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Victor Hugo: Soyez hospitaliers surtout ! C'est la loi douce Quand on chasse un passant, sait-on qui l'on repousse ?

Publié le 19/12/2021

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« introduction : Dans ce poème, Victor Hugo une fois encore célèbre la grandeur des « pauvres gens », des « misérables ».

Toute sa vie, le chef de l'école romantique respectera les humbles : comme le Poète est un « mage », le Pauvre est « l'homme de Dieu ».

Aussi, dès 1843, Hugo exprime dans tes Burgraves l'idée inspiratrice du Mendiant : Soyez hospitaliers surtout ! C'est la loi douce Quand on chasse un passant, sait-on qui l'on repousse ? Sait-on de quelle part il vient ? Fussiez-vous rois, Que le pauvre vous soit sacré !... Ainsi, le poète élève le pauvre au-delà de l'expression humaine.

Un coup de baguette magique, et une lamentable bure se transfigure progressivement en un « ciel noir étoile ». Par quel art Victor Hugo parvient-il à cette vision? Deux mouvements essentiels dans ce poème : Les dix premiers vers présentent la scène avec simplicité et précision.

Le choix des termes et des rythmes contribuent à tracer un tableau d'un réalisme banal.

Hugo place le lecteur à l'intérieur de la maison ; de là, nous voyons passer lentement «dans le givre et le vent » un « pauvre homme ».

Ce premier vers, sans césure, traîne comme la démarche lasse du mendiant.

Bientôt, le rythme saccadé «Je cognai sur la vitre» fait résonner le son cristallin du carreau heurté. L'homme s'arrête, la porte s'ouvre et découvre, quelques instants, le vrai visage de la rue : Les ânes revenaient du marché de la ville, Portant les paysans accroupis sur leurs bâts. Cette fois, la scansion des vers transmet le dandinement régulier et monotone des montures.

Enfin, le « pauvre homme » jusqu'alors impersonnel, est identifié : « c'était le vieux qui vit dans une niche au bas de la montée...».

Tout en lui est marque de misère. Sa maison n'est qu'une niche où il vit triste et solitaire.

Pourtant, il rêve et ce terme est mis en valeur par la place qu'il occupe dans ce vers fortement ponctué.

Les rêves, seules richesses du mendiant, évoquent quelque chose d'irréel, voire même de surnaturel, et introduisent la vision qui terminera ce poème.

Déjà, nous la pressentons dans cette construction symétrique : Un rayon du ciel triste, un liard de la terre, Tendant les mains pour l'homme et les joignant pour Dieu qui dévoile le double aspect du mendiant, à la fois lié aux hommes et à la divinité. A partir du vers dix la scène, jusqu'alors silencieuse comme le pauvre, s'anime.

Le poète invite le vieil homme à entrer « se réchauffer un peu » et lui demande son nom.

La réponse est aussi dépouillée dans sa forme que dans son contenu : « le Pauvre ».

Cet adjectif substantivé, mis en valeur par le rejet, donne la clef de tout le poème : II ne s'agit plus d'un cas singulier mais de la pauvreté, valeur universelle et intemporelle, comme le génie.

Aussi, par un geste de fraternelle amitié, le poète tend la main au miséreux : « Je lui pris la main.

» Cette union élève Hugo au-dessus des banalités quotidiennes.

Et déjà, tout en respectant les lois de la civilité, il échappe à la réalité ; déjà, il répond « pensif et sans entendre».

Le pauvre, grelottant, s'approche du feu, étend son manteau...

Alors, comme hypnotisé par la loque «jadis bleue», le poète, visionnaire communique avec « cet homme plein de prières» dont le - haillon désolé » étincelle de constellations.. »

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