en Gaule et en Bretagne pour le premier, en Orient pour le second.

Le réseau routier romain fut à l’origine d’une mutation économique fondamentale : les flux commerciaux et financiers cessèrent d’être essentiellement maritimes et méditerranéens pour devenir de plus en plus continentaux et européens à partir des II^e-IV^e siècles. Beaucoup de ces routes furent longtemps utilisées, comme la voie aurélienne d’Arles à Rome ou les routes qui conduisaient à travers la Gaule Belgique jusque vers les Germanies inférieure et supérieure.

Si les invasions barbares et les reconstructions politiques médiévales firent souvent tomber les routes romaines en désuétude, ces voies demeurent, par leur présence archéologique et par leur importance économique et culturelle, l’un des symboles de la romanité.