Vincent VAN GOGH;CHAUMES DE CORDEVILLE.

« Vincent V AN GOGH CHAUMES DE CORDEVILLE En sortant de l'asile de Saint-Rémy-de-Provence, Van Gogh s'installe à Auvers-sur-Oise, où il espère trouver la sérénité.

Deux mois plus tard, pourtant, il se suicide ...

Dès son arrivée à Auvers, en mai, Van Gogh se montre enchanté par ce village «grave­ ment beau» et «très coloré» et par la cam­ pagne environnante.

Sa rencontre avec le docteur Paul Gachet, ami de Renoir, de Monet et de Cézanne, lui remonte le moral après son séjour à l'asile.

Il déjeune plusieurs fois par semoine chez le docteur, où il reçoit encouragements et réconfort.

«C'est un ami tout à fait et quelque chose comme un nou­ veau frère», dit-il.

L'ŒUVRE Après avoir vécu dans le sud de la France, Van Gogh constate que son regard a chan­ gé: «Je m'aperçois que cela m'a fait du bien d'aller dans le Midi pour mieux voir le Nord».

Il est tout de suite émerveillé par les «toits de chaume moussus qui sont superbes».

Pourtant, la chaumière à l'entrée du hameau de Cordeville est un des paysages les plus sombres qu'il ait peints peu avant sa mort.

Loin de constituer un refuge contre les intem­ péries, la maison semble écrasée sous un ciel d'orage menaçant.

Le toit de chaume aux stries verdâtres se fond lui-même dons un mas­ sif d'arbres touffus, donnant l'impression de foire partie intégrante de la nature.

lA CRITIQUE Fait significatif: après son arrivée à Auvers­ sur-Oise, Von Gogh ne peint plus le soleil, auquel il vouait auparavant un véritable culte.

Sa pâte s'épaissit, ses touches se font plus lorges et se tordent comme des sarments de vigne.

Cette évolution traduit son désarroi croissant.

L'amitié du docteur Gochet ne suffit pas à calmer ses angoisses.

Sa frénésie de peindre, loin de lui apporter un équilibre précaire, ne fait qu'aggraver son mal de vivre.

«Mon travail à moi, j'y risque ma vie, et ma raison y a sombré à moitié», déclore-t-il en toute lucidité quelques semaines avant de se donner la mort.

Vincent VAN GOGH 1853-1890 • Chaumes de Cordeville • Huile sur toile 73 cm x 92 cm • Non signé • Peint en 1890 • Localisation : Paris, musée d'Orsay • Expositions : Amsterdam, 1890 L'HISTOIRE Chaumes de Cordevilfe fit partie de la collec­ tion du docteur Gachet.

A sa mort, son fils Paul donna le tableau au musée du jeu de paume, d'où il fut transféré au musée d'Orsay.

C'est chez le bon docteur Gache!, dont il a peint plusieurs fois le portrait, que Von Gogh passe les derniers mois de sa vie.

LA COTE Ironie cruelle pour un artiste qui n'a connu de son vivant que la misère et l'incompréhension, les tableaux de Van Gogh sont aujourd'hui parmi les plus chers du monde.

Sa toile }ardin à Auvers s'est vendue 55 millions de francs aux enchères à Paris en décembre 1992.

Selon le commissaire-priseur, ell~ aurait atteint 300 millions de francs si l'Etat n'avait interdit qu'elle quitte le territoire français.. »